Burkina Faso : Une plateforme aide des agricultrices et des commerçantes à réaliser de meilleurs bénéfices

| septembre 28, 2020

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Nouvelle en bref

Bobo-Dioulasso est une région agricole du Burkina Faso. Les femmes de là-bas sont nombreuses à cultiver, mais sont également détaillantes ou grossistes. Il est important que les agriculteurs(rices) et les commerçant(e)s connaissent les prix du marché, s’ils/elles veulent réaliser de meilleurs bénéfices. Cependant, plusieurs n’ont toujours pas accès aux meilleures informations concernant les prix malgré l’existence du SIMA, une plateforme d’information qui recueille et diffuse les prix journaliers des produits agropastoraux. Malheureusement, beaucoup d’agriculteurs(rices) ignorent comment accéder au système. Les agriculteurs(rices) comme Aminata Tapsoba préfèrent se rendre au marché pour s’informer sur les prix.

Bobo-Dioulasso est une ville agricole du Burkina Faso. Après la culture du coton vient celle des céréales, la deuxième en termes de superficies emblavées. Plusieurs femmes pratiquent l’agriculture, mais également le commerce dans cette partie du pays, et gagnent un revenu en tant que détaillantes ou grossistes.

Les informations sur les prix sont importantes en ce qu’elles permettent aux agriculteurs(rices) et aux vendeurs(euses) de réaliser le meilleur profit. Beaucoup d’agriculteurs(rices) ne reçoivent pas toujours des renseignements sur les meilleurs prix malgré l’existence du SIMA, un système d’information qui recueille et diffuse les prix des produits agropastoraux chaque jour. Cette plateforme interactive met les producteurs(rices) en contact avec les commerçant(e)s afin de règlementer et faciliter les achats et les ventes par la diffusion quotidienne des prix des céréales sur la plateforme et sur certains médias locaux. Mais plusieurs agriculteurs(rices) n’y ont pas accès.

Aminata Tapsoba produit du niébé depuis plus de six ans sur sa portion de terre d’un hectare offerte par son mari. Sa récolte lui permet de compléter le revenu de son époux quand cela est nécessaire pour nourrir la famille. Au cas contraire, elle vend sa production pour subvenir à ses besoins.

Elle déclare « En dehors d’une urgence, j’attends souvent quand le prix est acceptable sur le marché pour vendre mon haricot. Pour connaître les prix, je me rends moi-même au marché ou j’envoie quelqu’un se renseigner pour moi. »

Awa Ouédraogo exploite trois hectares depuis 2002. Elle y cultive entre autres du riz et du niébé. Comme madame Tapsoba, elle s’informe également sur les prix des céréales au marché directement. Cependant, elle déclare : « Le prix des céréales n’influe aucunement sur les superficies que j’emblave. C’est en fonction de mes moyens à investir que je choisis mes spéculations. »

La plateforme SIMA devrait permettre à tous les agriculteurs(rices) d’avoir accès aux informations sur les prix, mais ces deux agricultrices ne la consultent pas. Madame Ouédraogo explique qu’elle connait l’existence de la plateforme, mais ne la consulte pas parce qu’elle ne sait pas s’y prendre. Elle a manqué l’occasion de participer à une formation sur l’exploitation de l’outil, car, ce jour, son enfant était malade.

La plateforme SIMA collecte, traite et diffuse des informations sur les marchés des produits agricoles. Elle a été mise en place en 2015 par la direction générale de la promotion l’économie rurale pour faciliter la commercialisation des céréales. La plateforme est également accessible aux commerçant(e)s.

Emmanuel Ouattara est le responsable de la SIMA dans la région des Hauts-Bassins, à l’ouest du Burkina Faso. Il explique que la plateforme SIMA permet de protéger les producteurs(rices) de l’abus des commerçant(e)s véreux. Il explique : « Généralement, ce sont les commerçants qui fixent les prix. En donnant les informations sur les prix d’achat au niveau de quelques marchés stratégiques, cela permet aux producteurs d’avoir une base sur laquelle négocier avec les acheteurs. Nous jouons, en effet, le rôle de médiateur et d’interface entre le producteur et l’acheteur. L’objectif est donc de permettre aux agriculteurs de profiter largement des fruits de leur labeur. »

Adja Terra est une exportatrice de céréales vers le Niger depuis une vingtaine d’années. Elle est membre de la plateforme SIMA. Elle dit : « Grâce à cette plateforme, j’entre souvent en contact avec des producteurs chez qui je peux avoir une quantité importante de céréales. Pour revendre hors du pays, au Niger précisément, je travaille avec des fournisseurs. »

Monsieur Ouattara soutient que les contrats de production offrent un autre avantage aux producteurs(rices). Il déclare : « C’est un procédé qui consiste pour un acheteur qui peut être un particulier ou un projet à lier avec le producteur un contrat. L’acheteur s’entend avec le producteur sur une quantité donnée à un prix consensuel. Du coup, le producteur connait ce qu’il aura à la récolte. »

Mitema Soulama est la présidente du groupement agricole Wekayin et elle est bénéficiaire d’un contrat de production. Ce groupement est formé de 93 femmes et 45 hommes qui cultivent du riz sur 32 hectares de bas fond aménagé, à Tiempagora à 30 kilomètres de Banfora dans la région des Cascades. Ce groupement est lié au moulin à riz et a eu un contrat pour fournir 40 tonnes de riz à raison 140 000 FCFA (235 $ US) la tonne.

Ce type de contrat peut être coordonné avec l’aide du système SIMA. Cependant, monsieur Ouattara affirme que la plateforme est peu connue des agriculteurs(rices) et des commerçant(e)s. Il explique qu’ils mettent l’accent sur leur formation et leur éducation sur les grandes organisations de producteurs(rices) de céréales. Parfois, les gens viennent dans leurs bureaux pour s’informer sur la plateforme. Mais il n’y a pas un gros budget pour les sorties de terrain pour former plus d’agriculteurs(rices) sur son utilisation.

Toutefois, monsieur Ouattara est sûr que ces lacunes seront comblées par un nouveau projet mis en œuvre pour régler la question de la résilience et la compétitivité agricole.

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

Photo crédit: Simon Scott / Farm Radio International