Côte d’Ivoire : Des cacaoculteurs plantent des arbres d’ombrage pour s’adapter au changement climatique

| mai 24, 2021

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Le cacao est une culture importante en Côte d’Ivoire, mais beaucoup de producteurs(trices) ont délaissé cette culture à la suite de mauvaises récoltes. Cependant, à Yamoussoukro, Souleymane Bamba poursuit la culture des cacaoyers, des bananiers et d’autres arbres qui fournissent de l’ombre aux cacaoyers. Pour avoir des arbres d’ombrage, les producteurs(trices) peuvent les chercher, les cultiver sur des sols en jachères améliorées ou les acheter dans des pépinières. Cependant, l’idéal serait qu’ils/elles plantent des arbres ayant une valeur commerciale qui produisent des fruits ou des noix qu’on peut vendre. Monsieur Bamba affirme que les arbres d’ombrage lui permettent désormais de récolter une tonne de fèves de cacao sur sa terre d’un hectare.

Le soleil est déjà haut dans le ciel et brûle fort. Le planteur de cacao Souleymane Bamba est dans son champ à Yamoussoukro, dans le centre-sud de la Côte d’Ivoire, à 200 kilomètres d’Abidjan. La plantation de deux hectares et demi de monsieur Bamba produit 350 à 400 kilogrammes de fèves de cacao par hectare.

Monsieur Bamba a récemment adopté de nouvelles pratiques, dont la plantation d’arbres d’ombrage qui augmentent la production et permettent à lui et d’autres producteurs(trices) de cacao d’être plus résilients face au changement climatique.

Il explique : « J’ai commencé à renforcer ma plantation en arbres et bananiers pour protéger les cacaoyers du soleil. Cela m’a permis d’accroître la production de mes cacaoyers. À l’hectare, je peux récolter maintenant une tonne de fèves de cacao. »

Plusieurs producteurs(trices) de cacao plantent les arbres avec l’encadrement des formateurs(trices) de l’Agence nationale d’appui au développement rural. Il existe des moyens pour trouver les arbres d’ombrage. Les producteurs(trices) peuvent rechercher en brousse de jeunes plants pour reboiser les espaces cultivés, bien qu’ils/elles doivent éviter le fromager ou kapokier. L’autre solution consiste à acheter les jeunes plants dans une pépinière. Selon la gravité de la disparition du couvert forestier, les planteurs(euses) mettent en terre entre 18 et 60 pieds d’arbres par hectare.

Il leur est recommandé de planter des arbres à valeur économique comme l’apki (Ricinodendron africanum), le petit colatier (Garnica kola) et le boubourou. Ces arbres produisent des fruits qui contiennent des graines qui sont vendus pour être utilisées dans les sauces. Les fruits du petit colatier sont vendus comme un aphrodisiaque.

Monsieur Bamba est aussi le président d’une coopérative régionale dénommée SocooparLacs. Cette coopérative compte environ 300 membres, dont 106 femmes, qui mettent en commun les produits de leurs ventes de cacao et apprennent de nouvelles techniques de production du cacao.

Ces derniers temps, les producteurs font face aux effets du changement climatique. La production a diminué et certain(e)s délaissent leurs plantations pour d’autres activités. Ils/elles ignoraient que la déforestation causée par le défrichage pour planter les cacaoyers était en partie la cause des mauvais rendements.

Grâce à la sensibilisation sur les nouvelles pratiques de production, les cultivateurs(trices) de cacao ont commencé à changer leurs habitudes. Deux des nouvelles techniques les plus importantes consistent à apporter de l’ombrage aux cacaoyers et à mettre les champs en jachère.

La jachère consiste à laisser les espaces cultivés au repos pendant quelques années ou plus. Cela permet à la végétation de repousser et au sol de redevenir fertile.

Emerson Gueye est l’administrateur de la coopérative de production de cacao Ecooya. Cette coopérative possède des superficies estimées à 800 hectares. Monsieur Gueye affirme que depuis qu’il a commencé à pratiquer la jachère en 2013, son rendement est passé de 400 kilogrammes par hectare à 600 kilogrammes.  

Il ajoute : « Dans nos zones, avec la baisse de la productivité des cacaoyers, nous mettons en place les bonnes pratiques agricoles pour augmenter la production sans nuire au couvert forestier. Nous pratiquons les jachères, pour ne plus étendre les champs. »

Loin d’Abidjan, Alida Coulibaly est une agricultrice de 35 ans qui préside RASSO, une coopérative qui tire son nom d’une clairière protégée de la région. Elle a obtenu sa maîtrise en sciences de gestion, puis s’est tournée vers la cacaoculture. Après avoir vécu une expérience amère, elle commença également à utiliser les arbres d’ombrage sur sa plantation de trois hectares.

Elle explique : « J’ai été victime du réchauffement climatique. J’ai reçu des fèves [d’une variété de cacao] appelée Mercédès, pour leur capacité à germer rapidement, se développer et produire en six mois. [Mais] elles ont brûlé à cause du soleil. Elles ne résistent pas à la chaleur. On n’était pas informé sur les arbres d’ombrage. »

Maintenant, madame Coulibaly et ses collaborateurs(trices) plantent des arbres d’ombrage dans le champ pour protéger les cacaoyers du soleil. Elle explique : « On a mis plus de bananiers. Les producteurs sont formés et plantent plus d’arbres et de bananiers dans les anciennes et les nouvelles plantations. »

Yao Fernand Konan est conseiller technique au Centre d’innovations vertes pour le secteur agroalimentaire à la GIZ, une organisation allemande pour le développement. Il conseille aux producteurs(trices) d’adopter différentes approches pour faire face aux changements climatiques. Une approche importante consiste à planter des arbres d’ombrage en laissant les arbres sélectionnés pousser sur une jachère « améliorée. » Les agriculteurs(trices) peuvent également planter des bananiers pour fournir de l’ombre aux cacaoyers.

Il est également conseillé aux producteurs(trices) d’améliorer leurs sols et d’éviter d’utiliser des herbicides. L’utilisation d’intrants organiques peut produire de meilleurs résultats, y compris des cultures de couverture qui apportent de l’azote au sol. Les légumineuses comme les arachides, les haricots, et le niébé, et les arbres comme l’acacia mangium et le Gliricidia sepiume sont des exemples de cultures de couverture.

Ces nouvelles pratiques agricoles peuvent aider les planteurs(euses) de cacao ivoiriens à continuer à produire des fèves de cacao malgré les effets du changement climatique. Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Crédit photo : Jesse Winter, 2009.