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Burkina Faso : une productrice fait des bénéfices grâce au maraîchage biologique

Aminata Ouédraogo se faufile entre les planches vertes de salade, d’oignon, d’oseille. Arrosoir en main, elle sourit en travaillant. En cette période d’hivernage dans la capitale Ouagadougou, peu propice au maraîchage à cause des fortes pluies, Mme Ouédraogo parvient tout de même à produire plusieurs sortes de légumes.

Anciennement productrice conventionnelle, elle s’est convertie au maraîchage biologique il y a 3 ans. Elle affirme que cette décision a complètement changé sa vie. Ses revenus ont considérablement augmentés. La femme de 40 ans gagne en moyenne 50 000 Francs CFA [86$ US] par mois. C’est considérable mieux en comparaison au 20 000 F CFA [35$ US] par mois qu’elle obtenait auparavant.

Les légumes biologiques coûtent plus chers que les légumes conventionnels. Pourtant, cela ne dérange pas les clientes et les clients fidèles de Mme Ouédraogo. Depuis deux ans, Germaine Tapsoba achète chaque semaine les légumes de Mme Ouédraogo. Mme Tapsoba dit : « J’attache plus d’attention à la qualité que le prix. Les légumes bios sont cultivés sans produits chimiques donc bon pour ma santé ».

La qualité des produits, c’est le principal argument de vente des productrices et producteurs des légumes biologiques. Mme Ouédraogo dit : « Nous vendons des produits sains qui ne contiennent aucun produit chimique. De plus, nous utilisons de l’eau de source pour arroser les plants ».

Mme. Ouédraogo a appris la production biologique auprès d’une association féminine.  Cette association, « La Saisonnière », œuvre pour l’autonomisation financière des femmes par l’agriculture et l’alphabétisation. L’association encourage ses membres à produire des aliments biologiques car elle estime que c’est plus rentable. L’association offre également à chaque femme une parcelle de terre.

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Photo: Nourou-Dhine Salouka

Plusieurs femmes ont été inspirées par le succès de Mme Ouédraogo et de ses paires productrices. Sanata Ouédraogo est une productrice de Loumbila à 15 km de Ouagadougou qui veut suivre les pas d’Amina Ouédraogo. Elle a suivi une formation d’une semaine à « La Saisonnière » pour apprendre la production biologique. Mme Sanata Ouédraogo est confiante qu’elle pourra augmenter ses revenus grâce aux légumes biologiques. Elle dit : « Si je réussis, je suis sûre que les membres de mon groupement féminin se convertiront au bio ».

Mme Aminata Ouédraogo a réduit ses coûts de production en passant à l’agriculture biologique. Elle n’a plus besoin d’acheter ni engrais ni pesticides chimiques. Elle les fabrique elle-même avec les autres productrices de son groupement féminin. Les maraichères produisent du compost avec la biomasse présente dans leurs parcelles. Le compost remplace l’engrais chimique. Elles ont aussi parfois recours à la fumure animale.

Pour combattre les parasites, Mme Ouédraogo utilise des préparations végétales fait-maison, produites à base de feuilles du Nimier, de papayer et du piment. Elle dilue dans de l’eau les feuilles mâchées. Ensuite, elle ajoute du piment. Au bout d’une dizaine de jour, le pesticide est prêt pour l’usage. Ce mélange pulvérisé sur les plantes chasse les nuisibles sans conséquence sur les légumes ou les humains.

Les bénéfices de son activité profitent à toute sa famille. Mme Ouédraogo est mère de six enfants dont cinq sont scolarisés. Son mari étant au chômage depuis cinq ans, c’est elle qui subvient à tous les besoins de la famille.

Mme Ouédraogo dit : « Grâce à mes revenus, je suis tranquille. Même si mon mari ne m’aide pas, je pourrais payer les études de mes enfants cette année encore ».