Burkina Faso : Des femmes augmentent leurs revenus de beurre de karité grâce aux bonnes pratiques de cueillette et à une certification

| février 17, 2020

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Au Burkina Faso, un groupement féminin améliore les revenus de ses membres par l’adoption de bonnes méthodes de cueillette des noix de karité et la satisfaction de toutes les autres conditions relatives à l’obtention du label « bio » pour leurs produits. Tôt le matin, les femmes ramassent les fruits mûrs tombés des arbres, évitant ainsi les rayons forts du soleil qui peuvent endommager les noix plus tard dans la journée. Elles trient les noix, les font sécher, puis les lavent et les font bouillir. La dernière étape consiste à les emballer et à les entreposer. Comme les femmes suivent minutieusement des directives particulières, leur beurre de karité est certifié bio et se vend à un prix élevé.

Il est six heures du matin et, dans la pénombre, il est difficile de reconnaître quelqu’un au loin. Epiama Kandiel revient de la forêt, un panier de noix de karité sur la tête et un petit seau en main. Elle déclare : « Je me suis réveillée à cinq heures du matin. À l’aide d’une torche, j’ai pénétré dans la forêt pour la collecte des noix. »

Madame Kandiel a appris des bonnes méthodes de cueillette lors d’une formation organisée dans le cadre du projet Uniterra par les ONG canadiennes, le CECI et l’EUMC. Elle explique : « On nous a recommandé lors de la formation la cueillette de bonne heure afin d’obtenir des amandes de qualité, c’est pourquoi je suis si matinale. » En cueillant tôt, elle évite les rayons forts du soleil qui peuvent endommager les amandes.

Evelyne Kantiono est la secrétaire de l’association paysanne Dwi/Nye. Selon elle, pour avoir une bonne cueillette, il faut se lever très tôt le matin, utiliser un récipient propre et commencer à trier les noix sous l’arbre. Les femmes récoltent uniquement les fruits mûrs tombés seuls de l’arbre. Le processus pour l’obtention des amendes de karité de bonne qualité exige des femmes qu’elles appliquent rigoureusement une série de mesures.

Après avoir transporté les noix à la maison, le tri continue. Madame Kantiono explique : « Après, on les étale dans un endroit aéré [pendant tout au plus] trois jours jusqu’à ce qu’on obtienne une quantité suffisante. Puis, on lave bien les noix et on les fait bouillir dans des marmites propres. Après l’avoir bouillie, la noix change de couleur et brille. À ce moment, nous les essorons avec des paniers pour les étaler sur des bâches au soleil pendant une semaine ou plus en fonction du temps qu’il fait. »

Pendant le séchage, les femmes doivent ramasser les noix de karité la nuit pour éviter la rosée. En cas de pluie, elles doivent couvrir les amandes.

Une fois sèches, les amandes font du bruit dans les coques. C’est à ce moment qu’elles sont emballées. Les femmes de l’association Dwi/Nye veillent à entreposer les sacs d’amandes dans un endroit sec, propre, isolé et aéré.

Le groupe gagne un bon revenu avec les amandes de karité biologiques, dont le plat de 2,5 kilogrammes coûte 750 FCFA (1,26$ US), comparativement au plat d’amandes non biologiques dont le prix varie entre 350 et 500 FCFA.

Les femmes prennent plus de précautions pendant la cueillette, car elles travaillent avec des acheteurs qui exigent des amandes de qualité. Marie Marguerite Bationo est la comptable de l’Union des Groupements Féminins / Ce Dwa Nyee. Elle explique : « Notre partenaire basé en France exige le beurre bio. Pour ce faire, la zone de collecte doit être certifiée par l’ECOCERT basée à Ouaga. Ils effectuent une étude de la zone pour s’assurer qu’on n’y cultive pas du coton et qu’on n’utilise pas de pesticide avant de certifier la zone ».

Ils peuvent retrouver l’origine des amandes de l’arbre jusqu’au produit final. Les agricultrices remplissent des formulaires et des inspecteurs viennent effectuer souvent des contrôles. Madame Bationo explique : « Des amandes au beurre, elles sont classées par village avec des étiquettes. Une fois que le beurre arrive à destination, le partenaire procède à la vérification. S’il y a un problème, nous savons à partir de ces étiquettes à qui appartient le lot et on interpelle les intéressées. »

Les femmes sont conscientes de l’importance de la certification bio pour leurs revenus, mais aussi leur santé. Kantiono Ebou est du groupement Yisè neba, du village de Batondo. Elle explique : « Nous ne collectons que dans les forêts, pas dans les champs à cause des produits chimiques. » Elle ajoute : « Nous optons pour le bio, car il est bien pour la santé, nous éloigne de beaucoup de maux. »

Pour la même raison, les femmes sont rigoureuses sur l’hygiène. Madame Ebou déclare : « Il faut une bonne hygiène tout au long de la préparation des noix, [y compris] des récipients propres et de l’eau potable. On ne doit pas non plus laisser germer les noix ni laisser les moisissures s’installer sur les amandes. »

Les noix de bonne qualité rapportent un bon revenu à ces femmes. Elles affirment que l’effort en vaut la peine.

Uniterra est un programme mis en œuvre par le consortium CECI-EUMC, qui travaille au Burkina Faso avec des partenaires locaux dans le sous-secteur du karité, en vue d’aider les jeunes et les femmes à avoir accès à de meilleures possibilités économiques. L’objectif est de renforcer le pouvoir économique des femmes et des jeunes en développant leur esprit entrepreneurial. Le programme Uniterra a soutenu financièrement et techniquement la production de la présente nouvelle. Le CECI et l’EUMC bénéficient du soutien financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.