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Cameroun : Les agriculteurs trouvent que les engrais organiques sont un bon substitut aux engrais chimiques (écrit par Lilianne Nyatcha, pour Agro Radio Hebdo, à Douala, Cameroun)

À Nkongsamba, ville agricole située à environ 200 km de Douala, la capitale économique du Cameroun, la flambée des prix des engrais chimiques a changé la perspective des agriculteurs envers les engrais naturels.

Au cours de la dernière année, le sac d’engrais chimique de 50 kg est passé de 12000 FCFA (29 dollars américains ou 17 euros) à 18000 FCFA (43 dollars américains ou 27 euros). Mme Lisette YOUTCHEU, 58 ans, utilisait toujours des engrais chimiques sur ses 3 petits champs de maïs, de manioc et d’arachides. Mais, depuis que le prix des engrais chimiques a augmenté, elle essaye maintenant d’utiliser la fiente de porc. Elle explique que cette année, elle a déboursé 9000 FCFA (21 dollars américains ou 14 euros) pour se procurer un demi-sac d’engrais chimique et 4800 FCFA(11 dollars américains ou 7euros) pour acheter 4 sacs de 50 kg de fiente séchée. C’est le mélange de ces 2 fertilisants qu’elle a utilisé pour sa culture, ce qui lui a permis de faire de substantielles économies. Elle dit avoir obtenu la même qualité et quantité de production que dans les années précédentes où elle n’utilisait que des engrais chimiques. Cette agricultrice regrette d’avoir ignoré aussi longtemps ces engrais naturels.

Mme Anne Ngoueke, 63 ans, est plus amère. En effet, en 2007, elle a emprunté 30000 FCFA (72 dollars américains ou 46 euros) pour s’offrir les 2 sacs d’engrais nécessaires pour alimenter les 3 parcelles qu’elle cultive. Sa récolte avait baissé parce que, faute d’argent, elle n’avait mis de l’engrais qu’une seule fois au lieu de 2. Pendant ce temps, son fils, éleveur de porc, jetait sous ses yeux, les fientes issues de sa porcherie… Aujourd’hui, à cause de la hausse vertigineuse des prix des engrais chimiques, elle a changé ses habitudes, suivant des exemples de son entourage. Désormais, avant la période des semences, elle collecte, sèche et stocke elle-même les fientes de porc, qu’elle utilise au moment opportun pour ses cultures de haricot et de maïs.

Les cultivatrices qui n’ont pas facilement accès à ces fertilisants, nouvellement mis en valeur à Nkongsamba, les achètent aux éleveurs. Cette reconversion des planteurs constitue pour eux une nouvelle source de revenus, comme nous l’a confirmé M. David Wambo, éleveur de volaille, de lapins et de porcs depuis 1963. En se basant sur la forte demande, le quinquagénaire affirme que depuis 4 ans, la cherté progressive des engrais chimiques, a poussé les agriculteurs à se procurer des fientes de porc et de poulet. Dans les années antérieures, il jetait ces déchets après en avoir utilisé une partie minime pour ses propres champs de soja, de maïs et de piment. Maintenant que la demande tend à dépasser l’offre, il vend le sac de 50 kg de fiente de porc à 1500 FCFA (4 dollars américains ou 2 euros) et celle de poulet à 2000 FCFA(5 dollars américains ou 3 euros). Le vieil éleveur regrette que les agriculteurs aient mis tant d’années avant de comprendre que ces excréments- précédemment bons pour la poubelle- constituent une vraie solution au coût toujours plus élevé des engrais chimiques.
Cliquez ici pour voir les notes aux radiodiffuseurs sur l’engrais organique [1]