Cameroun : Les mesures contre la peste porcine africaine frappent de plein fouet les éleveurs de porcs (par Anne Mireille Nzouankeu, pour Agro Radio Hebdo au Cameroon)

| juillet 30, 2012

Téléchargez cette nouvelle

Dieunedort Mouaffo est un éleveur de porc à Bafoussam, la capitale de la région de l’Ouest du Cameroun. Le 23 juillet dernier, les 38 porcs qu’il possédait ont été abattus lors d’une tentative d’arrêt de l’épidémie de peste porcine africaine qui sévit à travers le pays depuis le mois d’avril. Assis sur un tabouret près de sa porcherie, l’éleveur répète inlassablement la même phrase : « Le crédit, je suis mort, le crédit, je suis mort ». Puis, M. Mouaffo s’évanouit et est transporté d’urgence dans un centre de santé.

Dès son réveil, l’éleveur confie que pour commencer son élevage, il avait hypothéqué le titre foncier de sa maison pour obtenir un crédit bancaire. Il y avait mis toute son énergie et ses ressources. Il se plaint : « Au moment où je dois rentrer dans mes frais, je perds tout. Comment vais-je rembourser mes dettes ? Ma maison, mes enfants, voilà la rentrée scolaire qui approche. Je suis mort. »

Le Dr René Saleu est le délégué pour la région de l’Ouest du ministère de l’Élevage, des pêches et des industries animales. Il dit que 15 000 porcs ont déjà été détruits en quatre mois pour empêcher l’épidémie de se propager aux autres régions du pays.

L’alerte a été lancée dès le mois d’avril mais les éleveurs refusaient de déclarer leurs animaux malades. Cela a favorisé la propagation de l’épidémie, entrainant de nombreuses pertes. C’est la raison pour laquelle le Dr. Saleu a mis sur pied une équipe de vétérinaires qui sillonnent toute la région pour vérifier chaque élevage et abattre les animaux malades. Ils visitent les éleveurs, dont le cheptel est petit, car ils ne disposent pas de moyen pour accéder aux services d’un vétérinaire. Donc, les  animaux de ces petits éleveurs n’ont pas été vaccinés.  Les carcasses sont ensuite transportées dans un camion à la sortie de la ville pour y être enfouies dans des fosses.

Des barrages routiers ont été installés sur les principales sorties de la ville pour empêcher les éleveurs d’aller vendre leurs bêtes hors de la région. Le 22 juillet dernier, le camion d’un éleveur qui tentait de faire sortir 80 porcs de la ville a été intercepté. Des éleveurs qui ont peur de tout perdre bradent leur cheptel. C’est le cas d’Etienne Fosso Fokou qui explique : « Habituellement, je vends un porc entre 150 000 et 450 000 FCFA (soit entre 275 et 975 dollars américains) en fonction de la grosseur. Aujourd’hui, les rares clients qui sont intéressés me proposent entre 20 000 et 25 000 FCFA (entre 25 et 35 dollars américains). Je suis obligé d’accepter ce prix sinon je perds tout. »

Les bouchers aussi se plaignent. L’un d’eux dit : « En décembre 2011, le kilogramme de porc coûtait 2500 FCFA (environ 2,5 dollars américains). Aujourd’hui il est de 400 FCFA (0,75 cents américains). »

L’État les a formé au respect des mesures d’hygiène et leur a offert du matériel de désinfection. Mais les éleveurs espèrent plus. Dieunedort Mouaffo dit : « Ce n’est pas suffisant. En tant qu’éleveur, j’espère une aide financière de l’État sinon je serais obligé d’arrêter l’élevage. »

Le Dr. Saleu avoue son impuissance. Il explique : « La question du dédommagement des éleveurs ne relève pas de ma compétence. Pour l’instant, j’ai reçu l’ordre de circonscrire la propagation de l’épidémie, d’enregistrer et de photographier tous les animaux qui doivent être abattus. »

Pour de plus amples informations sur la peste porcine africaine, visitez le site Web suivant : http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Media_Center/docs/pdf/Disease_cards/ASF-FR.pdf