Congo-Brazzaville : Une femme perd ses moyens de subsistance à cause des animaux domestiques errants (par John Ndinga-Ngoma pour Agro Radio Hebdo)

| juin 16, 2014

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Comme la plupart des femmes de Pointe-Noire, Annie* est agricultrice et le mari d’Annie est pêcheur. Annie cultivait manioc,  arachide et maïs pendant plusieurs années. Elle mettait de côté une partie de sa récolte pour la consommation familiale et vendait le reste. Elle pouvait gagner près de 500 000 francs Cfa (environ 1000 dollars américains) par année  avec son hectare de manioc.

Les récoltes du champ d’Annie lui permettaient de subvenir aux besoins familiaux, surtout lorsque la pêche de son mari n’était pas fructueuse. Elle explique : « j’arrivais à acheter du savon, du pétrole lampant ou les fournitures scolaires de nos trois enfants ».

Mais depuis deux ans, Annie ne cultive plus. Elle explique : «J’avais dépensé près de 100 000 francs Cfa (200 dollars américains) pour le défrichage, le sarclage et la récolte [mais] à maintes reprises, les cabris, les moutons et les cochons des voisins [venaient déraciner] le manioc ».

Découragée par la destruction continuelle de ses cultures, Annie tente maintenant de rejoindre les deux bouts en se lançant dans la vente du manioc au petit marché local. Mais ses profits sont très maigres.

Comme beaucoup d’autres agricultrices locales, Annie n’a jamais tenté de poursuivre en justice les éleveurs des animaux qui détruisaient ses cultures. Elle dit : «Vous savez que dans notre pays, les agriculteurs et les éleveurs ont les mêmes problèmes. Je peux porter plainte. Mais, trouveront-ils de l’argent pour me dédommager ? »

C’est ainsi que pour ne pas se casser la tête dans le système judiciaire, elle a préféré se résigner. « D’aucuns pensent que c’est un aveu d’impuissance. Mais, il faut préserver l’harmonie dans le village, » concède-t-elle.

Jean Claude Itsoua Sayi est conseiller socioculturel du maire de son village. Il se montre conscient des ravages causés par les animaux domestiques errants. Il dit : « Nous avons pris la résolution de contraindre les éleveurs à parquer leurs animaux dans des enclos. Cette mesure qui n’est pas encore entrée en vigueur […] aura pour mérite de favoriser la pratique en toute quiétude des activités agricoles ». M. Sayi dit que cela prendra encore un an.

Jusqu’à ce que cette mesure rentre en vigueur, Annie n’arrive qu’à faire un bénéfice de 5000 francs CFA (10 dollars américains) avec la vente de 100 bâtons de manioc. Annie regrette ses activités agricoles d’antan. Elle dit : «C’est vrai que je ne souffre plus physiquement. Mais, je ne gagne plus comme par le passé ».

*Note de l’éditeur: Annie n’est pas le vrai nom de l’agricultrice. Pour la protéger du mal, nous avons utilisé un nom d’emprunt.