Burkina Faso: Le bocage fertilise les sols arides (écrit par Nourou-Dhine Salouka, Jade Productions, pour Agro Radio Hebdo au Burkina Faso)

| septembre 13, 2010

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Champs verdoyants, arbres robustes et végétation luxuriante: les 150 hectares de la ferme-pilote de Guiè contrastent avec les champs caillouteux et nus des villages environnants. Les exploitants de cette ferme expérimentale ont réintroduit l’agriculture sur des terres arides, longtemps abandonnées. Ils utilisent une combinaison de plusieurs pratiques déjà connues comme le zaï, la jachère et le compost. Le bocage joue un rôle important dans la relance de l’agriculture et l’amélioration des sols.

Guiè est un village situé à 60 kilomètres au sud de Ouagadougou, sur le plateau central. C’est l’une des régions à faible pluviométrie du Burkina, avec moins de 650 millimètres d’eau par an. Pourtant, il y a 30 ans, les terres de Guiè ressemblaient à celles des autres villages de la région: rendements médiocres et champs abandonnés, causant une famine chronique.

Pour de plus amples renseignements et pour trouver des ressources sur le compost et la fertilité des sols, veuillez vous référer à la série d’enjeux sur la santé du sol de juillet 2010. Pour plus d’informations  au sujet de cette initiative, rendez-vous à cette adresse. 

Le sexagénaire Wango Sawadogo se souvient de cette époque avec amertume. « Dans les années 1970, se remémore le vieux Wango, nous avions abandonné nos champs à cause de la sécheresse et des rendements ridicules. Je n’arrivais plus à nourrir convenablement ma famille avec mes récoltes», dit-il. Aujourd’hui, ces mêmes champs sont redevenus fertiles. « Grâce au bocage, je parviens désormais à obtenir un rendement de 4 tonnes à l’hectare, confie-t-il, heureux. Ma famille mange à sa faim et je peux vendre le surplus.»

Cette transformation est due au bocage, qui consiste à planter des rangées d’arbres et d’arbustes le long des cultures. Cette technique de récupération et de fertilisation des sols est un long processus. Pour le mettre en œuvre, il faut au préalable délimiter le périmètre de production et le protéger par un grillage. Ensuite, la surface est divisée en plusieurs parcelles de 0,25 hectares séparées les unes des autres par des rangées de haies vives. Quelques mois avant l’hivernage, les paysans creusent des trous pour le zaï. Il s’agit de poquets de 20 centimètres de diamètre et d’une profondeur de 15 centimètres. Les trous sont rebouchés avec du compost à base de fumure animale. On y sème juste avant les premières pluies. Le zaï permet de recueillir les eaux de ruissellement pour assurer un bon développement des plants.

Tous les trois ans, les haies vives sont élaguées. Les branches broyées sont étalées sur le sol pour servir d’humus fertilisant. Pour éviter l’appauvrissement des sols, on procède à une rotation des cultures tous les deux ans. La troisième année, le champ est laissé en jachère. Il devient une aire de pâture pour les animaux. Toute cette technique est complétée par la production de pois d’angole, ce qui fertilise le sol.

Grâce au bocage, les paysans de Guiè ont pu récupérer près de 150 hectares de terre cultivable. L’objectif à moyen terme est de doubler cette superficie. Grâce à cette méthode, les paysans sont convaincus qu’ils peuvent éradiquer la sécheresse et la faim dans leur village. Il faut dire qu’avec leur expérience, ils n’ont aucune raison d’en douter!