Congo-Brazzaville : Les agriculteurs voyagent sur la route du succès

| juin 3, 2013

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Avant l’année dernière, Blaise Mantsié n’avait pas l’habitude de voyager avec sa marchandise en ville. Les routes qui reliaient son village de Mayéyé à la capitale, Pointe-Noire étaient cahoteuses. Il était donc forcé d’attendre que ses clients viennent vers lui au village pour leur vendre ses produits.

Comme les autres paysans de Mayéyé, M. Mantsié estime qu’il ne vendait pas ses produits à juste prix. Selon lui, les commerçants venus des grandes villes gagnaient au moins trois fois plus que lui. Il se souvient encore de cette période : «Les commerçants achetaient par exemple un sac de 50 Kg d’arachides décortiquées à 10 000 francs Cfa (environ 20 dollars américains), et le revendaient en ville à plus de 40 000 francs Cfa (80 dollars américains)».

Mais, depuis mai dernier, M. Mantsié arrive a chargé un camion avec des sacs d’arachides et de cossettes de manioc pour les vendre à Pointe-Noire. C’est grâce à la réhabilitation des routes qui relie Mayéyé et Pointe-Noire qu’il peut maintenant écouler sa marchandise à meilleur prix.

Il explique : «Je viens de comprendre que la route fait décoller les affaires. J’ai compris que par le passé, les commerçants profitaient du difficile accès de nos villages pour nous flouer ».

Aujourd’hui, la vie de  M. Mantsié a  changé. Jadis, il habitait dans une maisonnette en planches. Maintenant, ces deux femmes et six enfants passe leurs nuits dans une maison fait de matériaux plus durables. À l’intérieur de la maison, le salon, le téléviseur, la table à manger et l’horloge collée au mur de couleur bleue, résument le mode de vie actuel la famille Mantsié. La réhabilitation des pistes rurales a changé la vie des villageois. Mais les commerçants de la ville eux sont loin d’être heureux.

Espérance Moukoko est une commerçante résidant à Pointe-Noire. Elle a constaté un changement d’attitude chez les paysans. Elle explique : «Ces derniers temps, quand j’arrive au village, on me propose les mêmes montants que ceux auxquels nous vendons en ville. Le marchandage n’est plus possible». Elle ajoute : « À n’importe quelle heure, il y a des véhicules. En ce qui me concerne, j’ai décidé de venir au village pour produire par moi-même ».

Produire par soi-même, c’est l’option  prise par beaucoup d’autres commerçants. Le couple Ngot s’est installé à Mayéyé depuis déjà un an. Il attend la récolte de ses deux premiers hectares de manioc. Mme Diane Ngot explique : «Il fallait bien changer son fusil d’épaule. Sinon, on était sur le point d’abandonner».

Quant à M. Mantsié, il rêve de devenir un plus grand producteur agricole. Il confie : « Je viens d’acheter un bœuf, trois chèvres et six poules […] De petit agriculteur aujourd’hui, je pourrais devenir un jour, un grand fournisseur de produits agricoles ».