- Barza Wire - https://wire.farmradio.fm -

Côte d’Ivoire : Des cultivatrices de bananes plantains créent une coopérative de commercialisation

Ce matin, Houphouët-Marie Thérèse Soro est en réunion avec ses collègues présidentes de coopératives de la localité Bongouanou, dans la région de Bongouanou, en Côte d’Ivoire. Madame Soro est une productrice de bananes plantain dans le département de M’batto, une grande zone de production de bananes plantains. Elle est la présidente de la coopérative de productrices de bananes plantains « équitables » de Moronou. Cette coopérative est née en 2016 de l’union de deux autres coopératives concurrentes.

Madame Soro explique : « Quand j’arrivais ici, les coopératives se livraient la concurrence. J’ai demandé l’union pour être plus fortes, s’entraider dans les travaux champêtres et rechercher des financements. »

Les productrices de M’batto cultivent trois variétés de bananes plantains que les femmes locales appellent « Agnrin » qui est longue et fine; « N’glétia » qui est plus courte; et « Afoto » qui est plus grosse.

Le prix du plantain était souvent bas et les femmes rencontraient des difficultés pour vendre leurs produits. Mais, maintenant, les femmes de M’batto se sont regroupées en coopératives pour vendre leurs plantains et profiter des fruits de leur labeur. Madame Soro rappelle : « On vendait en désordre et de façon individuelle … à vil prix. Il y a même des gens qui venaient prendre les produits et ne nous rapportaient pas l’argent. »

Avec la coopérative « équitable », madame Soro est en train de révolutionner le mouvement coopératif à M’batto. Elle déclare : « Chaque femme ou homme membre de la coopérative apporte sa récolte. Nous l’évaluons ensemble. Ensuite, nous regroupons la récolte pour aller vendre nous-mêmes dans les grandes villes. » Elle ajoute qu’après la vente, les membres de la coopérative récupèrent leur part du bénéfice qui s’élève à 12 000 FCFA (21,50 $ US).

À Gohitafla, dans la région de la Marahoué, des femmes se battent également pour commercialiser leurs plantains. Victoria Voui est une enseignante à la retraite. Elle a créé une coopérative de production et de distribution de denrées vivrières pour aider les femmes qui perdent leur production lors du transport.

Elle affirme que le chargement des sacs de bananes plantain est difficile dans les autocars. Pour régler le problème, elle s’arrange pour que les acheteurs et les transporteurs viennent chercher la récolte dans les entrepôts de la coopérative directement. Madame Voui explique : « Avant, la banane pourrissait dans les gares. Aujourd’hui, nous réussissons à vite ramasser et donc il n’y a pas d’excès sur les marchés locaux. »

Cependant, toutes les productrices n’ont pas cette chance de s’affilier à une coopérative. Martine Hien, 28 ans, est productrice de bananes plantains à Pinhoun, dans la région du Guémon, à plus de 500 kilomètres d’Abidjan. Madame Hien commercialise sa production seule. Elle explique : « Je ne vends pas avec une coopérative parce qu’il n’y en a pas dans ma localité. »

Après les dépenses liées à la récolte et au transport, elle ne s’en sort pas. Elle s’explique : « Je prends entre six à huit manœuvres que je paie à 2 000 FCFA par jour, par personne, pour aider mes frères. La coupe se fait de 7 h à 17 h. Le transport est difficile, car sans véhicule automobile, je quitte souvent le village à 19 h pour arriver à Duékoué, à 24 h [pour emporter les plantains dans un lieu de transport]. »

Judicaël Constantin Dou transporte les bananes plantains des femmes de Duékoué. Madame Hien et d’autres lui livrent leur récolte pour qu’il la transporte jusqu’à Abidjan.

Monsieur Dou explique le processus : « Le sac de 50 kilogrammes est vendu à 1 200 FCFA et le sac de 65 kilogrammes est à 1 700 FCFA. Sur ces montants il y a 200 FCFA par sac pour les chargeurs de camion. Le prix de revient du sac de bananes est à 2 000 FCFA actuellement. »

Avec les coopératives, les productrices de bananes plantains s’organisent pour mieux vendre leurs produits agricoles. Cela permet aux femmes d’avoir plus de revenus pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Pour augmenter leurs profits, les productrices de plantains commencent également à apporter une valeur ajoutée à leur plantain en le transformant.

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.