Comores: Des agriculteurs délaissent les cultures de haute gamme pour se tourner vers la culture de denrées alimentaires de base (par Ahmed Bacar, pour Agro Radio Hebdo, aux Comores)

| mars 11, 2013

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L’ylang-ylang est une culture populaire dans le village comorien de Mbambani. C’est un arbre à feuilles persistantes, parfois appelé l’arbre parfum. Lorsqu’il fleurit, ses fleurs jaunes produisent une forte odeur sucrée. Les agriculteurs vendent les fleurs au kilo. Mais, il y a quelques années, le prix de vente a chuté. C’est à ce moment-là que certains agriculteurs ont délaissé la culture de ses fleurs pour se concentrer sur la culture de denrée alimentaires de base.

Said Abdou cultive l’ylang-ylang depuis qu’il a 20 ans. Il vendait à des commerçants qui exportaient la fleur vers l’Inde. Les fleurs d’ylang-ylang sont distillées pour leur huile essentielle et utilisées pour la fabrication de parfums. M. Abdou  gagnaient bien sa vie. Une seule récolte pouvaient lui rapporter jusqu’à 500 000 francs comoriens, soit environ 1 300 dollars américains. Il récoltait les fleurs trois fois par an.

En fait, l’ylang-ylang a toujours été important à l’économie comorienne. En 1998, il représentait environ un tiers de la valeur des exportations du pays. Mais une décennie plus tard, la crise économique mondiale a entraîné une baisse des ventes de parfums. La demande d’ylang-ylang a fortement baissé. Les producteurs se sont retrouvés avec des récoltes que personne ne voulait acheter. M. Abdou a donc décidé qu’il était temps de cultiver autre chose.

À 61 ans, M. Abdou ne veut pas entendre parler de retraite. Il continue à cultiver pour nourrir sa famille, dont quatre de ses enfants qui sont au collège. Ces jours-ci, il répond aux besoins de sa famille en cultivant la banane et le manioc pour la vente. Il dit: « Il est vrai qu’avec l’ylang-ylang, j’ai gagné beaucoup plus que ce que je gagne actuellement en produisant la banane et le manioc, mais je n’ai pas le choix, mes enfants veulent manger et aller à l’école. »

En un an, M. Abdou est arrivé à obtenir deux récoltes de bananes et deux récoltes de manioc. Il gagne moins de la moitié du revenu qu’il a faisait avec l’ylang-ylang lorsque les prix étaient bons. Il dit qu’il ne peut pas couvrir toutes les dépenses de sa famille. Heureusement, trois de ses enfants sont maintenant indépendants et peuvent aider à combler le déficit.

Ahamada Tabibou est un autre producteur d’ylang-ylang dans le même village que M. Abdou. Il a environ le même âge que M. Abdou et a quatre enfants. Mais,  il a pris une approche différente à la baisse des prix de l’ylang-ylang. Il continue à cultiver les fleurs dans l’espoir qu’il pourra une fois de plus obtenir de bons prix. Il insiste: «  On a le droit de garder espoir car l’ylang-ylang est un produit très recherché. » M. Tabibou arrive à trouver des commerçants qui lui achèteront son ylang-ylang, mais pour un prix très bas. Il cultive du manioc pour aider à nourrir sa famille.

M. Abdou cherche à compléter les revenus de sa famille. Il pense ouvrir une petite agro-concession avec ses fils. Ils vendraient des intrants agricoles, tels que des pesticides et des engrais chimiques. Toutefois, il n’a pas arraché ses arbres d’ylang-ylang. Si le prix augmente, il espère cultiver le ylang-ylang dans un avenir prochain.