Cameroun : Des agriculteurs domestiquent l’okok sauvage pour augmenter leurs revenus

| juin 24, 2013

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D’un geste lent, Roger Awana arrache soigneusement les feuilles d’une liane et les met dans un panier. M. Awana est un agriculteur de la ville d’Obala, à environ 30 kilomètres  de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun.  Les feuilles de cette liane sont appelées localement Okok. Grâce aux revenus générés par la vente de l’Okok,  M. Awana a construit une nouvelle maison.

L’Okok est une liane grimpante qui pousse naturellement dans la forêt. Ses feuilles sont consommées et entrent aussi dans la composition de la pharmacopée locale. M. Awana a commencé sa production et vente d’Okok en 2009 après avoir assisté à une réunion avec d’autres agriculteurs. Un visiteur a appris aux agriculteurs que la domestication de l’Okok est une façon d’assurer la pérennité de la plante. Il se souvient : « Nous avons tous ri à l’annonce de cette nouvelle. Nous lui avons demandé pourquoi gaspiller du temps et de l’argent pour domestiquer une plante qui pousse toute seule en forêt » ?

M. Awana a été formé à la domestication de l’Okok par un projet financé par le ministère en charge de l’agriculture. Pierre Ayissi Nanga est le coordonnateur de ce projet, qui est connu localement par l’acronyme PAPCO. Il explique : « Nous avons constaté que la consommation d’Okok était assez élevée et les quantités diminuaient en forêt. » Le projet PAPCO a donc créé pour protéger l’Okok en augmentant sa production, tout en augmentant les revenus des agriculteurs et en créant des emplois.

M. Awana avait déjà des arbres fruitiers mais il a quand même décidé de tenter cette nouvelle expérience avec l’okok. Il raconte le processus de domestication: « l’agriculteur doit d’abord acquérir un contenant transparent avec un couvercle.  L’agriculteur doit ensuite y planter des boutures de deux à quatre feuilles d’Okok. Chaque matin pendant 40 jours à peu près, on les pulvérise avec un peu d’eau jusqu’à ce qu’on constate que les racines commencent à pousser. L’agriculteur doit ensuite transplanter les jeunes plants dans des sacs plastiques contenant de la terre, qui doivent être posésà l’abri du soleil sous un hangar. On les arrose deux fois par semaine pendant 50 jours environ. Et après, ils sont prêts à être plantés en champ.

Selon M. Nanga, les rendements annuels à l’hectare de champ d’Okok varient en moyenne d’une tonne la première année à  7,5 tonnes la seconde année. M. Awana a commencé par un petit champd’un dixième d’un hectare. Aujourd’hui, il a trois fois cet étendu.

Il a choisi de n’associer aucune autre plante à l’Okok. Il dit : « On plante l’Okok une seule fois et la plante ne demande ni engrais, ni produits phytosanitaires. Lors de la récolte, on coupe juste les feuilles en prenant soin de ne pas toucher le bourgeon. »Il explique l’augmentation de ses récoltes ainsi : « Lorsqu’on arrache deux feuilles [d’un jeune plant], quatre à huit autres feuilles repoussent [la prochaine saison] ».

M. Awana vend les bottes d’Okok ainsi que les plants de 90 jours aux agriculteurs qui veulent commencer la domestication. Le prix est négociable mais M. Awana n’acceptera pas moins que 400 FCFa (0,80 dollar américain) par plant.

Ses affaires vont bien. Marie Bernard Messi est un agriculteur qui a récemment commencé la domestication de l’Okok. Il explique : « J’attendais de voir les résultats du champ de M. Awana avant de m’engager. Ses résultats m’encouragent à essayer ».