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Côte d’Ivoire : Une cultivatrice de manioc adopte l’agroforesterie pour accroître sa production

Marie Jeanne Ballo, une cultivatrice de manioc expérimentée dans la cinquantaine, vit à Bamoro, un village agricole animé situé à 10 kilomètres environ de Bouaké, dans le centre nord de la Côte d’Ivoire. Connu pour ses activités agricoles prospères, Bamoro est une communauté agricole très soudée qui compte quelques structures modernes, comme une école primaire et un centre de santé. En tant que présidente régionale de la coopérative des producteurs de manioc, madame Ballo joue un rôle primordial dans la préservation des moyens de subsistance des agriculteurs et des agricultrices locaux et la promotion des pratiques agricoles de la région.

Ce matin, madame Ballo se rend dans son exploitation agricole d’un hectare, muni d’un bassin rempli de jeunes plants de djansang, de kolatiers et de fraké. Elle déclare : « Je plante des arbres sur mon exploitation pour éviter l’érosion du sol, préserver la biodiversité et régénérer le sol. »

Madame Ballo note qu’au fil des ans, elle a constaté une régression de la forêt entourant son exploitation, occasionnant des défis constants, comme la baisse de la fertilité des sols, même après avoir planté des arbres pour restaurer la terre. Elle ajoute : « Même lorsqu’il pleut, mon champ s’assèche très vite, et le sol perd sa fertilité. »

Elle impute en partie l’épuisement des sols à l’agriculture sur brûlis et aux feux de brousse, et ajoute que la baisse de la pluviométrie est un autre facteur important.

La dégradation des sols a entraîné une baisse de sa production de manioc. Elle déclare : « Les tubercules de manioc sont de plus en plus petits comparativement à ce que nous récoltions il y a juste quelques années. »

Pour restaurer la fertilité des sols, madame Ballo a planté des haies d’arbres, c’est-à-dire une ceinture d’arbres composée de plants de djansang et de kolatiers. Elle explique que ces haies permettent de retenir les eaux de pluie plus longtemps sur son champ, afin de nourrir les plants de manioc et protéger le sol de l’érosion éolienne et hydrique. Les arbres facilitent la rétention de l’humidité dans le sol et la fixation des éléments nutritifs essentiels, tels que les minéraux, l’azote et le phosphore, qui sont indispensables pour la croissance du manioc. De plus, les arbres fournissent l’ombrage nécessaire aux plants de manioc.

Madame Ballo sélectionne soigneusement les plants en fonction de leur utilité. Par exemple, elle plante les framiré pour le bois et le djansang pour ses graines qui ont des propriétés antibiotiques. Elle déclare : « Les feuilles de djansang servent également à assaisonner mes sauces. »

Elle a découvert ces pratiques lors d’une campagne de sensibilisation des services de l’agriculture, des eaux et forêts de la Côte d’Ivoire dans le cadre des actions de lutte contre le changement climatique. Depuis lors, madame Ballo applique les recommandations techniques qu’elle a reçues. Elle a identifié les espèces d’arbres requises et a mis en terre les jeunes plants en rangées, espacées de 20 mètres, en vue de créer des haies protectrices.

Pour avoir constamment des semis d’arbres à portée de main, madame Ballo a aménagé sa propre pépinière il y a deux ans. Depuis lors, elle a réussi à produire 6 000 semis. Elle en a utilisé pour ériger des haies sur son exploitation, et en a vendu 5 300 à des collègues producteurs et productrices de manioc qui pratiquent l’agroforesterie.

Albert Konan, un spécialiste en agroforesterie à l’Agence d’aide au développement nationale à Bouaké, révèle les avantages qu’il y a à incorporer des arbres aux cultures ou à l’élevage. Il explique que non seulement l’agroforesterie améliore la fertilité des sols, mais elle offre également des solutions durables pour la gestion des terres et l’augmentation de la production, ce qui permet aux agriculteurs et aux agricultrices, comme madame Ballo de relever les défis environnementaux à long terme. Elle affirme que l’agroforesterie joue un rôle majeur dans la gestion durable des sols et améliore la fertilité des sols.

Il note que l’agroforesterie peut être pratiquée avec des légumineuses arbustives, comme gliricidia, leucaena ou la mucuna qui améliore la fertilisation organique et minérale du sol. Cela peut également inclure des arbres fruitiers ou non fruitiers. Les arbres servent de brise-vent et favorisent le développement d’un microclimat.

Monsieur Konan signale que l’approche de madame Ballo, qui consiste à augmenter le nombre d’arbres sur la terre cultivée, est efficace pour restaurer l’humidité et les éléments nutritifs du sol. Il conclut : « C’est une bonne pratique, car elle contribue à la fertilisation des sols. »

Madame Ballo se dit satisfaite des résultats de l’agroforesterie sur son exploitation. Elle déclare : « Les tiges et les feuilles de mon manioc sont plus vertes et plus denses. C’est un signe que j’aurai une bonne récolte cette année. »

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Photo : Marie Jeanne Ballo dans son champ en Côte d’Ivoire, photographiée par Issiaka N’Guessan