Burkina Faso : Pour mieux nourrir leurs enfants, des femmes produisent leurs propres légumes (Inoussa Maïga pour Agro Radio Hebdo, Burkina Faso)

| décembre 15, 2013

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Sous un soleil ardent de midi, la chaleur est intenable dans la ferme-école du village. Dans un bras, Risnata Yonaba enlace son enfant de six mois. Dans la main opposée, elle tient un arrosoir. Entre deux coups d’arrosoir sur son jardin potager, elle observe une petite pause pour allaiter son enfant en pleurs.

Au Burkina Faso, les carences en nutriments comme la vitamine A, le fer et le zinc, sont fréquentes chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. En réponse au phénomène de malnutrition, notamment chez les enfants en bas âge, l’ONG Helen Keller International (HKI) introduit le concept de la ferme-école villageoise. Mme Yonaba fait partie d’une ferme-école introduite en 2010 à Fonghin, dans la région de l’est du Burkina Faso.

Mme Yonaba et une trentaine d’autres femmes à Fonghin apprennent des techniques améliorées de jardinage pour mettre en place par la suite leurs propres jardins potagers.

Dans cette ferme-école d’à peine un quart d’hectare, Mme Yonaba apprend à cultiver du gombo, de l’oignon, de l’épinard, des feuilles d’oseille et des haricots. Une production à très petite échelle, essentiellement destinée à la consommation familiale.

Mme Yonaba explique que c’est pour son enfant qu’elle cultive les légumes. Elle comprend qu’une femme qui allaite doit bien manger pour avoir le lait dont elle a besoin pour son enfant. Elle dit : « Les légumes frais donnent beaucoup plus de lait que les légumes secs. C’est bien pour les femmes allaitantes. Les légumes frais sont bien aussi pour les enfants malnutris. Ça les aide à avoir plus de force ».

Fonghin est l’un des 30 villages où travaille HKI. L’ONG forme les femmes qui ont des enfants de 3 à 11 mois à produire des fruits et des légumes riches en nutriments.

Azara Moyenga est l’une des dernières inscrites. Elle en voit déjà les bénéfices : « Quand tu coupes quelques feuilles d’épinard, de niébé et d’oignon que tu prépares même sans sel, [et] tu ajoutes un peu d’arachide, quand tu manges, ton lait commence à couler déjà. » Mme Moyenga prépare régulièrement les feuilles de ces légumes dans sa cuisine.

Ousmane Tiendrebeogo est l’un des enquêteurs recrutés par l’ONG HKI pour suivre l’évolution de la situation alimentaire dans les villages. Il confie : « On enregistre de moins en moins de cas d’anémie grave dans les 30 villages d’intervention. »

Les fermes-écoles sont établies pour servir de modèle et enseigner les techniques de jardinage améliorées aux femmes. Une fois les femmes formées, elles reçoivent des semences et des boutures pour créer leur propre jardin.

Maintenant que Mme Yonaba a été formée, elle compte mettre en place son propre jardin potager à côté de sa maison.