Afrique du Sud : Des agricultrices et des agriculteurs réfugiés tirent profit de l’agriculture biologique en attendant qu’on leur accorde l’asile

| septembre 7, 2015

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Pious Wacho ne possède aucune terre en Afrique du Sud. C’est un immigrant venu se réfugier dans le pays. Mais il est fier de pouvoir cultiver et gagner de l’argent avec une terre qui ne lui appartient pas.

M. Wacho est un Zimbabwéen de 28 ans qui vit et cultive à East Rand, une localité de Johannesburg. Il fait partie d’un groupe de plus de 150 réfugié(e)s entreprenants ayant appris les techniques de jardinage lors d’un atelier animé par le Comité international de secours en juin 2014. Les réfugié(e)s cultivent pour avoir de l’argent en attendant que les autorités traitent leurs demandes d’asile.

M. Wacho déclare : « Nous implorons les grands agricultrices et agriculteurs commerciaux de nous prêter une [partie] de leurs terres inutilisées. Nous sommes chanceux [qu’ils] aient compassion de nous. »

Les villes sud-africaines regorgent de terrains abandonnés ou inutilisés, dont plusieurs sont devenus des marécages et des décharges publiques peu attrayants.

Crispen Ndoza est un réfugié originaire de la République démocratique du Congo. L’homme de 35 ans cultive des oignons rouges, des « herbes médicinales contre la grippe », telles que le gingembre, le romarin, l’ail, le thym, les feuilles de laurier et des herbes amères comme la chicorée frisée.

M. Ndoza déclare : « Les urbanistes nous négligent. Chaque personne reçoit juste un demi-hectare. »

Innocent Marimo est le responsable de la politique économique du Centre de secours aux réfugiés du Zimbabwe. Il explique : « Les agricultrices, les agriculteurs, les conseillères et les conseillers municipaux qui prêtent des terres aux réfugié(e)s doivent être félicités … [Cela] facilite l’intégration. »

Miriam Chanyuka a fui le Zimbabwe lorsque les violences ont commencé après les élections présidentielles de 2008. Elle figurait au nombre des milliers de personnes victimes de viol, de coups, de torture et d’enlèvements nocturnes par les milices de jeunes, les chefs de l’armée, les espions de la police et les agents de prison dévoués au président Mugabe.

Cependant, elle a trouvé la paix dans le champ qu’on lui a prêté en Afrique du Sud. Mme Chanyuka déclare : « Nous essayons de ne pas utiliser d’engrais lorsque nous cultivons. Nous avons entendu qu’en Afrique du Sud, [plusieurs] produits agricoles sont des OGM. Nos produits sont naturels et nous avons un marché de choix. »

En Afrique du Sud, de nombreux produits sont cultivés avec d’importantes quantités d’engrais chimiques et de pesticides. Les consommatrices et les consommateurs se plaignent de plus en plus de la quantité de produits génétiquement modifiés offerts sur le marché.

Mr. Nollen Jawa, 44, is a refugee from Zimbabwe who has been living in South Africa since 2011. He grows veggies in Randfontein, a town , 25 km outside Johannesburg in South Africa. Photo credit: Robson Mlambo

Mr. Nollen Jawa, 44, est un refugié du Zimbabwe qui vit en Afrique du Sud depuis 2011. Il cultive du chou à Randfontein, une ville à 25 km de Johannesbourg. Photo credit: Robson Mlambo

 

Les demandeurs d’asile achètent leurs semences de maïs, d’épinard, de laitue et de carotte au Zimbabwe où les cultures génétiquement modifiées sont interdites. Mme Chanyuka déclare : « Les cliniques de mieux-être, les prestataires de programmes d’alimentation, les commerçant(e)s et mêmes les chefs de la police [viennent] acheter nos oignons et notre gombo. »

Elle ajoute : « Nos client(e)s soutiennent que les fraises naturelles, par exemple, sont savoureuses et très parfumées, contrairement à celles des supermarchés. Ce mois-ci, j’ai vendu 200 courges musquées. » Mme Chanyuka a gagné 3 600 rands [267 $US] avec la courge et un autre montant de 6 000 rands [445 $US] grâce à sa récolte de carottes.

Elle nourrit de grandes ambitions. Elle élève 25 lapins dans son jardin et envisage d’acheter une vache laitière. Mme Chanyuka déclare : « En décembre, je [vendrai] les lapins [pour leur viande] et je [commencerai] à ravitailler une école voisine en crème. Mes deux enfants vont maintenant à l’école … alors [c’est] bon. »

Emory Xulu est le coordonnateur de la relance agricole auprès du Comité international de secours, en Afrique du Sud. Il affirme que ce type d’initiatives permet aux réfugié(e)s de trouver leurs marques. M. Xulu déclare : « L’Afrique du Sud a plus de 10 000 dossiers de réfugié(e)s en suspens et dont l’issue est incertaine. Le taux de pauvreté chez eux est ahurissant. Le maraîchage améliore leurs régimes alimentaires et leur santé. »

M. Wacho désherbe un carré de citrouilles envahies par les mauvaises herbes en attendant de se voir accorder l’asile. Il déclare : « En attendant, je me fais un revenu avec ce petit jardin. »