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Bénin & Zimbabwe : Des agriculteurs combattent les légionnaires d’automne à l’aide de pesticides (BBC Afrique & IRIN)

Il est facile de se frayer un chemin dans le champ de maïs de Barthélémy Allah. Mais à cette période de la saison de végétation, les tiges hautes et les feuilles larges obstruent la vue. Mais cette saison, les jeunes pousses, hautes de 40 cm seulement, sont toutes perforées, et certaines sont lacérées.

Mr. Allah habite à Bonou, une commune du département de l’Ouémé dans le sud-ouest du Bénin. Son champ a été attaqué par des légionnaires d’automne.

Il déclare : « Elles ont mangé tout le maïs. L’invasion s’est produite 15 jours à peine après les semis. Sans la présence de ces chenilles, vous auriez aperçu de très jolis plants. »

Il redoute qu’une mauvaise récolte diminue ses revenus, ce qui aura des répercussions sur sa vie et celle de sa famille.

Plusieurs agriculteurs de la région sont victimes d’une invasion de légionnaires d’automne qui sont apparues au Bénin en 2016. Certains ont recours aux pesticides pour repousser ces envahisseurs, mais les résultats sont dérisoires.

Albert Gnansounou vit en bas de la rue de Mr. Allah. La destruction causée à son exploitation est moins visible. Lorsque les chenilles sont apparues, Mr. Gnansounou utilisait beaucoup de pesticides pour tenter de repousser ces insectes envahisseurs.

Dans cette région, les cultivateurs n’ont pas l’habitude de pulvériser leur maïs avec des pesticides. Mr. Gnansounou affirme s’être tourné vers les pesticides, car c’était l’unique moyen de sauver ses cultures. Il explique : « Nous avons commencé à pulvériser le champ [et] nous avons fait dix traitements, mais les résultats sont peu concluants. Ailleurs, vu l’abondance des chenilles, nous avons dû tout simplement abandonner les champs. »

Au Zimbabwe, les agriculteurs subissent des effets dévastateurs similaires. Vavariro Mashamba cultive dans le district de Karoi, au nord du Zimbabwe. Lorsque les légionnaires d’automne ont fait leur apparition dans son champ, il a pulvérisé ses plantes. Mais les effets sont minimes. Il déclare : « Aucun changement ne s’est produit. Au contraire, les chenilles ont continué à se multiplier dans mon champ. »

Des chercheurs soulignent que certains pesticides sont efficaces seulement lorsque les larves de légionnaires sont petites et avant qu’elles causent des dommages visibles aux cultures. Passé ce stade, il n’existe aucune solution rapide contre cet insecte nuisible.

En février, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a organisé une réunion d’urgence sur le légionnaire d’automne, à Harare, la capitale zimbabwéenne. Beaucoup de pays d’Afrique australe cherchent les voies et moyens pour limiter les dommages causés par cet insecte nuisible. La FAO affirme que 130 000 hectares de maïs pourraient déjà être infestés au Zimbabwe, 90 000 hectares en Zambie et 50 000 en Namibie.

Au Bénin, environ 41 000 hectares de terre ont été infestés depuis la première apparition du légionnaire d’automne, en 2016. Le mois d’avril est le summum de la saison de maïs au Bénin, et les agriculteurs s’inquiètent pour leurs cultures. Ils espèrent que les autorités prendront des mesures pour éviter une catastrophe. Mais, pour l’instant, aucune solution efficace n’a été proposée.

Noël Kpoahoun est le responsable du département public de protection des cultures du Bénin. À ses dires, les produits chimiques constituent le meilleur remède contre les légionnaires d’automne, et ce, même si aucun succès n’est garanti. Le gouvernement a fourni des pesticides à certains agriculteurs qui ont été formés pour la manipulation et l’utilisation de ces produits.

Au Zimbabwe, les agriculteurs ont également reçu des pesticides pour combattre les légionnaires d’automne. Ils reçoivent pour consigne de pulvériser avec une haute pression, soit tôt, soit tard dans la journée, et ce, à forte dose.

Comme cet insecte résiste à plusieurs techniques d’élimination, la FAO prévient qu’il pourrait être présent pour longtemps.

David Phiri est le coordonnateur sous régional de la FAO pour l’Afrique australe. Il indique qu’en semant tôt des variétés hâtives cela peut amoindrir le niveau d’infestation et les dégâts. D’autres méthodes proposées lors de la rencontre du Zimbabwe englobent le relâchement d’insectes se nourrissant d’œufs de légionnaires, y compris les guêpes parasites, les mouches, les chrysopes et les coccinelles.

Cependant, la situation pourrait s’aggraver à court terme. En début février, une étude du Centre for Agriculture and Bioscience International (CABI) a révélé que les légionnaires d’automne se propageaient rapidement et se nourrissaient principalement de maïs. L’étude a souligné qu’une légionnaire d’automne se nourrissait de « plus de 100 différentes espèces de plantes, » dont le riz, la betterave, le chou, le soja, le coton, la tomate et la pomme de terre.

Le présent article est inspiré d’un compte rendu de deux articles produits par BBC Afrique et IRIN. Pour lire l’intégralité de l’article d’IRIN (en français), intitulé « Après la sécheresse, le  Zimbabwe fait face à une infestation par la légionnaire d’automne, » cliquez sur : http://www.irinnews.org/fr/reportage/2017/03/29/apr%C3%A8s-la-s%C3%A9cheresse-le-zimbabwe-fait-face-%C3%A0-une-infestation-par-la-l%C3%A9gionnaire [1]

Pour avoir de plus amples renseignements sur le rapport du CABI (en anglais), provenant de BBC Afrique, cliquez sur : http://www.bbc.com/news/science-environment-38859851 [2]

Pour en savoir davantage sur BBC Afrique (en français), écoutez la présente interview réalisée avec le professeur d’agronomie Many Madika de Kinshasa : http://www.bbc.com/afrique/media-39111820 [3]

Photo : Légionnaire // Mention de source : Phil Sloderbeck/Kansas State University/Bugwood.org