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Congo-Brazzaville : Le navet est gage de réussite financière pour un maraîcher

Le soleil commence à disparaitre derrière un feuillage touffu annonçant la fin de la journée mais quelques rayons dorés éclairent encore timidement une grande aire défrichée. Les rayons du soleil illumine un grand espace vert constitué d’arbres fruitiers et de sillons de légumes. Malgré l’heure avancée, on y travaille encore.

Joseph Claude Milongo fait fonctionner une motopompe qui vrombit avec essoufflement alors qu’un jet d’eau continu arrose les dizaines de planches de légumes sur son champ.

« L’homme du navet », c’est ainsi que ses collègues maraîchers l’appellent. Ce surnom, M. Milongo le doit au fait qu’il est le seul à dans sa région qui cultive le navet. Le légume a été introduit au Congo-Brazzaville il y a environ quatre ans par des Chinois qui s’y sont installés. Les chinois utilisent beacoup le navet.

M. Milongo explique : «  Le navet est une plante très avantageuse. Il se cultive toute l’année, quelle que soit la saison. » Les navets n’ont pas besoin d’une pépinière parce que les semences sont plantées directement dans le sol. L’avantage du navet c’est que les cultivatrices et cultiveurs n’ont pas besoin de creuser sur les planches de semis, ce qui fait gagner en temps, en argent et en labour. M. Milongo explique : « Au bout de 45 jours il arrive à maturité. On vend aussi bien ses feuilles que ses racines ».

M. Milongo cultive du navet pour accroître son chiffre d’affaires. Il aimerait vite réaliser son projet de devenir propriétaire d’une petite ferme agricole. Il explique : « En 15 ans de pratique agricole, c’est [seulement] maintenant que je réalise de bonnes marges bénéficiaires entre ce que je dépense en amont pour les graines, le fumier, la préparation du sol et ce qui me reste pour vivre et réaliser mes projets. »

À la différence des autres plantes comme la tomate, les aubergines ou les endives, le navet est facile à cultiver, peu coûteux et rustique. La plupart des acheteurs qui font affaire avec M. Milongo sont des Ouest-africains, des Chinois et des Arabes installés au Congo.

Il dit : « [J’achète] une boite de graines [de navet] à 5000 francs CFA [9,60$ US]. [Je les plante] en cultures mixtes avec de la tomate, des aubergines ou du piment. Je fais dix planches de vingt mètres de long et un mètre de large. En culture unique, je réalise sept planches. Avec cela, je gagne 250 000 francs CFA [480$ US] au bout de 45 jours ».

M. Milongo a utilisé ces marges bénéficiaires pour acquérir un terrain à dans le ville de Ngabari, dans l’espoir d’y monter sa petite ferme familiale.

Il cherchait depuis longtemps un moyen pouvant lui permettre d’acquérir son propre lopin de terre. À l’instar de nombreux autres petites productrices et petits producteurs, il « squatte » un terrain abandonné près de Brazzaville. Mais il vivait avec la peur d’être expulsé du site.

Quinquagénaire et père de six enfants, M. Milongo travaille avec sa femme, Patricia Kiembé. Le rôle principal de celle-ci est d’écouler leur production sur le marché de Brazzaville tout en assurant une veille des prix et le relais avec la clientèle. Elle dit: « C’est moi qui ai convaincu mon mari à cultiver du navet. »

Le couple a découvert le navet non loin d’une ferme appartenant à des Chinois. Au marché, Mme Kiembé a constaté que les gens s’y intéressaient pour ses vertus thérapeutiques – on dit que les légumes sont bons pour le cœur et les intestins. Il y avait une forte demande de la part de la communauté chinoise, autant comme denrée alimentaire que dans le cadre de la médecine traditionnelle.

C’est ainsi qu’ils ont saisi cette opportunité. Les bénéfices de la première année leur ont permis d’acheter une motopompe. Mme Kiembé rajoute : « Au fur et à mesure, on évolue et d’ici là nous aurons notre propre ferme où l’on fera aussi l’élevage des cochons ».

M. Milongo estime qu’il est bien parti. Bien qu’il connaisse encore d’énormes difficultés, surtout en saison sèche quand le puits d’eau tarit. Des fois, il doit attendre des heures pour reprendre l’arrosage. Malgré les difficultés, M. Milongo est confiant. Il conclut : « Si le même rendement se maintient, dans deux ou trois ans, je serai dans ma propre ferme ».