Congo-Brazzaville : La patate douce est synonyme de réussite pour une agricultrice

| mars 18, 2013

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En ce lundi matin, l’ambiance est particulière à Pointe-Noire, une ville côtière du Congo-Brazzaville. Les coups de klaxon et les cris de marchands et chalands couvrent la place du marché dit « de la Liberté ». Des cris de « Mbala, mbala eh ! », qui signifie ignames ou patates, fusent de partout dans ce coin de l’avenue de Moscou qui sert de gare aux véhicules venus de la brousse. Des gens vident les véhicules de leurs cargaisons de produits agricoles.

Maria Pouta livre ses récoltes de patate douce au marché et sait exactement qui lui achètera sa marchandise. Elle transporte avec elle trois sacs de patates douces de cinquante kilogrammes chacun. Elle les livre à sa cliente ; une dame qui les utilise pour faire des frites de patates douces. Aussitôt la marchandise livrée, Mme Pouta empoche la somme de 60 000 francs Cfa (environ 120 dollars américains). Elle profite d’une forte augmentation de la popularité des patates douces, une culture que peu d’agriculteurs font pousser dans cette région. Elle explique : « Comme les gens ne produisent pas assez [de patates douces] ici dans la région du Kouilou, elle est très convoitée par les femmes qui font des frites. La patate douce est maintenant à la mode. »

Jadis, la patate douce comptait parmi les principaux aliments de base dans cette région du Congo-Brazzaville. Les familles agricoles commencèrent à cultiver d’autres aliments comme le manioc et le riz, ce qui a doucement fait disparaître la patate douce. Toutefois, Mme Pouta n’a jamais arrêté de cultiver la patate douce. Elle la cultivait pour la consommation familiale, jusqu’à ce qu’un jour, elle rencontra des dames au marché.

Mme Pouta rendait visite à ses enfants à Pointe-Noire avec une petite quantité de patates. Là-bas, dit-elle, « deux jeunes femmes m’ont contraintes à les leur vendre [les patates douces] parce que c’était la matière première de leur activité lucrative. »

C’est alors qu’elle se rendit compte qu’elle pouvait gagner beaucoup d’argent en cultivant et en vendant les patates douces. Quand elle rentra chez elle sur sa ferme, Mme Pouta a décidé de faire un changement. Elle cultive des patates douces pendant deux saisons pour répondre à la forte demande urbaine. Puis, elle cultive le manioc sur le même terrain pour la vente et sa consommation personnelle.

Alors que toutes ses récoltes lui fournissent nourriture et revenu, les patates douces sont réellement ce qui lui permet de faire de l’argent. Au cours de la saison de croissance principale, elle fait généralement trois grandes ventes de patates douces auprès de ses clientes régulières.

Ursula Singou est l’un des clientes régulières de Mme Pouta. Elle aussi a bénéficié de la popularité croissante des patates douces. Au lieu de la méthode traditionnelle de cuisson à la vapeur, elle fait frire la patate. Mme Singou vend ses frites devant sa concession dans son quartier.

Elle dit: Les consommateurs se sont habitués à nos petites tranches dorées, mais le caractère saisonnier de cette activité est notre seul regret. » Mme Singou n’est pas la seule qui transforme la patate douce en frites. Pendant la saison sèche, lorsque les patates douces sont plus facilement disponibles, les passants peuvent acheter des frites dans tous les quartiers de Pointe-Noire. Elles se vendent à entre 25 et 150 francs CFA (soit entre 0,05 à 0,30 centimes américains). Ils sont particulièrement populaires auprès des enfants et des adolescents.

Mme Singou rit quand elle affirme que les avantages de la cuisson et la vente de frites de patates douces sont «200 pour cent. » L’activité lui permet de soutenir ses deux jeunes enfants. Quant à Mme Pouta, elle est reconnaissante pour le jour où elle a été approchée par les deux jeunes vendeuses. Son revenu de vente de patate douce lui permet d’être plus indépendante. Lorsque des dépenses imprévues surviennent, elle peut se tourner vers ses propres économies, plutôt que de compter sur ses enfants adultes.