Afrique du Sud: Les éleveurs combattent la fièvre aphteuse (écrit par Fidelis Zvomuya pour Agro Radio Hebdo en Afrique du Sud)

| mars 28, 2011

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Lorsque M. Fana Mdlalose a trouvé un de ses bovins en train de baver, il savait que cela n’était pas bon signe. Il s’agit d’un symptôme de l’un des pires problèmes auxquels les éleveurs doivent faire face: la fièvre aphteuse.

Quand survient une épidémie de fièvre aphteuse, le bétail est souvent abattu pour prévenir la propagation de la maladie. M. Mdlalose s’inquiétait pour son veau noir de deux mois qui devait être mis à mort. M. Mdlalose se lamentait: « Cinq années de dur labeur, et voilà que c’est fini. Ça a été une mauvaise journée pour moi. »

Un technicien vétérinaire du gouvernement a rendu visite à M. Mdlalose sur sa parcelle de quatre hectares. Trente de ses bovins ont eu des résultats positifs au test pour la fièvre aphteuse. Pour M. Mdlalose, cette calamité n’était pas qu’un problème personnel: il affectait aussi l’ensemble de la communauté d’éleveurs de bovins du quartier d’Ingwavuma, dans la partie nord de la province du KwaZulu Natal, en Afrique du Sud.

Lydia Johnson est Ministre provinciale des affaires agricoles, de l’environnement et du développement rural du KwaZulu-Natal. Elle apaise les craintes des éleveurs, qui pensent que les bovins des zones rurales seront tués. Elle dit qu’il n’y a pas lieu de paniquer car il n’est actuellement pas question d’abattre le bétail.

Elle explique ce qui sera fait pour contenir la maladie: « Bien que la maladie elle-même soit mauvaise, elle ne s’est pas propagée très loin jusqu’à présent. C’est pourquoi nous avons mis en place des barrages routiers 24 heures 24, sur les routes d’accès stratégique à l’arrondissement, pour contenir la maladie dans la région où elle a été identifiée. » Cette nouvelle a été une source de soulagement pour M. Mdlalose.

La flambée d’Ingwavuma, à la frontière du Swaziland et du Mozambique, a été confirmée en février. Six cents animaux ont été testés. La moitié a eu des résultats positifs au test pour la fièvre aphteuse.

La fièvre aphteuse est rarement fatale. La plupart des animaux récupèrent après deux ou trois semaines de cloques douloureuses sur le sabot, sur la langue et à l’intérieur de la bouche. Chez les vaches laitières, la maladie réduit fortement la production de lait et peut mener à la stérilité, à des problèmes cardiaques et à une boiterie chronique.

En réponse à la décision du gouvernement de ne pas abattre les animaux, les éleveurs ont décidé d’empêcher eux-mêmes la propagation de la maladie.

M. Joseph Khanyile est président de la Jozini Farmers’ Association. Son organisation encourage les éleveurs à faire des pulvérisations quotidiennes et à désinfecter à la fois leurs fourrages secs et leurs fourrages liquides. Il invite les éleveurs à se conformer au programme de vaccination et aux restrictions de mouvements du bétail.

M. Khanyile dit que les éleveurs ont cessé de se rassembler en groupes et de visiter d’autres fermes. Ils ont peur de propager le virus par inadvertance. Le virus peut en effet être transmis par des personnes, des vêtements, du matériel ou même le vent.

Il dit: « Nous communiquons principalement par téléphone portable et par courrier électronique. Les quelques personnes auxquelles nous permettons l’accès sur nos terres, comme celles qui vont d’une ferme à l’autre pour recueillir la production journalière de lait, sont obligés de se désinfecter elles-mêmes et de désinfecter leur équipement après chaque arrêt. »

Les éleveurs accusent le gouvernement d’être responsable de l’épidémie. Ils croient que la cause de l’épidémie est la clôture brisée entre le Mozambique et l’Afrique du Sud. La faiblesse des contrôles des mouvements du bétail et du gibier est un facteur contributif.

Dumisani Mtshali est un vétérinaire travaillant pour l’État. Il a exhorté les éleveurs à coopérer pour contenir le virus en emmenant leur bétail aux réservoirs de trempage. Les vaccinations seront administrées par des techniciens sur le terrain. Il explique: « Tous les animaux vaccinés seront marqués sur le cou et tout animal qui ne sera pas marqué après la campagne de vaccinations devra faire l’objet d’un rapport et son propriétaire devra également être identifié. »

L’impact économique de la fièvre aphteuse frappe durement les éleveurs. Beaucoup disent qu’ils ne peuvent pas vendre leur viande parce que les gens des environs ont peur de la maladie.

À la fin du mois de février, le gouvernement a annoncé une interdiction de l’exportation de tous les animaux à onglons et de leurs produits. D’après les économistes, cela pourrait signifier des pertes pouvant aller jusqu’à deux milliards de rands (environ 300 millions de dollars américains).