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Congo-Brazzaville : Un maraicher lutte contre la pauvreté du sol pour cultiver des poivrons

Pour Jean-Pierre Milandou, la pauvreté du sol a fait de sorte que la culture du poivron relève d’un parcours du combattant. M. Milandou cultive des légumes depuis plus de 20 ans à Kinkala, une ville située à environ 70 kilomètres au sud de Brazzaville. L’agriculteur de 49 ans dit que contrairement au chou, aux haricots verts, et à d’autres légumes, les poivrons sont très rentables. Voilà pourquoi il a persisté, malgré la pauvreté du sol. Parce que les sols pauvres est un défi important pour les agriculteurs de Kinkala, de nombreux produits agricoles dans le marché local de Kinkala proviennent de Brazzaville.

Arrosoir en main, M. Milandou se tient debout au milieu de ses rangées de poivrons et dit: « Le poivron n’était pas produit dans notre zone rurale. Sa culture est complexe par ici à cause du sol qui n’est pas fertile. Je fais partie des rares maraîchers à le cultiver [parce que je veux] différencier ma production agricole de celle de mes collègues …Ceci me donnera une valeur ajoutée, car tous ici dans cette ceinture maraichère nous produisons les mêmes légumes et avons la même clientèle ».

Plusieurs agricultrices et agriculteurs locaux cultivent le chou, la ciboule, les aubergines, les tomates, les petits pois et les endives. En cultivant les poivrons, M. Milandou estime qu’il peut attirer plus de clients.

François Xavier Matoko est chercheur à l’Institut de Recherche Agricole à Brazzaville. M. Matoko dit que les poivrons sont en effet difficiles à cultiver à Kinkala parce que le sol manque de minéraux. Il ajoute que pour que ces cultures de poivrons donnent une bonne récolte, le sol ne doit pas être acide; donc l’utilisation du calcaire ainsi que la fertilisation au fumier relèvent le pH du sol.

Pour faire face à la pauvreté du sol, M. Milandou a mis au point une technique particulière. En utilisant une brouette, une fourche et une houe, il fertilise ses champs avec les feuilles des arbres environnants et la cendre qu’il obtient en burlant des herbes arrachées dans la savane.

Il ajoute: « Pour mes 20 planches [de poivrons] de 18 mètres sur deux, je dois acheter à Brazzaville quatre sacs de calcaire à 10 000 Francs CFA l’unité [17$ US] que je mélange avec la cendre des herbes que je ramasse dans la savane et que je brûle. Je renverse ce mélange poudreux sur chaque sillon pour enrichir le sol avant de repiquer les jeunes pousses ».

Les poivrons deviennent matures dans les trois à quatre mois qui suivent, et M. Milandou les récolte toutes les deux semaines pendant plusieurs mois. Il dit que sa technique de fertilisation est efficace, mais nécessite beaucoup de temps et d’effort, raison pour laquelle peu de maraîchers lui ont emboîté le pas.

Lydie Mboukou est l’épouse de M. Milandou et elle travaille avec lui sur la terre. Elle dit que, malgré les difficultés de production, le poivron rapporte beaucoup plus que les autres cultures. Elle ajoute: «Toutes les deux semaines, on fait la cueillette des poivrons qui sont arrivés à maturité. Leur vente nous donne au moins 30 000 francs CFA [51 $ US] par sillon. Si toutes les planches pouvaient arriver à maturité en même temps, on ferait une recette d’environ 600 000 francs FCFA. »

La culture des poivrons permet au couple de payer les frais de scolarité de leurs huit enfants et les frais médicaux. M. Milandou dit qu’ils ont également construit une maison et ont ouvert un compte d’épargne auprès d’une institution de micro-finance. Et tout cela à cause des poivrons.