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Burkina Faso : Des femmes leaders luttent pour être impliquées dans les prises de décisions

Il est 10 heures, la saison de la saison sèche et poussiéreuse de l’harmattan a commencé et le soleil s’impose de plus en plus dans le ciel de Sabou, une localité située à 29 kilomètres de Koudougou. Workya Rouamba a choisi ce moment pour revenir dans son village. Le 22 novembre, madame Rouamba a été réélue comme députée. Elle est venue remercier ceux/celles qui ont contribué à la victoire de son parti tant au niveau présidentiel que législatif.

C’est son deuxième mandat à l’hémicycle. Et cela est le fruit de son dur labeur. Selon madame Rouamba, la société ne donne pas beaucoup de possibilités à la femme. Elle doit batailler dur pour maintenir son rôle de décisionnaire parmi les hommes.

En effet, le Burkina Faso compte environ 21 millions d’habitants, et les femmes représentent 52 % de la population.Malgré qu’une loi stipule que les femmes doivent occuper 30 % des sièges obtenus aux élections législatives et municipales, moins de 8 % des élus à l’Assemblée nationale sont des femmes. Ces chiffres montrent que l’accès des femmes aux sphères de décision au Burkina Faso est difficile.

Madame Rouamba est titulaire d’un diplôme universitaire de technologie en finances comptabilité, et elle a occupé auparavant le poste de conseillère municipale et de présidente de la commission finances à la commune de Sabou. Lors de son deuxième mandat, elle a présidé la commission finances au Conseil régional du Centre-ouest. Madame Rouamba collabore avec plusieurs associations, particulièrement celles qui travaillent avec les personnes handicapées, les femmes et les couches vulnérables. Elle milite en faveur des causes des femmes et est membre de Caucus genre.

Elle explique la situation des femmes : « Les femmes sont pleinement engagées, mais la question de leur participation demeure un souci, car celles qui sont intéressées n’ont pas l’occasion, voire l’opportunité de faire leurs preuves. [Cela], soit parce que les dirigeants ne sont pas prêts à leur faire de la place, soit purement et simplement à cause [d’un] manque total de confiance en ces femmes. »

Comme madame Rouamba, d’autres femmes se battent au Burkina Faso pour avoir leur place dans les sphères de décision. Lydia Zanga née Ouédraogo est juriste de formation et la secrétaire exécutif de la CODEL, la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections. Elle s’est consacrée à la société civile pendant toute sa carrière et a vu différentes sortes de réticences.

Elle explique : « Il y’a des réticences à promouvoir les femmes dans certains postes. Il y’a aussi des réticences au niveau même des femmes, car cela demande beaucoup de sacrifice, de don de soi, des contraintes sociales qu’elles ne sont à prêtes, ou que la société ne les laisse pas prendre. »

Bintou Marie Ruth Diallo est un autre exemple de réussite féminine. Elle est spécialiste des relations publiques à TallMedia et une activiste passionnée des droits humains. Elle mène un plaidoyer pour la promotion et le développement de la jeunesse en Afrique. Pour elle, les pesanteurs socioculturelles contribuent à l’absence des femmes aux fonctions publiques. Dans un passé très récent, et toujours dans certaines localités, les gens considèrent la politique comme un domaine exclusivement réservé aux hommes. Les femmes ont peur de s’engager à cause des médisances et de la pression sociale qui n’admet pas que la femme exerce une fonction publique.

Martine Yabré est la présidente du Cadre de concertation des organisations intervenant sur le genre et la participation citoyenne des femmes au Burkina Faso. À travers des actions de plaidoyer et de sensibilisation, elle et ses membres ont invité le chef de l’État et des acteurs politiques au respect sans condition des droits des femmes. Par exemple : elles ont posé le problème de la position des femmes sur les listes électorales. Les noms des femmes se retrouvent souvent au bas des listes, ce qui réduit leurs chances d’être élues.

Elle ajoute : « Nos efforts nous ont permis d’obtenir un soutien auprès de l’ambassade du Canada pour traduire la loi portant fixation de quota en quatre langues locales que sont le gulmatchéma, le fulfuldé, le dioula et le mooré. »

Avec ces traductions, elles espèrent que plus de femmes seront informées de l’existence de la loi sur le quota, surtout celles qui sont en majorité peu instruites. Une fois que la loi est comprise, cela va pousser peut-être plusieurs femmes à s’engager dans la politique, car elles auront compris que ce n’est pas que l’apanage des hommes.

Ces quatre femmes sont juste quelques exemples de femmes leaders dans le domaine de la politique et des prises de décisions au Burkina Faso. Bien qu’elles soient influentes dans leur domaine, elles ont dû braver beaucoup d’obstacles pour se hisser là où elles sont. Elles sont toutes d’avis que les femmes occupent une place peu reluisante dans la sphère politique et économique du pays même si elles représentent plus de la moitié de la population.

Au Burkina Faso, les associations de femmes continuent de mener le combat pour mériter des postes de responsabilité aux côtés des hommes. Certes le combat est rude, mais elles n’entendent pas baisser les bras.

La présente nouvelle a été produite pour le projet VIMPlus. VIMPlus fait partie du programme de renforcement de la résilience au Sahel de l’USAID (RISE) qui aide les communautés vulnérables au Burkina Faso et au Niger à se préparer et à gérer efficacement les crises récurrentes et trouver des moyens durables pour sortir de la pauvreté.