Bénin : Un couple d’agriculteurs brise le tabou en faisant le dépistage du VIH

| novembre 27, 2017

Téléchargez cette nouvelle

II est 10 heures. Main dans la main, un couple se rend au centre de santé du petit village d’Ayou, situé à 50 kilomètres de Cotonou, la plus grande ville du Bénin. Ils s’appellent Koba Essou et Nan Aballo et sont agriculteurs. Aujourd’hui, ils vont faire un test de dépistage volontaire du VIH.

Au centre de santé, le personnel de l’ONG CPADES qui intervient dans le domaine du développement social et économique les accueille. En 2005, l’ONG a commencé a travailler avec le centre de santé pour proposer le test de dépistage aux villageois(es).

En entrant dans la salle de dépistage, un médecin de l’ONG les félicite. Le Dr Ahovi Jérôme affirme qu’il est important que tout le monde fasse le test. Il ajoute qu’il est indispensable de se protéger lorsqu’on a des rapports sexuels avec des partenaires multiples.

Radegonde Aïhou est la directrice du CPADES. Son organisation a étudié les risques de transmission du VIH dans le village d’Ayou. En 2005, le taux de prévalence s’élevait à 13,5 % dans ce village. Par contre, les statistiques officielles indiquaient que le taux de prévalence du VIH au Bénin était de 1,7 %. En 2016, le taux de prévalence national était tombé à 1,0 %.

Malgré les risques associés au taux de prévalence élevé, la décision de faire un test de dépistage allait à l’encontre des normes socioculturelles de la communauté. Au début, Mme Aballo hésitait à parler du VIH et du sida avec son mari. Mais, elle brisa finalement le tabou. Au départ, son mari ne voulut rien savoir. Cependant, ils décidèrent finalement d’un commun accord de faire le test.

Mme Aballo déclare : « La responsabilité nous incombe de sauver nos propres vies et celles des gens que nous aimons du VIH et du sida. »

Avant, monsieur Essou ne croyait pas en l’existence du VIH et du sida. Toutefois, le décès de son ami des suites d’une maladie liée au sida et les sensibilisations de l’ONG lui firent changer d’avis.

Monsieur Essou ne doute plus que le VIH et le sida font des ravages dans son village. Il s’inquiète du fardeau que représente le VIH pour les ménages déjà en situation précaire. Il note : « Les bras valides meurent et le rendement agricole chute. »

Bien que des couples comme monsieur Essou et madame Aballo brisent les tabous, les mythes liés au VIH et au sida perdurent à Ayou. Plusieurs villageois sont convaincus que le VIH est causé par l’infidélité des femmes ou que c’est une malédiction.

La peur de la stigmatisation conduit beaucoup à fuir le dépistage. Cela inquiète Mme Aballo. Elle prévient : « Si rien n’est fait pour encourager le dépistage volontaire, Ayou connaitra une prévalence du [VIH] très importante. »

La présente nouvelle a été initialement publiée en décembre 2012.