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Comores : Une fille brave la stigmatisation associée au viol et poursuit son rêve de devenir avocate (FNUAP)

À la suite d’un viol, Mariama est devenue mère alors qu’elle n’est qu’une enfant. Mais le soutien dont elle bénéficie de la part du Service d’écoute et de protection des enfants et des femmes victimes de violences l’aide à surmonter le traumatisme.

Un jour, à la sortie des classes, un homme bien connu dans le voisinage a invité Mariama chez lui. Elle se rappelle : « Je l’ai suivi chez lui. Je ne savais pas qu’il allait me violer. »

Les larmes lui montent aux yeux à mesure qu’elle relate le calvaire à la suite duquel elle s’est retrouvée enceinte. Elle ajoute : « J’ai une fille qui a un an et demi maintenant. »

Ce viol fut une autre grande souffrance pour Mariama qui n’a jamais connu son père et qui a perdu sa mère dès sa tendre enfance, à l’âge de six ans. Originaires de Madagascar, ses jeunes frères et sœurs et elle allèrent vivre chez leur tante à Moroni, la capitale des Comores.

Depuis cette rude épreuve, Mariama doit affronter son violeur dans les rues de Moroni, car il a été emprisonné, mais relâché après avoir purgé seulement un an derrière les barreaux.

Mariama affirme que se retrouver enceinte après avoir été violée a été traumatisant. Mais elle a surmonté son épreuve en partie grâce au soutien du Service d’écoute et de protection des enfants et des femmes victimes de violences.

Elle déclare : « Ma tante a appris l’existence du centre grâce à une amie et elle m’a conduite ici. » Mariama a reçu une assistance médicale et juridique, et l’auteur a été emprisonné pour son crime. Mais sa libération a créé un sentiment de peur chez la jeune femme.

Elle déclare : « Je le vois toujours dans notre quartier, mais je reste toujours à l’écart ou je change de chemin. Lorsqu’il tente de me parler, je ne réponds pas. »

Mariama se concentre désormais sur ses études. Elle espère devenir avocate afin de pouvoir défendre les filles qui subissent le même sort, y compris sa fille. Elle déclare : « Je veux qu’elle puisse mieux se défendre, ainsi que les autres jeunes filles qui pourraient vivre une forme quelconque d’abus. »

Pays majoritairement musulman, les Comores sont constituées de quatre petites îles et comptent environ trois quarts d’un million d’habitants. On y trouve de solides pratiques culturelles, religieuses et coutumières, comme le mariage des enfants et les droits de succession, qui nuisent aux femmes et aux filles, et qui favorisent la violence basée sur le genre.

Les femmes qui vivent ce genre de pratiques et d’autres formes de violence sollicitent régulièrement l’aide du Service d’écoute et de protection des enfants et des femmes victimes de violences. Said Ahamed Said travaille au ministère de la Santé des Comores. Il déclare : « La maltraitance des femmes et des filles est assez courante. Par exemple, en 2021, nous avons reçu 173 signalements d’actes de violence sexuelle contre des femmes et des filles, dont 162 filles âgées de moins de 17 ans. »

Toutefois, il se peut que ce soit juste la pointe de l’iceberg, car beaucoup de femmes sont aux prises avec la violence économique parce que les hommes ne paient pas les allocations familiales après le divorce. Monsieur Said affirme qu’il s’agit d’une situation assez courante.

Malgré les sensibilisations du centre, plusieurs femmes battues, exposées à la discrimination et au viol au sein de la famille ne signalent pas ces situations par crainte de devenir des parias, ou de ne pas pouvoir se prendre en charge financièrement.

Monsieur Said explique : « C’est tabou pour une femme de signaler une violence. Même lorsqu’elle est battue, tant qu’elle vit sous le même toit que l’homme, elle ne viendra pas. Ces femmes n’ont aucune source de revenus et il n’y a pas de services sociaux dans le pays pour gérer ce type de situations, ou vers lesquels ces femmes peuvent aller chercher refuge. C’est pourquoi nous espérons que des personnes de bonne volonté pourront appuyer l’aménagement d’un espace pour accueillir ces femmes en plus du soutien juridique que nous leur offrons. »

Selon une enquête réalisée en 2012, 17 pour cent de Comoriennes avaient vécu au moins un épisode de violence dès l’âge de 15 ans.

Monsieur Said déclare : « Notre objectif est de sensibiliser la population concernant les différentes formes de violence. Et après 17 ans d’existence de ce centre, il est encourageant de voir que les gens prennent de plus en plus conscience et qu’ils peuvent dénoncer la violence, contrairement à ce qui se passait avant. »

La présente nouvelle est inspirée de l’article du FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la population), intitulé « Girl defies stigma of rape and resulting motherhood to pursue her dream of being a lawyer, », publié sur son site Web, ainsi que d’extraits de l’article du Bureau des Nations Unies à Genève intitulé « Delivering justice for abused child brides in The Comoros. », publié dans Africa Newsroom. Pour lire l’intégralité des articles, cliquez sur : https://esaro.unfpa.org/en/news/girl-defies-stigma-rape-and-resulting-motherhood-pursue-her-dream-being-lawyer [1] et https://www.africa-newsroom.com/press/delivering-justice-for-abused-child-brides-in-the-comoros?lang=en [2].

Photo : Mariama reçoit le soutien du Service d’écoute et de protection des enfants et des femmes victimes de violence, ce qui l’aide à surmonter le traumatisme. Crédit : UNFPA Comores.