Burkina : Des jeunes et des femmes se tournent vers les institutions financières pour la réalisation de leurs projets

| mars 1, 2021

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Lucienne ZONGO est tout heureuse ce matin, car elle est venue toucher 500 000 francs (927 $ US) de la part de l’organisme public de prêt, le Fonds d’Appui aux Initiatives des Jeunes, ou FAIJ. Madame Zongo a 35 ans et a un magasin d’équipements électriques, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Madame Zongo est la gérante d’une boutique de vente de matériels électriques. Elle vend des fils, des tubes de protection de fils électriques, des interrupteurs et des outils de travaux d’installation électrique. Le soutien du FAIJ va beaucoup l’aider à consolider son commerce. Les conditions de remboursement étaient bonnes : elle paie un peu plus de 20 000 FCFA (37 $ US) par mois, et les intérêts ne sont pas élevés. Elle devra rembourser au total un intérêt de 40 000 FCFA (74 $ US) sur trois ans.

Le FAIJ est un organisme étatique qui a été créé en 2007 pour offrir aux jeunes une option de financement adaptée à leurs conditions. En 14 ans d’existence, il a financé plus de 11 000 projets pour lesquels il a octroyé plus de dix milliards de FCFA.

Cependant, tout le monde n’a pas la chance de madame Zongo. L’État manque de moyens pour soutenir les projets de toutes les femmes et tous les jeunes. Ainsi, des structures de financement privées et publiques ont été créées pour aider les femmes et les jeunes à réaliser leurs projets.    

Les femmes représentent plus de la moitié de la population burkinabé et les jeunes forment le tiers. À cause des pesanteurs socioculturelles, la plupart des femmes ne vont pas à l’école. En raison de l’insuffisance des infrastructures d’accueil et du personnel, plusieurs jeunes n’ont pas fréquenté l’école ou ont abandonné tôt. Beaucoup de diplômés n’arrivent pas également à trouver un emploi. Face à cette situation difficile, les jeunes et les femmes peinent à avoir un emploi ou un prêt bancaire pour financer leurs activités. Par conséquent, ils se tournent vers les organismes d’aide et de financement pour leurs activités.

Mademoiselle Blandine Soala est propriétaire et gérante d’une salle de sport à Ziniaré, à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou. Mademoiselle Soala est satisfaite de son business et félicite le l’organisme public de prêt. Elle explique : « Le financement du Fonds d’Appui aux Initiatives des Jeunes est super. Il m’a permis de renforcer l’équipement de ma salle de gymnastique. Il me manquait beaucoup de chose pour fonctionner. »

En juillet, mademoiselle Soala a bénéficié d’un crédit de 1 300 000 FCFA (environ 2 400 $ US) pour renforcer son projet de gym. Elle a affirmé avoir perdu entre temps l’espoir d’avoir ce financement à cause du temps qu’il a fallu pour que son dossier soit traité. Elle explique : « J’ai attendu huit mois après avoir déposé mon dossier avant d’être appelée. Beaucoup de postulants n’ont pas eu ce financement. Moi j’en ai bénéficié, Dieu merci. » Mademoiselle Soala réalise de nos jours des bénéfices allant jusqu’à 100 000 FCFA (185 $ US) par mois.

Tibila Ouédraogo réside également à Ziniaré et il est mécanicien et vendeur d’objets de décoration pour voiture. Monsieur Ouédraogo a beaucoup de travail depuis qu’il a bénéficié en novembre 2020 d’un financement de 300 000 FCFA (555 $ US). Il déclare : « Ce crédit m’a beaucoup aidé. J’ai même ouvert une deuxième petite boutique de vente de pièces d’auto et de moto. »

À quelques kilomètres de Koudougou, au centre ouest du Burkina Faso, madame Adjarata Kaboré produit des choux, des oignons et des tomates sur ses planches d’un hectare et demi. C’est grâce à un crédit de 400 000 FCFA (740 $ US) obtenu en 2017 qu’elle a agrandi son champ d’un demi-hectare. Elle l’a aussi clôturé d’un grillage et acquis une motopompe pour faciliter l’arrosage. Avant, elle puisait l’eau elle-même, ce qui était pénible pour madame Kaboré qui gagne aujourd’hui plus de 500 000 FCFA (925 $ US) à la fin de la saison.

Si elle se réjouit d’avoir eu ce crédit qui lui facilite les choses et augmente ses bénéfices, elle soutient qu’il n’a pas été facile d’avoir ce financement. Elle déclare : « Ce n’est pas facile d’avoir le financement de nos projets. Le jour du dépôt des dossiers, on s’est aligné sous la pluie. Et sur la cinquantaine que nous étions, seuls deux ont été retenus. »

Adama Ouédraogo concède qu’il n’est pas facile d’obtenir un financement. La trentaine bien sonnée, il est retourné prendre les nouvelles de son dossier auprès de l’organisme de financement. Mais les nouvelles n’étaient pas bonnes et il attend toujours. Découragé et un peu amer, il dit regretter de n’avoir pas, comme plusieurs jeunes, tenté sa chance dans les concours de la fonction publique. Il explique : « J’ai créé mon projet avec 2 000 000 (3 700 $ US) de francs CFA et, maintenant, j’ai des difficultés pour avoir le financement pour le démarrer. »

Les financements se font rares et la demande augmente. Malgré la multitude de structures de financement, celles-ci manquent souvent de liquidité. L’État n’a pas assez de moyens pour soutenir les jeunes individuellement à la hauteur de leurs ambitions.

La présente nouvelle a été produite pour le projet VIMPlus. VIMPlus fait partie du programme de renforcement de la résilience au Sahel de l’USAID (RISE) qui aide les communautés vulnérables au Burkina Faso et au Niger à se préparer et à gérer efficacement les crises récurrentes et trouver des moyens durables pour sortir de la pauvreté.