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Congo-Brazzaville : Fabriquer soi-même les aliments de bétail pour minimiser les coûts

Guy Bassangui vient de se faire réveiller par les grognements de son porc et de ses trois truies dont l’une vient de donner naissance à trois petits. S’étirant le corps pour en secouer la fatigue, M. Bassangui parle à ses porcs: « Je sais que vous avez faim. Soyez patients, je vous apporte votre nourriture ».

M. Bassangui vit dans le quartier Mbota, au nord de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Après avoir nettoyé les quatre chambres du bâtiment où sont logés les porcs, M. Bassangui se met à préparer leur repas. L’homme d’une quarantaine d’année mélange une pellée de farine de blé, une pellée de maïs écrasé, une pellée de son fin, des têtes de harengs fumés et des morceaux de pain rassis dans un demi litre d’eau. Le déjeuner des porcs est prêt et les bêtes s’en régalent.

M. Bassangui dit : « J’ai dépensé à peine 7500 francs Cfa [12,50$ US), alors qu’à la boutique ou chez des fabricants d’aliments de bétail, j’aurais dépensé plus de 20 000 francs Cfa [33$ US]. Comme ça, j’en ai pour une semaine. Ainsi, je dépense 30 000 [50$ US] francs Cfa par mois. Voilà pourquoi, je fabrique moi-même les aliments pour mes bêtes ».

À Pointe-Noire, comme partout au Congo-Brazzaville, les éleveuses et les éleveurs considèrent que les prix des aliments de bétail importés et pré-faits sont chers. C’est pour cela que plusieurs ont commencé à fabriquer eux-mêmes la nourriture pour leurs animaux.

 

Blaise Dourou est ingénieur de développement rural. Il explique : « Ça, c’est une démarche de circonstance, car il est impossible de fabriquer l’aliment de bétail à moindre coût ». Il dit que même s’il n’est pas interdit aux éleveuses et aux éleveurs de fabriquer eux-mêmes les aliments, la fabrication d’aliments de bétail demande tout de même des compétences spécifiques.

M. Dourou dit : « Seul un technicien maîtrise la teneur des ingrédients pour fabriquer des aliments dont la valeur nutritive est acceptable. Or, la plupart de ces éleveurs ne sont pas des techniciens en la matière ». Il rajoute que des formations pourraient être dispensé mais que celles-ci seraient également coûteuses.

 

Dodo Moutsinga est aussi éleveur de porcs. Il explique : «Je ne peux pas me permettre d’acheter les aliments de bétail. Je dois les fabriquer moi-même». Comme beaucoup d’autres éleveuses et éleveurs, M. Moutsinga et M. Bassangui n’ont pas appris la fabrication d’aliments dans une école spécialisée.

M. Dourou propose ainsi la mise en place d’une unité de fabrication d’aliments de bétail à Pointe-Noire. Il déclare : « Cette unité aura le mérite de fournir aux éleveurs des aliments de qualité à moindre coût ».

 

Les éleveuses et éleveurs comme M. Bassangui accueillent favorablement la proposition de M. Dourou. M. Bassangui dit : « C’est ce que nous attendons tous. Les aliments fabriqués par des techniciens sont plus rassurants pour la santé de nos animaux. Tous comme les humains, une mauvaise alimentation peut  nous exposer [les animaux] à d’éventuelles maladies. Heureusement que pour l’instant, mes bêtes jouissent d’une santé de fer comme moi-même ».