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Côte d’Ivoire : Des planteuses de bananes plantains s’organisent en coopérative pour réaliser plus de profits

Il est samedi, et la nuit tombe sur Kanzra un village de la sous-préfecture de Zuenoula, en Côte d’Ivoire. Trazie Lou Chantal, baluchon sur la tête, rentre de sa plantation de bananes plantains. Elle exploite une plantation de bananes plantains depuis une dizaine d’années maintenant, après le décès de son père.

Ainée d’une famille de six enfants, madame Chantal utilise les bénéfices de la vente de plantains pour s’occuper de ses frères et sœurs. Tous les trois mois, elle récolte environ cinq tonnes de bananes, et elle peut vendre la tonne à 65 000 FCFA (109 $ US).

Elle explique : « J’ai hérité ces champs de mes parents. Lorsqu’ils décédaient, il y avait cinq hectares en production. Aujourd’hui, grâce à l’aide de certains jeunes de la localité que j’ai recrutés pour m’aider à défricher les champs, j’ai agrandi ma plantation à 10 hectares. »

Mais la production de bananes plantains comporte ses difficultés. Pour les femmes comme madame Chantal, la prédominance des hommes dans ce secteur, le manque de financement et le faible accès à la terre explique le fait que les femmes doivent se battre pour gagner leur vie. Par conséquent, plusieurs femmes qui cultivent la banane plantain se regroupent en coopératives, où elles peuvent mutualiser leurs forces, et leurs revenus.

Adoni Apo Josiane Clarence, la cinquantaine bien sonnée, est la présidente de la coopérative l’Union des sociétés coopératives de vivriers et élevage de la région de Mé, également appelée, USOCOVIEM. La coopérative regroupe plus de 113 coopératives membres et représente plus de 35 000 femmes de la région, située à un peu plus de 100 kilomètres de la capitale Abidjan. Au total, les membres exploitent environ 30 hectares de terres cultivables, ils/elles cultivent de la banane plantain et du manioc, en plus d’y élever du bétail.

Madame Clarence affirme qu’elle a pu créer l’USOCOVIEM grâce à une pionnière du domaine et à certaines bonnes volontés de la région de Mé.

Elle explique : « La télévision m’a beaucoup aidée. Comme je ne suis pas allée à l’école, cela m’a permis de suivre l’évolution de Rosalie Irié Lou Nanti qui a été pionnière dans la chaîne d’approvisionnement de la banane plantain en Côte d’Ivoire dans les années 70. »

Madame Clarence soutient s’être inspirée du modèle de madame Nanti qui a également regroupé des coopératives de partout à travers le pays.

Elle ajoute : « J’ai suivi son exemple avec le soutien d’un responsable de la région de Mé que j’ai contacté et qui a accepté de nous accorder le financement dont nous avions besoin pour commencer. Nous avons commencé à travailler dans juste 14 villages et aujourd’hui nous couvrons toutes les quatre sous-régions de Mé. »

Les femmes réunissent leurs produits agricoles et les vendent ensemble au marché pour économiser sur les frais de transport individuels. Ainsi, la vente collective permet aux femmes de négocier de meilleurs prix pour leurs produits avec les acheteur.euse.s et les intermédiaires.

La coopérative répartit les bénéfices de la vente de plantains équitablement entre ses membres, et soustrait un petit montant en guise de cotisation à la caisse du groupement. Les femmes de la coopérative réinvestissent ces économies dans leurs activités de production de bananes plantains et améliorer davantage leurs profits.

Madame Clarence explique : « Avant nous prenions en location des véhicules de 16 tonnes qui nous revenait à 200 000 FCFA (335 $ US) par chargement. Aujourd’hui, nous avons payé plusieurs véhicules pour le transport de nos produits. »

L’achat de véhicules a réduit le coût de transport, et permis également aux femmes de gagner plus d’argent, et ce, plus régulièrement en transportant leurs plantains au marché toutes les deux semaines, plutôt qu’une seule fois par mois.

Maria Ouattara est une représentante du ministère de la Femme, la Famille et l’Enfant dans la région d’Aries, en Côte d’Ivoire. Elle soutient que la production de banane est de deux types : celle industrielle dominée par les hommes et celle locale dominée par les femmes.

Elle ajoute que les productrices de bananes plantains sont en proie à deux problèmes majeurs, dont l’entreposage de leurs plantains et le manque de camions et de routes de bonne qualité pour les transporter au marché.

Selon madame Ouattara, les coopératives de producteur.trice.s de bananes plantains permettent aux femmes de surmonter certains de ces problèmes en les aidant à économiser de l’argent. Elles peuvent utiliser leurs économies pour les achats collectifs, ce qui permet d’augmenter les bénéfices de la coopérative, y compris le nombre de camions et de chambres froides.

Pour des femmes comme madame Clarence, et celles de sa coopérative, cela fait toute la différence.

Madame Clarence déclare : « Vraiment, cette coopérative nous sauve. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Photo : Des bananes plantains dans un marché en Ouganda, 2016. Crédit : Sylvie Harrison.