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Comores : Les agriculteurs se tournent vers la culture de tomates plus rentable que la banane

Dans son treillis, Ali Msa ressemble à un soldat au combat. Mais il est jardinier. Monsieur Msa arrose ses plants de tomate à un rythme régulier et maîtrisé. Parfois, il accélère, parfois il ralentit et s’arrête quelques instants pour admirer un plant. À l’aide des tuteurs, il maintient fermement les tiges au sol et enlève les fleurs gâtées.

Il se lève de bonne heure pour se préparer pour la longue journée chaude qu’il passera au champ. Il transporte un gros jerricane d’eau sur le dos pour l’aider à affronter la température qui atteint souvent 40 degrés en mi-journée.

Monsieur Msa a 55 ans et cultive des tomates sur son champ de deux hectares, à Kandzilé, un village situé à 40 kilomètres de Moroni, la capitale des Iles Comores.

Autrefois, il cultivait de la banane, mais le rendement était devenu faible et le cycle d’attente avant les récoltes très long.

En plus de cela, il lui était de plus en plus difficile, au fil des ans, de parcourir les six kilomètres de route dans la forêt qui séparaient son village du champ de bananes. Comme monsieur Msa ne pouvait se rendre dans son champ régulièrement, les voleurs emportaient la moitié de ses bananes lorsque celles-ci étaient prêtes pour la récolte. Ses difficultés financières s’amoncelaient et il n’arrivait plus à nourrir sa femme et ses six enfants.

Puis, en 2010, il consacra une année à apprendre les techniques de culture, d’entretien, de récolte et de vente des tomates auprès d’un groupe de producteurs du village.

Avec quelques économies et 200 000 francs comoriens (496 $ US) offerts par un proche, monsieur Msa lança un nouveau projet. Il avait hérité d’un champ près du village, à une heure de marche, où il décida de cultiver de la tomate. Il a acheté des outils, des équipements d’irrigation, des treillis, des tuteurs, et du fumier de compost pour préparer le sol avant de semer.

Pour nourrir mille plants de tomates, monsieur Msa a besoin de 15 sacs de 50 kilogrammes de fumier, et chaque sac coûte 3 000 francs comoriens (7,44 $ US). Il met parfois en terre jusqu’à 2 000 pieds en fonction du montant d’argent dont il dispose.

Il explique ce qui se passe par la suite : « Après avoir planté les graines, j’arrose régulièrement les plants et je veille aussi à éloigner les mouches, les limaces, les virus et les bactéries pour éviter que mes plants de tomates ne soient affectés par des maladies. »

Monsieur Msa affirme utiliser régulièrement des insecticides pour protéger ses plants de tomate contre les insectes. Mais il ajoute que ce type de traitement peut être dangereux pour la tomate et l’homme si on ne respecte pas les recommandations concernant les doses nécessaires et la protection. Il utilise une seringue d’insecticide dans 15 litres d’eau, une fois par semaine. Lorsqu’il y a trop de mouches, il applique l’insecticide une deuxième fois dans la même semaine.

Pour manipuler ces produits, il recouvre son visage et porte des gants. Il évite également de boire et fumer pendant qu’il utilise l’insecticide.

Une fois qu’il a terminé, il se lave minutieusement les mains, le visage et le cou. Puis, il patiente pendant le temps d’attente recommandé avant de récolter les tomates pour limiter les risques de présence de résidus de pesticides dans la nourriture.

Monsieur affirme qu’il a l’intention de tester prochainement des produits naturels pour repousser les insectes tels que la citronnelle, les pétunias et la lavande sur ses plants de tomates.
L’agriculteur cueille en moyenne 3 500 kilogrammes de tomates à chaque récolte, et gagne près de 2 625 000 francs comoriens (6 500 $ US) trois fois par an.

Entre les mois de mai et août, la plupart des producteurs et des productrices de tomates gagnent entre 250 et 500 francs comoriens (0,62 à 1,24 $ US) par kilogramme. Mais monsieur Msa peut obtenir jusqu’à 2 000 francs par kilogramme (4,95 $ US) en saison sèche, lorsqu’il y a beaucoup moins de tomates fraîches.

Il déclare : « Avec la banane, je devais attendre presque une année avant de pouvoir récolter, tandis qu’avec les tomates, je peux récolter jusqu’à trois fois l’année. J’ai un revenu plus régulier pour subvenir aux besoins de ma famille.

Il ajoute : « Je gagne plus d’argent même si la tomate demande un peu plus d’attention et de travail. Je paie la scolarité de mes enfants, assure leur santé et fais aussi des économies pour acheter des engrais et continuer la production des tomates. »

Youssouf Mmadi cultive aussi des tomates. Il a abandonné son champ de bananes en 2015 pour les mêmes raisons que monsieur Msa et a acheté deux hectares de terre à une heure et demie de route environ du même village. Maintenant il est un homme heureux.

Grâce à un investissement de 150 000 francs comoriens (372 $ US) reçu de ses proches, et après une formation de cinq mois avec le même groupe qui a formé monsieur Msa, monsieur Mmadi a commencé à cultiver des tomates.

Monsieur Mmadi explique : « Jamais je ne suis parvenu à gagner plus d’un million de [francs] quand je cultivais la banane, malgré mes meilleurs efforts …. Avec la tomate, c’est plus facile de gagner plus. »

La tomate est la première production maraichère aux Comores. Les variétés les plus cultivées sont le Mongal et le Kiara, car elles résistent mieux aux maladies et produisent bien.

Les deux agriculteurs espèrent trouver le moyen de conserver les tomates pendant les périodes de production abondante afin de pouvoir les vendre plus tard lorsque la demande est plus forte. Actuellement, ils évitent le gaspillage en vendant leurs produits à un prix réduit, ce qui signifie qu’ils réalisent moins de bénéfices.