Burkina Faso : Des leaders communautaires adoptent les mesures préventives contre le COVID-19

| mai 10, 2020

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Nouvelle en bref

Sa Majesté Noanfa II, chef du canton de Dano, soutient la lutte contre le COVID-19 dans le Ioba, une province au sud-ouest du Burkina Faso. Depuis le début, il prêche par l’exemple et encourage sa communauté à adopter les mesures préventives pour ralentir la propagation du virus. Il porte toujours un masque et emploie des gestes de salutation sécuritaire pour éviter toute contamination. Il participe également aux émissions radiophoniques pour faire connaître les mesures à sa communauté. Plusieurs mesures de distanciation sociale sont contraires aux coutumes, mais grâce aux chefs religieux et coutumiers qui montrent l’exemple, ils espèrent qu’un plus grand nombre de personnes leur emboîteront le pas.

Sa Majesté Noanfa II, chef de canton de Dano, est un champion de la lutte contre le COVID-19, dans le Ioba, une province du sud-ouest du Burkina Faso. Dès les premières heures de la pandémie, il s’est montré réceptif aux messages clés sur la prévention du COVID-19. Qu’il soit à moto ou en voiture, il porte toujours son masque et utilise les gestes de salutation sécuritaires pour éviter la transmission du virus. Il participe également aux émissions radiophoniques pour sensibiliser sa communauté par rapport aux mesures préventives. Il déclare : « Pour impacter, il faut servir de modèle pour encourager les populations réticentes. »

Sa Majesté Noanfa II a également adopté un nouveau mode de vie. Il a réduit le nombre des notables qui l’entourent et ne s’impose plus style d’apparat qu’il avait avant le COVID-19. Il recevait habituellement ses invités en compagnie d’une dizaine de notables, mais, désormais, seules deux ou trois personnes de son entourage sont avec lui.

Il est le porte-parole des huit chefs de la province du Ioba. Pour protéger les habitants de leur canton respectif, les chefs ont suspendu les marchés traditionnels, les funérailles et les grands attroupements. Ils ont également interdit aux gens de se serrer la main et de se passer les calebasses de la bière locale faite à base de mil. Au sud-ouest du Burkina Faso, c’est un signe de respect selon la tradition d’offrir cette bière aux invités. Mais le partage des boissons peut contribuer à la propagation du virus.

Sa Majesté soutient qu’il a suivi les recommandations des autorités, en demandant à sa communauté de porter des masques et de respecter la distanciation sociale. Les villageois portent des masques confectionnés par des tailleurs locaux plutôt que les masques médicaux conventionnels.

Selon Sa Majesté, le port de masques et la distanciation sociale ont été les deux mesures les plus difficiles à prendre. Dans cette région rurale, c’est un manque de respect que de saluer quelqu’un sans lui serrer la main. Mais Noanfa II déclare : « Les villageois respectent les mesures dans l’ensemble. »

Il reconnaît que cette maladie bouleverse les traditions, ce qui peut contrarier les gens. Il déclare : « On ne peut plus se saluer comme avant. Si tu ne pars pas aux funérailles d’un parent, c’est tout un problème. Les gens t’en tiennent rigueur. »

Les chefs religieux du Ioba, y compris les responsables de l’église catholique, se sont associés aux chefs traditionnels pour promouvoir les mesures préventives. L’Abbé Paulin Somda est le curé de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Dano. Il regarde désespérément l’église fermée depuis lors, mais reconnaît que cela était nécessaire. Il déclare : « La première fois que j’ai célébré la messe sans les fidèles, j’ai ressenti un vide et un choc. Car qui dit messe dit rassemblement. Mais au regard du mode de contamination de la maladie, nous avons tous accepté les mesures prises par nos autorités. Heureusement de réticences nous n’en avons pas connu. »

Roch Dabiré est le directeur régional de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) de la région des Hauts-Bassins. Pour lui, les autorités coutumières et religieuses ont bien fait de respecter les mesures de protection. Il ajoute que la distanciation sociale est importante et doit être observée aussi bien en milieu rural qu’en ville, surtout dans les points d’eau, les cabarets et autres lieux de rassemblement.

Le Dr Dabiré note que la maladie se transmet par les postillons provenant de personnes infectées et que la connaissance du mode de transmission permet de la combattre. C’est pourquoi il faut impérativement respecter une distance d’au moins un mètre entre deux personnes et porter le masque.

Les autorités religieuses, coutumières et administratives et tout le monde ont le même objectif : rompre la chaîne de contamination. C’est pour cela que Sa Majesté Noanfa II affirme que les gestes les plus simples doivent être respectés.

L’église catholique de Dano a compris cela et a installé à chaque entrée des bureaux de la paroisse des dispositifs de lavage de mains. Le père Paulin Somda déclare : « Ces bureaux connaissent une affluence. Alors il était impératif d’imposer des mesures telles que le lavage des mains. »

En attendant la découverte d’un vaccin et d’un traitement, Sa Majesté Noanfa II et le père Paulin Somda continueront de prodiguer à leur communauté des conseils sur les meilleures pratiques pour éviter le COVID-19.

Cette nouvelle a été produite avec l’appui du gouvernement du Canada dans le cadre du projet « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et la nutrition des adolescents au Burkina Faso (ADOSANTE). » Le projet ADOSANTE est piloté par un consortium formé par Helen Keller International (HKI), Marie Stopes-Burkina Faso (MS/BF), Radios Rurales Internationales (RRI), le Centre d’information de Conseils et de Documentation sur le Sida et la Tuberculeuse (CICDoc) et le Réseau Afrique Jeunesse Santé et Développement (RAJS).