Burkina Faso : Des femmes évitent de manipuler les pesticides en collaborant avec des brigadiers phytosanitaires

| novembre 11, 2019

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Nouvelle en bref

À Kalo, au Burkina Faso, les femmes de l’association paysanne Endam ont un problème de gestion des ravageurs. Elles cultivent du niébé et du sésame et recourent aux pesticides pour réduire leurs pertes. Malheureusement, les pesticides comportent des risques pour la santé des agriculteurs, des agriculteurs et des consommateurs et des consommatrices. Par conséquent, les femmes font appel aux techniciens agricoles pour qu’ils gèrent les pesticides pour elles. Olga Dicko explique que les femmes labourent et désherbent leur champ de deux hectares avant de demander au technicien de venir pulvériser les produits chimiques. Ensuite, elles attendent au moins une semaine avant de repartir au champ pour permettre aux résidus chimiques de se dissiper. Romaric Zongo est le chef des services d’assistance technique de cette région et il accompagne les femmes dans cette stratégie. Il leur recommande également les produits faits maison et les produits biologiques pour ne même pas avoir à utiliser des produits chimiques sur leur ferme.

Olga Dicko est institutrice à Kalo, à 40 kilomètres de Dori dans la région du Sahel, au Burkina Faso. Ici, elle cultive divers légumes avec soixante autres femmes. Ces femmes sont membres de l’association Endam qui signifie « famille » en langue locale. Elles cultivent du niébé et de sésame sur leur champ de deux hectares.

Les parasites et les ravageurs menacent leurs cultures, mais elles utilisent des pesticides pour être certaines d’avoir d’une bonne récolte. Malheureusement, les pesticides posent aussi des problèmes. Ils peuvent être dangereux pour la santé des agriculteurs, des agricultrices, ainsi que celle des consommateurs et des consommatrices.

Les femmes utilisent des pesticides fabriqués au Burkina pour les fruits et les légumes. Pour éviter de manipuler ces produits chimiques dangereux, les femmes sollicitent l’aide des techniciens de l’agriculture. Madame Olga Dicko explique : « L’année dernière, nous avons utilisé des pesticides dans notre champ. Sur les conseils d’un [brigadier phytosanitaire] nous ne manipulons pas les pesticides. »

Romaric Zongo est le chef du service d’assistance technique de Bani, et il appuie l’association. Il explique : « Pour l’utilisation des pesticides, un [brigadier phytosanitaire] est chargé de traiter les cultures de sorte que les femmes de l’association ne les utilisent pas elles-mêmes du fait de la dangerosité des produits. »

Conscient des conséquences, monsieur Zongo affirme déconseiller aux femmes de manipuler les pesticides. Les agricultrices pourraient souffrir des effets secondaires de l’utilisation des pesticides, bien qu’aucun cas de ce genre n’ait été signalé dans sa région jusqu’ici. Néanmoins, il soutient avoir entendu parler de certains cas signalés par des techniciens d’autres régions.

Pour éviter tout contact avec les pesticides, les femmes d’Endam finissent de labourer ou désherber leur champ avant qu’il soit pulvérisé. Ensuite, madame Olga Dicko explique qu’elles sollicitent l’aide du brigadier phytosanitaire pour la pulvérisation. Les femmes versent 10 000 FCFA (environ 17 $ US) à ce technicien pour qu’il pulvérise les deux hectares.

La vice-présidente de l’association est Aïchatou Dicko. Elle ajoute : « Même après le traitement, les membres de l’association ne retournent dans leurs champs qu’une semaine à dix jours après le traitement aux pesticides, le temps nécessaire pour que les effets des produits chimiques disparaissent. »

Madame Olga Dicko ajoute : « Cette [pratique] enseignée par les techniciens a permis aux femmes d’Endam d’être non seulement protégées des effets nocifs des pesticides, mais également de lutter [efficacement] contre les parasites et autres ravageurs. »

L’utilisation des pesticides comporte des risques pour la santé des agriculteurs, des agricultrices et leurs familles. En effet, respirer le produit ou l’avaler peut causer des maux de tête ou d’estomac. Les produits chimiques peuvent également provoquer une éruption cutanée ou une irritation. Une exposition récurrente ou grave à de fortes concentrations peut également être la cause de maladies plus graves, dont le cancer.

C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de porter un équipement de protection, tel qu’un masque, des gants, des chemises longues, des pantalons longs et des chausseurs quand on prépare le pesticide, quand on le pulvérise, ou quand on se débarrasse des récipients de pesticides.

Pour monsieur Zongo, la solution de rechange pour les pesticides est l’utilisation des produits biologiques, faits maison. Il cite en exemple une décoction liquide composée de feuilles ou de graines de neem, d’ail et de piment sec pillé. Ce mélange est ensuite conditionné dans des bidons d’un litre et pulvérisé de la même manière que d’autres pesticides.

Monsieur Zongo raconte que certains agriculteurs qui ont déjà utilisé ce mélange confirment son efficacité contre les ravageurs. Il ajoute également que la fumure organique est une autre option aux engrais chimiques pour procurer au sol assez d’éléments nutritifs pour permettre aux cultures de mieux se développer.

Il espère que les agriculteurs et les agricultrices continueront de fabriquer et d’utiliser des produits biologiques afin de préserver leur santé.

Cette nouvelle a été produite avec l’appui financier du gouvernement du Canada fourni par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.