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Afrique de l’Ouest : Répercussions du COVID-19 sur les agriculteurs et les transformateurs (ICRISAT)

C’est la saison agricole dans la majorité des pays ouest-africains et les agriculteurs(rices) ressentent les effets du COVID-19 de façon nouvelle et inattendue. Plusieurs ont des difficultés d’accès aux intrants et aux marchés. D’autres ont besoin de plus d’informations et de plus de contacts. Ils/elles sentent tous l’urgence de s’adapter à mesure que les problèmes liés au COVID-19 commencent à se faire ressentir au niveau de l’alimentation, la nutrition et des moyens de subsistance.

Selon Yalaly Traoré, membre du Syndicat local des producteurs de céréales à Dioila, au Mali, certain(e)s agriculteurs(rices) ont toujours des doutes quant à l’existence du COVID-19. Mais ses impacts sont visibles.

Il déclare : « Les agriculteurs n’ont pas les mêmes perceptions concernant la pandémie. Pendant que certains pensent qu’elle existe, d’autres croient que c’est une politique du gouvernement pour avoir de l’argent. Cependant, ils conviennent tous d’une chose : cette pandémie nous touche tous, car toutes les activités, y compris la planification, les réunions, les formations, ont ralenti. »

Pour beaucoup, ce ralentissement a provoqué une hausse des prix des intrants agricoles tels que les engrais et les herbicides, et, dans certains cas, des pénuries de produits.

Nasser Aichatou Salifou est la directrice générale de la Ferme semencière Ainoma au Niger. Elle reconnait le besoin des agriculteurs(rices) d’avoir des informations sur le COVID-19.

Elle déclare : « Depuis le début, nous avons lancé des campagnes de sensibilisation sur les mesures de prévention, car nous avons observé que nos producteurs n’étaient pas suffisamment informés sur la pandémie. Actuellement, tout ce qu’ils veulent savoir, c’est s’ils peuvent aller au champ quand les pluies commenceront. »

Quand les gens ont les bonnes informations sur le COVID-19, il y a moins de chance qu’ils croient aux fausses nouvelles, à la désinformation ou aux préjugés concernant cette maladie.

Outre les informations, madame Nasser Aichatou Salifou sait que les producteurs(rices) doivent participer à des réunions et des formations. Elle les encourage à collaborer et à adapter ces événements en vue de respecter les mesures de prévention et de distanciation sociales.

Dans les marchés, la distanciation sociale pose un problème. El Hadj Abdul Razak est le directeur général de Heritage Seeds Company au Ghana. À ses dires, les mesures de distanciation sociale font qu’il est difficile de se rendre au marché pour acheter des semences.

Il ajoute que la distanciation sociale a entraîné une réduction du nombre de personnes qui peuvent travailler dans les champs et, si cela continue, il devra probablement diminuer sa production.

Roger Kaboré est membre d’une association paysanne au Burkina Faso. Selon lui, les agriculteurs(rices) ont moins peur du COVID-19 maintenant, car ils/elles sont bien informé(e)s grâce aux émissions radiophoniques et télévisées. Cependant, la fermeture des marchés et des frontières fait qu’il est difficile pour certain(e)s de gagner un revenu et d’acheter des intrants pour leurs cultures. Il s’inquiète pour l’impact que cela aura sur la production.

Monsieur Kaboré déclare : « Notre association s’investit beaucoup dans la production et l’utilisation d’intrants locaux [comme] le compost, les semences et les produits phytosanitaires. Cette pandémie est une véritable menace, mais elle offre des opportunités à saisir … En effet, elle contribue au développement d’un solide réseau économique local et de filets sociaux au profit des producteurs. »

Hajia Salamatu Garba est la directrice générale du Women Farmers Advancement Network au Nigeria. Elle affirme que la majorité des agriculteurs(rices) d’exploitations familiales avec lesquels elle travaille dans ce pays risque de perdre ce qu’ils/elles ont investi pendant la saison sèche à cause des mesures de confinement liées au COVID-19.

À ses dires, l’absence de services de vulgarisation agricole auxquels les agriculteurs(rices) avaient accès prive beaucoup des démonstrations sur les champs. Pour que ces services soient disponibles pendant cette crise du COVID-19, madame Hajia Salamatu Garba encourage l’utilisation de la technologie.

Elle déclare : « La vulgarisation en ligne est devenue très importante comme moyen novateur pour travailler avec les agent(e)s de vulgarisation agricole et les paysans. L’agriculture a besoin d’être guidée par les technologies de l’information et de la communication. »

Fanta Diamoutene est la présidente d’un groupement d’agricultrices à Farakala, au Mali. Elle est d’avis que la technologie est un outil puissant, mais soutient qu’elle doit être rendue plus accessible par l’offre d’équipement et de formation.

Elle ajoute : « La plupart des agriculteurs comme moi n’ont pas les téléphones intelligents et autres plateformes virtuelles que les gens de la ville utilisent pour se connecter, et nous n’avons pas les connaissances pour organiser les réunions virtuelles. Par conséquent, nous sommes très inquiets quant au fait que nous pourrions rater les activités de la saison. »

La présente nouvelle est adaptée d’un article publié par l’ICRISAT, intitulé « What African farmers and processors say about the COVID-19 pandemic and lockdowns. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://reliefweb.int/report/world/what-african-farmers-and-processors-say-about-covid-19-pandemic-and-lockdowns [1].