Afrique du Sud: Les semences traditionnelles aident le district de Sekhukhune à combattre la faim (par Fidelis Zvomuya, pour Agro Radio Hebdo en Afrique du Sud)

| février 28, 2011

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Lindiwe Zono est membre de la Phadima Agricultural Association, dans le district Sekhukhune de la province de Limpopo, au nord-ouest de l’Afrique du Sud. Les membres de l’association ont mis en place une banque de semences pour préserver et accroître leur offre en plantes alimentaires traditionnelles.

Sekhukhune est un district pauvre, à la frontière de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe au nord, et du Botswana au nord-ouest. Ce district dépend de l’agriculture. Les effets du changement climatique se sont fait sentir ces dernières années. Les agriculteurs ont dû faire face à des sécheresses, à des inondations, à la dégradation des sols ainsi qu’à l’envasement des sources d’eau.

Mme Zono dit que la conservation des semences était autrefois un droit presque sacré parmi les Pedi, le plus grand groupe ethnique de la province. La banque de semences s’appuie sur cette tradition. Elle vise la promotion et l’utilisation des cultures traditionnelles comme le sorgho, le mil, le niébé, le maïs et la citrouille. La banque a ouvert en 2000 et dessert sept villages.

Mme Zono explique: « En mettant en place une banque de semences, nous cherchons à mettre en commun les ressources afin que nous puissions accroître [notre] stock de variétés de semences traditionnelles qui respectent l’environnement, [et] qui ne nécessitent pas d’engrais ou de pesticides coûteux. »

Les membres de l’association pratiquent l’agriculture biologique. Ils cultivent des plantes qui résistent à la sécheresse. Les agriculteurs utilisent des charrues tirées par des bœufs, et des houes pour préparer leurs champs. Les membres de l’association s’échangent des semences afin d’introduire des variétés qu’ils souhaitent planter sur leurs fermes. Mme Zono ajoute: « Nous utilisons des systèmes de connaissances indigènes dans la production de ces cultures. Nous identifions les cultures et nous documentons nous-mêmes certaines des informations ainsi que leur croissance. »

Les agriculteurs de ce district plantent des semences hybrides. Mais ceux qui plantent des variétés locales de maïs traditionnelles en récoltent maintenant les fruits, tandis que ceux qui ont opté pour les hybrides comptent leurs pertes.

Clarice Madonsela est une autre membre de l’association. Elle dit que l’association encourage les agriculteurs à identifier les cultures saines dans le champ et à les marquer pour en extraire les semences. Les cultures marquées sont ensuite récoltées et stockées séparément des grains de semence destinés à l’alimentation. Elle dit: « Notre cuisine traditionnelle est le meilleur local de rangement pour les grains de semence, parce que nous utilisons du bois pour cuisiner. La fumée produite par le feu, ainsi que les températures légèrement plus élevées dans la cuisine, aident à sécher et à conserver les semences. »

Mme Madonsela dit que la sécurité alimentaire est maintenant établie. Elle estime que c’est le résultat d’un accès sûr à des semences, grâce à l’utilisation des méthodes traditionnelles de stockage et de plantation.

Mme Zono invite les institutions gouvernementales et de recherche à aider les agriculteurs par l’introduction de moyens novateurs pour préserver les semences. Elle explique: « Nous craignons que les effets du changement climatique, les inondations, la sécheresse et les incendies de cultures ne fasse disparaître certaines variétés de semences, ce qui laisserait les agriculteurs sans semences, si nous n’agissons pas rapidement. »