admin | mai 15, 2023
Nouvelle en bref
Pendant plus de deux ans, le garde de parc Pedro Muagura a planté des espèces d’arbres indigènes pour procurer de l’ombre aux plants de caféiers et reconstituer les forêts du mont Gorongosa, au Mozambique. Son intention était de fournir une raison à la population de protéger les forêts, et cela a fonctionné. Une cueillette effectuée en 2022 par les communautés voisines du Gorongosa a permis de ramasser 16 tonnes de café auprès de plus de 800 petits agriculteurs d’exploitations agricoles, dont 40 % étaient des femmes. Les activités au parc de Gorongosa fusionnent la conservation de la nature, les innovations techniques et la recherche scientifique avec la sensibilisation communautaire et la création d’emplois. Les enfants des communautés avoisinantes viennent régulièrement au parc pour s’informer sur la conservation, faire des excursions et voir des animaux qui ont été secourus d’entre les mains des trafiquants. Il est important de sensibiliser les populations locales, afin qu’elles aient une meilleure connaissance de ce qui est protégé et pourquoi. Monsieur Muagura est bien connu dans la localité pour son expertise en matière de plantation d’arbres et de foresterie. Il soutient qu’il est nécessaire d’obtenir plus de succès comme celui de Gorongosa. Il ajoute : « Les aires protégées constituent une façon d’offrir au monde la chance de minimiser le changement climatique. »
Pendant plus de deux ans, le garde de parc Pedro Muagura escaladait un chemin de terre chaque mois pour se rendre au mont Gorongosa du Mozambique déchiré par un conflit, en vue de surveiller secrètement une expérience audacieuse de reforestation de la terre aride de la montagne.
Muni de plants de caféiers que sa mère lui avait remis, il commença à planter, en veillant à planter des espèces d’arbres indigènes pour protéger les semis de caféier et, à terme, restaurer les forêts des montagnes. Ce n’est que lorsque ses premiers grains de café verts commencèrent à devenir rouge cerise en 2011 qu’il dévoila son intention : offrez aux populations une raison de protéger les forêts et elles le feront.
Monsieur Muagura déclare : « Avant, les gens disaient “la forêt c’est pour l’avenir”, mais ici la forêt c’est pour l’instant présent. »
En 2021, les communautés voisines de Gorongosa ont planté plus de 260 000 caféiers et 20 000 espèces d’arbres indigènes. Une cueillette effectuée en 2022 par les communautés voisines du Gorongosa a permis de ramasser 16 tonnes de café auprès de plus de 800 petits agriculteurs d’exploitations agricoles, dont 40 % étaient des femmes.
Le travail de protection de la nature et du maintien du dynamisme de l’économie locale découle de la vision inhabituelle du parc en matière de conservation qui fusionne la conservation de la nature, les innovations technologiques et la recherche scientifique avec la sensibilisation communautaire et la création d’emplois. Le parc national de Gorongosa représente un changement par rapport à la mentalité de « conservation de forteresse » qui consiste à tenir les communautés loin des réserves naturelles et des touristes qui les visitent.
Cependant, Gorongosa n’a pas toujours été une histoire de succès.
Seize années de guerre civile au Mozambique durant le 20e siècle ont fait environ un million de victimes avant qu’un accord de paix mette fin aux combats en 1992. Gorongosa était un des foyers du conflit, et a été vidé de presque toute sa faune. La croissance démographique et l’urbanisation des localités environnantes ont nui à la biodiversité restante, car les forêts indigènes ont été abattues pour le bois de chauffage, l’agriculture et les habitations. Le braconnage demeure une préoccupation.
En 2004, le philanthrope américain Greg Carr a visité le site et a décidé d’investir des millions de dollars pour tester un autre modèle de conservation. Après avoir vu les prairies, les forêts riveraines et les savanes boisées du parc, désertes pour la majeure partie, Monsieur Carr déclara comprendre le potentiel que celui-ci offrait en termes de restauration. Il écrivit dans le registre des visiteurs du parc : « C’est un parc spectaculaire qui pourrait devenir l’un des meilleurs d’Afrique avec un peu d’aide. »
En 2008, il signa un partenariat public-privé avec le gouvernement pour contribuer à la restauration et à la protection du parc qui couvre près de 405 000 hectares de terre. Le contrat a été prolongé jusqu’en 2043.
Depuis le lancement du projet, plus de 250 chercheurs et chercheuses de plus de 40 universités et d’autres institutions de recherche travaillent dans le parc.
Presque toutes les semaines, des enfants des communautés environnantes sont conduits au parc pour s’informer sur la conservation, participer à des excursions et rencontrer des animaux tels que des pangolins sauvés de la main des trafiquants. Le personnel du parc estime qu’il est essentiel de sensibiliser la population locale afin qu’elle comprenne mieux ce qui est protégé et pourquoi.
Les scientifiques et les chercheurs ont documenté plus 1 500 espèces de plantes du parc et ont trouvé environ 100 insectes, chauve-souris et grenouilles méconnus jusqu’ici de la science.
La déforestation des régions tropicales contribue à environ 10 % de toutes les émissions humaines qui provoquent le réchauffement climatique, selon les Nations Unies. Ce qui fait qu’il est impératif de trouver des moyens pour la contrôler afin de protéger aussi bien le climat que la nature.
Près de Gorongosa, un don d’environ 10 000 fourneaux améliorés écologiques a été fait aux communautés voisines du parc, en vue de réduire la quantité de bois de chauffe que les gens doivent couper pour la préparation des repas.
Elisa Langa est la directrice du développement humain du parc et elle dirige les projets qui luttent contre une multitude de problèmes sociaux, dont les mariages forcés et précoces. Elle déclare : « Ce n’est pas facile, mais sans le développement des personnes, nous ne pouvons pas protéger la nature. »
Le mont Gorongosa reverdit progressivement à mesure que ses arbres grandissent. Les populations locales soutiennent que les sols sont en meilleure santé et que la faune revient dans le périmètre de protection entourant la réserve. Mais c’est un défi d’assurer une protection permanente de la région à mesure que la population locale augmente, ce qui peut accroître la pression pour la coupe des arbres, l’agriculture et le braconnage. Madame Langa reconnaît : « Les gens ont besoin de se nourrir, et ce, maintenant. »
Aux dires de monsieur Carr, une des leçons les plus importantes qu’il a apprises à Gorongosa en essayant de s’assurer que la biodiversité et la population en profitent toutes les deux, c’est qu’il faut « être respectueux, patient, et laisser les (locaux) prendre les décisions. »
Monsieur Muagura est bien connu dans la localité pour son expertise en matière de plantation d’arbres et de foresterie. Il soutient qu’il est nécessaire d’obtenir plus de succès comme celui de Gorongosa. Il ajoute : « Les aires protégées constituent une façon d’offrir au monde la chance de minimiser le changement climatique. Ce sont nos banques environnementales. »
La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Kim Harrisberg pour Context et qui s’intitule « Trees, tech, and people help Mozambican park reverse nature losses. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.context.news/nature/long-read/trees-tech-and-people-help-mozambican-park-reverse-nature-losses.
Photo: Julius Samuel, qui aide à diriger un projet de culture de café sur le mont Gorongosa, au Mozambique, se tient sous les arbres indigènes qui poussent au-dessus de la pépinière de la montagne, le 26 mai 2022. Credit: Fondation Thomson Reuters/Kim Harrisberg