Congo-Brazzaville: Le manque d’eau handicape toute la communauté (par Privat Martin Massanga pour Agro Radio Hebdo au Congo-Brazzaville)

| mars 19, 2012

Téléchargez cette nouvelle

À Imbimi, un village dans le nord du Congo, l’accès à l’eau est le principal problème de la communauté. Lydie Makouala est à la fois ménagère et agricultrice. L’eau, elle en besoin pour toutes ses activités. Du ménage à la transformation du manioc en cossettes.

Malheureusement, l’eau n’est pas abondante à Imbimi ! Mme Makouala explique : « Nous sommes obligées d’aller aux abords des marais, à une certaine distance du village, où des puits ont été creusés… Il faut se lever très tôt pour avoir de l’eau potable.»

À Imbimi, il n’y a ni puits ni forage. Le village n’est traversé par aucun cours d’eau. Pire, la pluie n’y est pas tombée depuis plusieurs semaines.

Le ravitaillement en eau est une affaire de femmes et de jeunes filles. Bidons et jerricanes sur la tête ou sur le dos, les femmes parcourent en file indienne les quelques deux kilomètres qui séparent le village des puits.

Les puits d’Imbimi sèchent plusieurs fois dans la journée quand l’activité y est intense. Il arrive qu’une personne ne puisse avoir de l’eau ou attende très longtemps pour que le puits se remplisse à nouveau. En plus d’être disponible en quantité insuffisante, l’eau recueillie n’est pas toujours de bonne qualité. Mme Makouala dit : « Ces puits, de un à deux mètres de profondeur, ne répondent pas aux besoins de toute la population du village. À force d’être puisée, cette eau devient trouble et on est parfois obligées d’attendre plusieurs minutes afin qu’elle s’éclaircisse et qu’on puisse reprendre le puisage. »

Pour se ravitailler en eau, Mme Makouala effectue plusieurs allers et venues par jour entre son domicile et les puits. Chaque tour lui prend 45 minutes. À chaque voyage, elle rapporte entre 20 et 25 litres d’eau. L’eau est utilisée pour tous les besoins domestiques (cuisine, lessive, vaisselle, boisson, bains) mais également pour la transformation des produits agricoles.

Le manque d’eau pénalise les femmes dans leurs activités agricoles. Elles limitent l’étendue de leurs champs car le manioc, leur principale culture, en nécessite beaucoup pendant la transformation. Il faut faire rouir le manioc avant de le vendre. Pour ce faire, les femmes plongent le tubercule dans des bassins d’eau plusieurs jours durant. Chaque concession possède son bassin que plusieurs femmes se partagent. Les femmes occupent le bassin à tour de rôle. Parce que les tubercules de manioc se détériorent rapidement après la récolte, les femmes sont donc obligées d’attendre le rouissage du premier stock avant d’aller récolter d’autres tubercules. Ces périodes d’attente leur font rater des commandes de manioc transformé car la demande est forte.

Mais les problèmes de ce village n’affectent pas uniquement les moyens de subsistance de ces femmes. Ils affectent aussi les jeunes filles. Nathalie Embobo est la directrice de l’école primaire du village. Elle explique, impuissante, que le manque d’eau a des répercussions négatives sur l’éducation des filles. « Certaines petites filles sont obligées, par leurs parents, à aller d’abord puiser de l’eau avant de partir à l’école. Elles arrivent en classe en retard et toutes fatiguées. Vous pouvez imaginez les résultats scolaires. »