Cameroun : une chercheuse d’emploi commence une nouvelle vie grâce à un don de vache

| septembre 15, 2014

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Mary Nfor Ngwa commence chaque matin par une visite de ses vaches. Elle regarde leur habitat, elle les touche et leur parle. Pendant qu’elle donne de l’herbe à brouter à l’une de ces bêtes, elle dit : « Cette vache a changé ma vie. Elle m’a redonné de l’espoir ».

Mme Nfor Ngwa a été institutrice pendant neuf ans dans une école primaire privée de Bamenda, la capitale de la région du Nord-Ouest du Cameroun. En 2009, son école ferme suite à un incendie. Faute de moyens pour rebâtir le bâtiment, l’école n’a pu rouvrir ses portes. Mme Nfor Ngwa perd son emploi. N’ayant pas trouvé un autre poste d’enseignante, elle retourne à Santa, son village à 25 kilomètres au sud de Bamenda.

Un voisin invite Mme Nfor Ngwa à adhérer à un regroupement local et à s’inscrire sur une liste d’attente pour un don de vache. Elle se souvient bien de ce jour. Elle raconte : « Cette demande m’a fait sourire. En tant qu’institutrice diplômée, je ne me voyais pas dans la peau d’une éleveuse. Je voyais cette hypothèse comme une déchéance ».

L’ONG Heifer International a lancé le système de don de vache dans un village voisin. L’idée a intéressé un groupe de jeunes de Santa qui l’a adopté.

Peter Mbu a bénéficié du don de vache quelques années plus tôt que Mme Nfor Ngwa et il est celui qui l’a encouragé à devenir éleveuse. Il explique : « Le système de don de vache consiste au fait qu’une personne reçoit une vache laitière d’un membre de la communauté. Lorsque la vache met bas, cette personne donne une femelle à un autre membre de la communauté et ainsi de suite ». L’agricultrice ou l’agriculteur reçoit la vache gratuitement à condition d’accepter de donner à son tour un veau femelle gratuitement à quelqu’un d’autre. Pour en bénéficier, elle ou il doit à l’avance mettre en place le dispositif pour élever une vache, à l’exemple de l’étable.

Mme Nfor Ngwa s’est donc inscrite dans le regroupement. Elle dit : « Environ six mois après mon inscription sur la liste d’attente, j’ai reçu une vache laitière et je me suis dit : « qu’est ce que je vais en faire ?  ».

Avec l’aide des membres de la communauté, Mme Nfor Ngwa a pu s’adapter à sa nouvelle vie.  Elle gagne mieux sa vie qu’à l’époque où elle était institutrice. Elle dit : «J’agrandi progressivement mon cheptel et je vends les veaux. Je vends également du yaourt fabriqué à partir du lait de vache. J’ai d’ailleurs récemment acheté un congélateur avec les revenus de ma vache ».

Malgré son nouvel emploi du temps, Mme Nfor Ngwa n’a pas oublié la transmission du savoir. Avec un large sourire, elle dit : « J’aimerais créer des classes de vacances pour enseigner aux jeunes l’amour de l’élevage et ôter de leur tête cette idée que l’élevage et l’agriculture sont réservés à ceux qui ont échoué ailleurs ».