Cameroun : Les petits agriculteurs perdent toute leur production et leurs maisons à cause des pluies diluviennes (par Anne Mireille Nzouankeu pour Agro Radio Hebdo au Cameroun)

| septembre 10, 2012

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Aicha Oumar vit actuellement sous une tente dans un camp de fortune. Sa maison se situe à Maga, un village dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Là, elle cultive du mil, du maïs et des cultures maraichères. Elle élève aussi du petit bétail. Mais, cette année, elle ne récoltera rien car elle vient de perdre toute sa production. Malheureusement, elle n’a aussi plus de maison. Sa maison et ses cultures ont été détruites par des pluies diluviennes qui ont forcé l’évacuation de son village ainsi que trois autres villages.

Elle raconte : « Je n’ai plus rien : ni champ, ni maison, ni bétail, pas de papiers d’identité. Même les diplômes de mes enfants sont  perdus ».

Les inondations ont été causé par une très forte saison de pluie a forcé des petits cours d’eau à sortir de leur lit. Mme Oumar ne comprenait pas ce qui se passait mais elle se disait que c’est temporaire. Elle raconte: « Cette année, il a plu plus longtemps et surtout plus abondamment que les années antérieures. Depuis le début du mois d’août, je constatais que le niveau d’eau augmentait. Puis un jour, on nous a dit que nous devons quitter le village car il y a un risque d’inondation.»

Elle ajoute : « Au début, nous n’avons pas voulu quitter nos maisons. Mais, une nuit, le village a presque été englouti et nous avons fui en urgence. Je n’ai même pas pu prendre un vêtement.»

Les quatre villages touchés sont composés d’environ 350 familles d’agriculteurs et d’éleveurs. On rapport qu’environ 14 personnes auraient perdu leurs vies à cause des inondations. Près de 4000 personnes auraient été déplacées. Il s’agit de petits agriculteurs qui ont pour la plupart moins d’un hectare de surface cultivable chacun.

D’après les statistiques officielles, c’est environ 15.000 hectares de cultures diverses parmi lesquelles, le coton, le riz, le maïs, le mil, les tubercules et les cultures maraichères qui ont été emportées par les eaux.

En fait, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun qui fait partie du Sahel est soumise à une forte sécheresse une bonne partie de l’année. Il y a une courte saison des pluies qui dure entre deux et trois mois. La région est traversée par plusieurs petits cours d’eau qui sortent très souvent de leur lit lors de la saison des pluies. A cela s’ajoute le fait qu’une partie de la région est construite dans une sorte de cuvette entourée de montagnes, d’où l’évacuation difficile des eaux.

Pour protéger la population et le périmètre agricole, l’état a construit des digues sur les rives des fleuves Logone et Maga. Ces digues permettent en même temps de retenir de l’eau lorsqu’il y en a en abondance, et de redistribuer cette eau aux agriculteurs en saison sèche.

Mais, à cause d’une pluviosité plus abondante que d’habitude et du vieillissement des infrastructures, ces digues se sont fissurées par endroit et la « cuvette » n’arrivait pas à évacuer le surplus d’eau.

L’état a distribué un total de 30 millions de Francs CFA (environ 58 000 dollars américains) pour subvenir aux besoins prioritaires des villageois qui ont été évacués. Des dons en nourriture, en eau minérale et en médicaments leur ont également été remis. Des travaux d’urgence ont été annoncés pour colmater les fissures sur les digues. Mais ces actions ne rassurent pas les populations.

Abdouraman Dako est un éleveur qui déclare avoir perdu 43 bœufs durant les inondations. Il dit : « Je suis très inquiet car nous avons appris que la météo annonce d’autres pluies toutes aussi abondantes. Nous ne savons quand nous pourrons rentrer chez nous. Le plus dur reste à venir. Nous espérons recevoir de l’aide de l’État pour le recasement sinon ce sera difficile de se refaire une autre vie sans ressources».

L’État n’a pas encore évoqué la question du recasement des sinistrés. Le plus urgent étant de contenir les eaux car, les débordements des fleuves s’étendent déjà à trois régions du Cameroun qui sont aussi touchées par les inondations.