Burkina Faso : Des riziculteurs diversifient leurs activités en élevant du poisson dans leurs rizières

| juin 12, 2017

Téléchargez cette nouvelle

Sur la ferme de Pierre Sawadogo, les poissons défilent en flèche entre les pousses de riz qui pointent hors de la rizière gorgée d’eau. Monsieur Sawadogo est l’un des nombreux riziculteurs et rizicultrices qui diversifient leurs activités agricoles en élevant du poisson près de leurs plants de riz qui poussent. Cette technique est peu coûteuse et les résultats sont positifs.

Monsieur Sawadogo est fier de sa nouvelle activité. Il cultive du riz dans une rizière de 400 mètres carrés, dans la vallée du Sourou, à l’ouest du Burkina Faso. Il est un des riziculteurs et des rizicultrices de cette vallée qui pratique la pisciculture dans sa rizière.

Il a appris à élever du poisson dans les rizières lors d’une formation offerte dans le cadre d’un projet financé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Sur le flanc de la rizière, l’agriculteur de 35 ans a creusé un bassin de 25 mètres carrés et 80 centimètres de profondeur. Ce bassin est un refuge pour les poissons qui peuvent passer de là à la rizière inondée, où ils se nourrissent d’insectes se trouvant à la base des plants.

Monsieur Sawadogo élève deux sortes de poissons : le tilapia et le poisson-chat. L’an dernier, il a produit et vendu 100 kilogrammes de poissons, ce qui représente un bon complément pour son revenu.

Il déclare :  Le système de rizipisciculture nous offre plusieurs avantages. Mon bassin est petit, mais en dépit de cela, j’ai eu du poisson que j’ai vendu pour près de deux millions de francs CFA [3 425 $US].

Fulgence Paré est un autre riziculteur qui vit à côté. Il élève également du poisson dans sa rizière. La conjugaison des deux activités a transformé sa vie. Il gagne plus d’argent maintenant, ce qui lui permet d’acheter des intrants tels que les engrais pour maintenir sa rizière en bon état. Il a pu aussi payer ses factures d’électricité et d’eau qui représentent une composante importante de la riziculture. Il inonde sa rizière grâce à un système d’irrigation qui fonctionne à l’électricité.

Les riziculteurs et les rizicultrices de l’est de Balgré, à Bana, au Sourou, ont commencé à associer la riziculture et la pisciculture.

Actuellement, le Burkina Faso produit juste un cinquième des poissons que le pays consomme, et importe 80 000 tonnes chaque année. Par conséquent, l’association du poisson et du riz est une approche qui offre un énorme potentiel.

Salif Sangaré est un spécialiste d poisson qui appuie les pisciculteurs et les riziculteurs de la région. Il affirme que les poissons améliorent la culture du riz. En se déplaçant entre le bassin et la rizière, les poissons peuvent manger les insectes qui pourraient constituer une menace pour les plants de riz.

Mme Sangaré ajoute :  Si, avec un petit bassin de 25 mètres carrés, nous pouvons récolter 100 kilogrammes de poissons, cela est très bon. Certains producteurs et productrices ont vu cela et sont intéressés [par cette activité.] L’essentiel c’est de produire des aliments locaux. C’est l’eau de l’irrigation [la rizière] qui alimente les bassins. Le projet est très apprécié dans la vallée du Sourou.

Cependant, la nouvelle pratique comporte certaines difficultés. Un jour, monsieur Sawadogo a découvert que tous ses poissons étaient morts. Il a dû recommencer à zéro. Il pense que ce sont les pesticides épandus par ses voisin(e)s sur leurs rizières qui ont peut-être été drainés dans son bassin à cause des eaux de pluie, tuant ainsi ses poissons. Il suspecte également que ce pourrait être un acte de sabotage.

Les riziculteurs et les rizicultrices tentent d’épandre des pesticides sur leurs rizières sans mettre en danger la santé de leurs poissons. Par exemple : Lorsqu’ils doivent épandre des pesticides, ils baissent le niveau d’eau des rizières, obligeant ainsi les poissons à se rendre en profondeur dans le bassin, où ils sont moins exposés aux produits chimiques toxiques. Les poissons restent dans le bassin pendant plusieurs jours jusqu’à ce que les pesticides se dissipent.

Certains pisciculteurs et piscicultrices commencent en pêchant les alevins de poissons dans des étangs sauvages, tandis que d’autres grands éleveurs et éleveuses élèvent leurs propres alevins pour les vendre. En ce qui concerne les aliments pour poissons, les riziculteurs et les rizicultrices ont appris à en produire eux-mêmes à partir de produits locaux tels que le riz et le maïs.

Après avoir perdu ses poissons, monsieur Sawadogo n’a pas lâché prise, mais a simplement redoublé de vigilance.

Au début, monsieur Sawadogo devait trouver des alevins et des aliments pour poissons. Maintenant, il élargit son bassin, en vue de produire des alevins pour les vendre à d’autres pisciculteurs et piscicultrices.