Burkina Faso : Des adolescents s’informent sur la santé sexuelle au Centre des jeunes

| décembre 21, 2020

Téléchargez cette nouvelle

Nouvelle en bref

Au centre jeune de Dano, au Burkina Faso, David Poda feuillète des livres sur le VIH et le sida en attendant de rencontrer l’animatrice bénévole. Le centre est un endroit convivial pour les jeunes comme David qui veulent s’informer sur la santé sexuelle et de la reproduction. Des jeunes animent des séances de discussion et font de la sensibilisation pour amener les jeunes à discuter des grossesses précoces et d’autres sujets. Malgré la fermeture temporaire du Centre des jeunes de Dano pendant la pandémie du COVID-19, celui-ci a été rouvert. Les groupes sont plus petits, et la distance physique et le port du masque obligatoire sont de rigueur. Pour Martine Traoré, une pair-éducatrice, il était important que le centre rouvre pour permettre aux jeunes d’avoir un endroit où ils/elles peuvent aller chercher des moyens de contraception et de bonnes informations sans se sentir gêné(e)s.

David PODA, 13 ans, est élève en classe de quatrième. Ce matin, il épluche quelques livres au Centre des jeunes de Dano, chef-lieu de la province du Ioba dans le sud-ouest du Burkina Faso. Avec l’appui de l’animateur Émile Somé, un bénévole qui s’occupe des activités du centre, David espère trouver des réponses à ses nombreuses questions sur la santé sexuelle et de la reproduction.

David se souvient d’un des premiers livres qu’il avait emprunté au centre. Son père se mit en colère lorsqu’il découvrit que le livre était rempli d’images d’organes génitaux masculins et féminins. Mais après quelques explications, David parvint à calmer son père et rassurer ses parents.

Le Centre des jeunes de Dano est une structure du district sanitaire pour la promotion des services de santé sexuelle et reproductive des adolescent(e)s. Ces centres existent dans presque toutes les grandes villes du Burkina et sont souvent gérés par des partenaires. Celui de Dano est géré par l’ONG, le Réseau Africain Jeunesse Santé et Développement au Burkina Faso (RAJS/BF) certes en collaboration avec le district sanitaire. Un agent de santé est là pour la prise en charge des cas qui nécessitent une intervention médicale, y compris les règles douloureuses, les grossesses précoces, les consultations gynécologiques, et autres.

Plusieurs des activités du centre sont gérées par l’animateur Émile Somé, y compris les formations, les conseils et l’éducation.

Pour David, l’ambiance au centre est conviviale. La seule personne d’âge avancé est le médecin affecté au centre. Le centre encourage les jeunes à se faire confiance et à faire confiance aux bénévoles, même si tout le monde porte un cache-nez et que la distance physique est respectée à cause du COVID 19.

La crise du COVID-19 a ralenti les activités du centre. L’affluence des adolescent(e)s a drastiquement diminué, même si la charge de travail de monsieur Somé s’est accrue. Pour respecter la distance physique, il doit parfois partager son message plusieurs fois avec de plus petits groupes.

L’animateur n’est pas découragé. Le fait que des jeunes continuent de venir est un signe évident d’un besoin d’informations des jeunes sur la santé sexuelle et reproductive.

David connaissait l’existence du centre, mais n’y avait jamais mis les pieds jusqu’à récemment, car il avait certaines présomptions par rapport aux gens qui vont au centre. Il explique : « Ceux qui fréquentent ces genres de lieux sont des jeunes aux mœurs légères. Dès qu’une fille disait qu’elle a été au centre, je la détestais, car c’est une fille qui aime les garçons. »

Mais David a changé d’avis à la suite d’une sensibilisation des responsables du centre dans son lycée. Maintenant, David est devenu un assidu du centre.

Martine Traoré est aussi une assidue du centre. Elle est élève dans un autre lycée de la place et elle est « pair-éducatrice » à l’ONG qui dirige le Centre des jeunes. Sa mission est d’informer les jeunes sur les risques de grossesses précoces et indésirées en milieu scolaire. Elle explique : « J’en ai fait mon cheval de bataille parce qu’une de mes amies a été victime. Elle a tenté l’avortement clandestin, certes elle a survécu grâce aux intenses soins, mais elle gardera certaines séquelles à vie. »

Selon les statistiques de la Direction régionale de l’enseignement du Sud-ouest, il y a eu 400 cas de grossesses précoces chez les élèves du secondaire et 73 chez les élèves du primaire en 2017.

Mademoiselle Traoré apprécie positivement le soutien que le centre apporte aux jeunes. Mais la pandémie du COVID-19 a entraîné l’interruption de ce travail, et le centre a dû fermer ses portes pendant quelque temps. Elle rappelle : « Pendant le pic du coronavirus, les responsables nous ont demandé de fermer le centre pour ne pas nous exposer davantage. Mais je savais personnellement que c’est la période où les filles sont plus vulnérables du fait qu’elles n’ont pas accès à certaines informations ou aux méthodes contraceptives. »

Bien que les informations et les méthodes de conservation soient disponibles dans d’autres centres de santé, les jeunes y reçoivent parfois un mauvais accueil.

Dès l’allègement des mesures de lutte contre le coronavirus, mademoiselle Traoré et monsieur Somé ont rouvert le centre.

Le Centre des jeunes de Dano est de plus en plus connu, et travaille avec plusieurs associations pour mener des campagnes de sensibilisation dans les villages et les établissements scolaires secondaires de la ville de Dano et des départements environnants. En effet, ces campagnes foraines suscitent des interrogations chez les jeunes et ceux-ci veulent en savoir davantage sur leur santé sexuelle et reproductive, c’est ainsi que le centre devient le lieu d’orientation.

C’est pourquoi monsieur Somé souhaite avoir un espace plus privé pour aménager son propre centre qui sera un lieu de partage et d’éducation à une sexualité responsable. Mais pour cela, il est nécessaire d’avoir plus de partenaires.

Cette nouvelle a été produite avec l’appui du gouvernement du Canada dans le cadre du projet « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et la nutrition des adolescents au Burkina Faso (ADOSANTE). » Le projet ADOSANTE est piloté par un consortium formé par Helen Keller International, Marie Stopes-Burkina Faso (MS/BF), Radios Rurales Internationales (RRI), le Centre d’information de Conseils et de Documentation sur le Sida et la Tuberculeuse (CICDoc) et le Réseau Afrique Jeunesse Santé et Développement (RAJS).