Burkina Faso : Des femmes sortent de l’extrême pauvreté grâce au maraichage en zone urbaine 

| juin 29, 2015

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Aminata Sinaré donne un cours de mathématique en langue nationale Mooré à une dizaine de femmes et de jeunes filles dans une petite salle à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Débout devant le tableau, elle leur explique comment effectuer des additions et des soustractions. Au bout de son explication, elle leur donne un exercice. Pendant que les apprenantes s’appliquent à résoudre les opérations dans le silence, Mme Sinaré sort de la salle. Elle profite de ce petit moment pour s’occuper de ses neuf planches de légumes sur un terrain communautaire d’une superficie d’environ un dixième d’hectare.

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Photo: Inoussa Maïga

Dans ce jardin communautaire, une quarantaine de femmes pratiquent la culture biologique de légumes depuis 2007. Chaque femme dispose d’une portion de terre qu’elle exploite selon son bon vouloir. Mme Sinaré explique: « On y cultive la salade pendant la période du froid. Pendant la saison des pluies [où il fait chaud], on cultive le gombo, le chou et d’autres légumes. Nous produisons ce qui est adapté au temps qu’il fait ».

Le maraîchage effectué à longueur d’année permet à ses femmes d’améliorer la qualité de l’alimentation de leurs familles et de se créer des revenues en vendant le surplus.

Salamata Sophie Sedgho est fondatrice et présidente de l’association La Saisonnière. La Saisonnière tente d’améliorer les conditions de vie des femmes à travers plusieurs activités dont l’alphabétisation et le maraichage. Mme Sedgho a mis sur pied ce jardin communautaire grâce à la mairie de Ouagadougou qui a mis le terrain à la disposition de l’association.

Elle dit : « Le terrain a été donné pour lutter contre la pauvreté. L’argent que [ses femmes] gagnent leur appartient. Il y a juste une cotisation pour pouvoir payer la facture d’électricité à la fin du mois [et] payer un gardien de nuit ».

Lorsqu’elles ont débuté en 2007, les femmes avaient suivi des formations pour apprendre à planter des arbres et faire le jardinage. Après cela, elles ont appris comment préparer une planche et comment repiquer. Aujourd’hui, grâce à d’autres dons généreux, les femmes peuvent irriguer leur jardin avec un système de pompage électrique de l’eau.

Le maraîchage a changé la  vie de Mme Sinaré. Elle explique : « [Avant], je vendais du bois, ensuite je vendais des arachides, mais ça n’allait pas, je ne gagnais presque rien [avec ces activités]».

Elle poursuit : « Pendant les fêtes de fin d’année, je peux vendre chaque planche à 8500 Fcfa [environ $17 US]. Avec mes neuf planches, je gagne à peu près 100 000 Fcfa [$200 US]. Je nourris ma famille avec ça et mes enfants vont à l’école. C’est aussi grâce à cela que j’achète leur habillement ».

Tout comme Mme Sinaré, Sanata Kafando est heureux de pratiquer le jardinage. Elle dit : « Avant si les enfants devaient aller à l’école, c’était l’affaire du mari, l’alimentation de la famille, c’est encore lui qui s’en chargeait. Aujourd’hui nous arrivons à contribuer à tout cela dans nos foyers. Lorsque les choses vont mal chez mon mari, je peux lui venir en aide financièrement».

Mme Sedgho souhaite que ce type d’initiative soit multiplié dans la ville, particulièrement dans les quartiers périphériques où de nombreuses femmes vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Elle dit : « Cela pourrait même résoudre le problème d’approvisionnement de la population en légumes frais. Nous contribuons ainsi à améliorer non seulement la nutrition, mais aussi la santé ».

Quant à Aminata Sinaré et ses collègues, elles pensent constamment à la prochaine saison et  veulent  introduire de nouvelles cultures dans le jardin. Elle dit : « Nous allons essayer par exemple la tomate et la fraise pour voir ce ça va donner ».