3. RDC : Les agricultrices victimes de viols sont incapables de retourner vers leurs terres à cause des bandes armées (Agro Radio Hebdo, Women’s eNews, Radiookapi.net)

| mars 2, 2009

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Adèle Safi est la Secrétaire exécutive du Conseil des Organisations des Femmes Agissant en Synergie dans le Sud Kivu, dans la province de Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC). Agro Radio Hebdo a rencontré Mme Safi lors du dernier Forum Social Mondial qui s’est tenu dans le nord du Brésil, en janvier 2009. Mme Safi raconte que dans la région du Sud Kivu, dans l’est de la RDC, les femmes sont couramment victimes de violences sexuelles infligées par des bandes armées étrangères. Plus particulièrement, les viols sont perpétrés par les bandes armées étrangères lorsque les femmes vont au champ pour récolter les fruits de leur labeur tels que haricots, maniocs, patates douces et bananes. Dans cette zone densément boisée, les viols se produisent encore malgré les accords de paix entre le gouvernement congolais et les divers groupes armés opérant dans le Nord et le Sud-Kivu.

Pour empêcher les femmes de jouir du fruit de leur travail, les bandes armées pillent les récoltes dans leurs champs. Par exemple, lorsqu’une femme rurale va au champ, elle peut planter et entretenir ses cultures mais quand vient le temps des récoltes, elle trouve qu’il y a une croix sur son champ. Ce signe de croix est placé par les bandes armées pour lui interdire d’entrer et de faire la récolte dans son champ.

Olivier Kamitatu est le Ministre du Plan, en RDC. Il dit que le développement de l’agriculture est aujourd’hui un objectif essentiel et qu’il faut remettre les populations aux travaux des champs, leur trouver des semences, du matériel de base et des moyens de reprendre une vie normale.

Mais, selon Mme. Safi, cette vie normale ne sera pas possible pour les femmes du Sud-Kivu, tant et aussi longtemps que les bandes armées ne seront pas évacuées des terres agricoles. Le Conseil des Organisations des Femmes Agissant en Synergie tente d’aider les femmes à redémarrer, en leur apportant des appuis psychologiques et de l’aide pour se relancer en agriculture, avec des semences ou le don d’une petite chèvre. Néanmoins, si les bandes armées se trouvent encore sur le terrain, Mme Safi insiste qu’il est trop dangereux pour une femme de retourner à son champ car elle court le risque de se faire violer à nouveau.

Mme Safi dit que cette présence permanente des bandes armées insécurise les femmes tant physiquement et moralement qu’économiquement. Souvent, les femmes sont obligées de quitter leur terre rurale pour aller se réfugier en ville où elles n’ont ni maison ni travail. Elles passent donc leurs journées sur les routes à quémander. Pourtant, ce sont ces mêmes femmes qui approvisionnaient autrefois la ville en produits de première nécessité, ce qui veut dire que la ville est directement affectée par le conflit car il n’y a plus de denrées qui viennent du village.

Mais Mme Safi lance un appel à la solidarité. Elle dit que la communauté internationale ne doit pas accepter que ces femmes continuent encore à subir de telles atrocités.