Côte d’Ivoire: Les pluies arrivent mais les agriculteurs ont peur de retourner sur leurs terres (IRIN, VOA, FAO)

| mai 9, 2011

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La saison des pluies vient de commencer en Côte-d’Ivoire. Mais dans de nombreux endroits, la pluie tombera sur un sol sans cultures. Bien que les combats post-électoraux soient presque terminés, de nombreux agriculteurs, en particulier dans les régions de l’Ouest, ne sont pas encore retournés sur leur terre.


L’agence pour les réfugiés de l’ONU, le HCR, estime qu’un million de personnes ont été déplacées à Abidjan et autour d’Abidjan, avec au moins 200 000 déplacés dans l’ouest. Peu de gens restent sur leurs fermes pour cultiver la terre.

Doh St-Michel a fui son village, près de Duékoué, dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire, en novembre. Des coups de feu ont éclaté et des agriculteurs ont été tués le jour du second  tour de l’élection présidentielle. M. St-Michel vit aujourd’hui à la mission catholique avec quelques 27 000 autres Ivoiriens. Il dit: « Nous vivons de la terre… Tout ce que nous voulons, c’est nous remettre au travail, afin de pouvoir nourrir nos familles.» Il ne veut pas rester à la mission, mais il a peur de retourner dans sa ferme.

Les litiges fonciers et les tensions entre différents groupes ethniques ne sont pas nouveaux en Côte-d’Ivoire. La crise post-électorale a suscité des tensions et provoqué des violences. M. St-Michel continue en disant: « La seule manière pour nous de pouvoir manger, c’est de nous servir de nos propres mains, de notre force. Ce n’est pas le Président qui va produire de la nourriture pour nous, ce sont nos machettes [qui nous servent à travailler la terre]. Nous n’avons rien à voir avec toute cette politique. »

 

Patrick Berner est coordinateur des Opérations d’Urgence de la FAO en Côte d’Ivoire. Il examine la situation dans la région Ouest du pays. Il dit: « Quand tous ces gens ont quitté leurs maisons, très souvent, ils sont partis sans rien. De plus, leur nourriture et leurs stocks de semences ont été pillés. »

Beaucoup de gens ne seront pas en mesure de retourner dans leur région à temps pour planter. M. Berner dit: « Ils vont beaucoup perdre, cette saison. Ainsi, il y aura un énorme impact sur la sécurité alimentaire, et ces gens auront besoin d’aide alimentaire [pour] une longue période. »

La FAO aide les personnes récemment revenues sur leurs terres en leur distribuant des semences. Jusqu’à présent, ils ont atteint environ 10 000 ménages. Les agences d’aide humanitaire ont encore un accès limité dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire. Jusqu’à ce qu’ils puissent s’assurer que la paix et la sécurité sont de retour, les agriculteurs comme Doh St-Michel sentent qu’ils ont peu d’autres choix que de regarder la pluie tomber sur des terres non-cultivées.