Congo-Brazzaville : Yvonne Nsayi, une entrepreneuse rurale qui a su se démarquer (par Privat Tiburce Martin Massanga, pour Agro Radio Hebdo, Congo Brazzaville)

| mars 5, 2012

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À 35 ans, Yvonne Nsayi n’est pas une femme ordinaire. Mme Nsayi est à la fois mère de 4 enfants, agricultrice, vendeuse de beignets et promotrice de la petite fabrique locale de pain. Elle joue un rôle économique important dans sa communauté villageoise.

Mme Nsayi vit à Mangoungou, un village situé à 100 km au nord de Brazzaville. Rien ne prédisait le succès de la jeune femme. Yvonne a abandonné ses études suite à une grossesse, alors qu’elle était encore au collège. Ensuite, elle s’est mariée. Cependant, Vonvon, comme l’appellent affectueusement les villageois, est déterminé à gagner son propre argent.

Vonvon raconte : « Je vivais très mal ma situation de dépendance vis-à-vis de mon mari. Il fallait que je trouve une activité lucrative pour mon propre épanouissement. » Elle a ainsi  demandé aux chefs traditionnels de lui concéder une parcelle de terre pour qu’elle commence une plantation de manioc.

Dix ans plus tard, Mme Nsayi possède de grands champs de manioc et d’arachides. Elle a recours à des travailleurs journaliers pour l’aider à entretenir ses champs.

Mme Nsayi a aussi décidé de diversifier ses activités après avoir constaté que le village manquait de certains produits de base, car la zone est enclavée. Elle a d’abord commencé par relancer le four à pain du village qui n’était plus fonctionnel depuis des lustres.

Avant que Mme Nsayi aide à relancer la boulangerie, le  pain que mangeaient les villageois venait de Brazzaville. Elle explique : « On était donc obligé de manger du pain devenu dur et sec après plusieurs jours. Vu qu’il y avait un monsieur qui avait un four abandonné, ici à Mangoungou-Mati, je m’étais résolue à faire revivre notre boulangerie artisanale. »

Bois de chauffe, sacs de farine de blé… Mme Nsayi a acheté tous les éléments nécessaires à la fabrication du pain. Elle a passé un accord avec le boulanger du village. Celui-ci se charge de la préparation du pain. Yvonne le paie 5000 francs CFA (environ 10 dollars américains) par sac de farine qu’il utilise pour faire du pain. La petite entreprise tourne bien. Après déduction des coûts de production, Yvonne dit qu’elle fait un bénéfice de plus de 50 000F CFA (plus de 100 dollars américain) par semaine.

Comme si toutes ces activités ne suffisaient pas, tous les matins, Mme Nsayi fait des beignets. Elle vend les beignets avec les pains chauds et frais du jour. Les agriculteurs locaux viennent lui acheter ses produits avant de partir au champ.

Vu son succès, Vonvon veut aider d’autres femmes de son village. Elle  envisage donc de mobiliser les femmes du village pour créer une sorte de mutuelle d’entraide et d’échange d’expérience. Elle est convaincue que le principal problème de sa zone de production est le manque de route adéquate et de moyens de transport pour écouler les marchandises.  Ainsi, à travers la mutuelle, les femmes se cotiseraient pour louer un camion pour transporter leurs marchandises vers les grands centres de consommation.

Massouakou Emery, le boulanger, est heureux. Il dit : «  Yvonne a rallumé la flamme de ma passion de fabricant de pain… elle inspire les autres femmes du village. Elle est une meneuse d’hommes et de femmes ».