3. Zimbabwe: Le regain d’intérêt pour des aliments traditionnels crée des opportunités pour les entrepreneurs et les agriculteurs (IPS)

| juillet 26, 2010

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Mavis Svinurai a trouvé des paquets de légumes secs sur les rayons des supermarchés de Bulawayo, au Zimbabwe. « Je me suis rappelée que c’était quelque chose que nos parents nous préparaient et j’ai décidé que si je pouvais en trouver dans les rayons de supermarchés, alors je pouvais tout aussi bien en cultiver dans mon arrière-cour », dit-elle. Elle vend désormais des légumes secs dans les cantons densément peuplés de Bulawayo.

Les légumes sont connus localement sous le nom d’umfushwa. Les consommateurs urbains rejetaient auparavant l’umfushwa, pensant que c’était pour les populations rurales peu sophistiquées. Maintenant, les consommateurs urbains considèrent les légumes secs comme des aliments nutritifs à prix abordable. Cela rend même certaines personnes nostalgiques. Ce regain d’intérêt a créé une opportunité de marché pour les femmes entrepreneures.

Thelma Dube, qui vend des légumes depuis des années, transformait l’umfushwa seulement pour sa consommation personnelle. Maintenant, elle trouve que la vente des légumes secs est plus rentable. Ils ont une plus longue durée de conservation que les légumes frais. Mme Dube vend des feuilles séchées de courge, de haricot et de gombo. Ce sont des aliments indigènes ayant une valeur nutritive élevée.

Mais, quand elle se fait en grandes quantités, la production de légumes séchés au soleil est une tâche qui prend beaucoup de temps. « Il s’agit d’un long processus car je dois couper les légumes, les faire bouillir, puis les laisser au soleil pour qu’ils sèchent », a déclaré Mme Dube. « Certains clients se sont plaints que les légumes secs sont durs. Mais c’est normal puisque nous les faisons sécher à l’air libre. »

Les collectivités locales utilisent cette méthode depuis des générations, mais Mme Dube et Mme Svinurai sont soucieuses de trouver un système plus hygiénique afin de pouvoir accroître leur production.

Les séchoirs solaires sont disponibles sur le marché zimbabwéen depuis de nombreuses années. Mais, les petits producteurs se plaignent qu’ils n’ont pas le savoir-faire technique et l’aide financière dont ils ont besoin pour vendre des aliments plus hygiéniques à plus grande échelle.

Naomi Mthupha est une femme d’affaires de Bulawayo. Elle a une histoire différente à raconter. Elle transforme des légumes traditionnels et produit aussi des fruits secs et des raisins secs. Elle vend ses produits dans les supermarchés et les boulangeries locales.

Mme Mthupha sèche ses produits en utilisant des séchoirs électriques ou des fours qu’elle a achetés il y a dix ans. Une grande partie de ses produits sont cultivés sur une ferme qu’elle a reçue par le biais du programme gouvernemental de redistribution des terres. « Ce genre d’activité a ses avantages car vous êtes certain que vous n’avez pas de pertes importantes au cours de la phase post-récolte, étant donné que le séchage permet de conférer une durée de conservation plus longue à des produits qui autrement seraient périssables », a déclaré Mme Mthupha.

La prise de conscience de l’importance d’une alimentation saine a contribué à la demande croissante de l’umfushwa. Selon le chapitre zimbabwéen de l’Association for Health Education and Developement (AHEAD), les professionnels de la santé recommandent de plus en plus la consommation de légumes secs pour les personnes vivant avec le VIH et le SIDA.

Mme Dube estime que le regain d’intérêt pour les légumes secs a aussi eu un autre effet. Les femmes urbaines et rurales ont augmenté leur production de légumes tels que les feuilles de courge, de haricot et de gombo. Les agriculteurs, les consommateurs et les entrepreneurs devraient tous bénéficier de la redécouverte d’aliments traditionnels.