3. Cameroun : Les agriculteurs disent qu’ils ont besoin de support financier pour augmenter leurs productions (Écrit par Lilianne Nyatcha, pour Agro Radio Hebdo, à Douala, au Cameroun)

| mai 5, 2008

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La région du Moungo, située à une vingtaine de km de Douala, la capitale économique du Cameroun, constitue l’un des plus importants greniers agricoles du pays. Certaines parties de la région de Moungo sont réputées pour leur sol fertile. C’est dans cette région que s’est établie une jeune cultivatrice du nom de Lydie Florence Tohotcheu, il y a de cela 15 ans. Sur sa parcelle chèrement acquise d’une fraction d’une acre, elle cultive maïs, manioc et macabo. Mme. Tohotcheu explique qu’en 2006, faute de moyens elle a acheté l’engrais en détail pour sa culture. C’était très insuffisant et sa récolte en a pâti. Cette année, elle a pu acquérir un sac d’engrais à 18 000 francs CFA (environ 42 dollars américains ou 27 euros).

Mme. Tohotcheu souhaite élargir sa parcelle et augmenter sa production. Mais cela signifie plus de mains d’œuvre, d’engrais et donc d’argent, ce dont elle ne dispose pas. Surtout que les revenus tirés actuellement de sa plantation sont absorbés par les fertilisants. Elle espère un jour trouver des subventions pour renforcer son activité agricole et gagner mieux sa vie.

Une hausse globale des prix du pétrole a augmenté le coût des intrants agricoles dans la plupart des régions du monde. L’augmentation du coût des engrais chimiques a été particulièrement forte, en raison de l’augmentation de la production et des frais de transport. Alors que certains ont appelé les agriculteurs à augmenter la production en utilisant plus d’engrais, les agriculteurs de la région Moungo disent que les coûts élevés les forcent à utiliser moins d’engrais.

Un souci de survie qu’affiche moins Marie Gisèle Sintcheu. Cultivatrice et couturière, elle aussi exploite une petite parcelle de terrain dans la région fertile de Moungo. Pour augmenter sa production de maïs et de manioc à consommation uniquement familiale, elle a acheté cette année neuf kilogrammes d’engrais à 2500 francs CFA (environ 6 dollars américains ou 4 euros). Elle dit que pour éviter une débauche d’énergie comme la plupart des paysans de la localité, elle préfère partager son temps entre son atelier de couture et sa plantation, afin de joindre les deux bouts.

Mme. Sintcheu soutient cependant que l’agriculture peut rapporter gros, à condition d’avoir les moyens d’investir et d’entretenir l’exploitation. Elle dit que c’est un investissement qu’elle est prête à faire si elle reçoit une subvention en engrais ou un microcrédit afin de payer la main d’œuvre qui coûte chère.

C’est le double emploi qui permet également à Hilaire Siewe de sauver ses 10 hectares de bananes plantains lancés dans la Région de Moungo, où il est basé. Chaque année sa plantation a besoin de 100 sacs de 50 kilogrammes d’engrais pour garantir une bonne production. Faute d’argent, il dit qu’il n’a pu acheter que 25 à 30 sacs cette année. M. Siewe révèle qu’en 2006, il achetait chez son fournisseur, le sac d’engrais le plus communément utilisé au Cameroun à 11 000 francs CFA (environ 26 dollars américains ou 17 euros). Aujourd’hui, le même sac coûte 18 500 francs CFA (environ 44 dollar américains ou 28 euros). Une hausse de prix qui l’oblige à se tourner vers des engrais de qualité inférieur. Il dit qu’il faut également des fongicides pour prévenir et pour traiter les plantes malades, des soins que l’insuffisance de moyens ne lui permet pas d’assurer à sa jeune bananeraie. Moins d’intrants signifie que ses plantes sont plus petites, sont plus malades et produisent de plus petites récoltes.

Sans soutien, M. Siewe dit qu’il a pensé plusieurs fois vendre sa plantation et se reconvertir. En raison de la pauvreté grandissante, les consommateurs rechignent à débourser le prix qu’il faut pour acheter ses produits dont les coûts de production ne cessent de grimper. D’autant plus qu’il peine à payer même l’unique salarié qu’il emploie. Pour sa plantation, M. Siewe utilise essentiellement les tâcherons pour défricher, verser les engrais ou récolter les plantains dont l’évacuation est par ailleurs très difficile. Car la zone est enclavée, M. Siewe n’a pas de véhicule adapté pour évacuer ses produits. C’est pour cela qu’il souhaite recevoir des subventions pour maximiser sa production et rentabiliser son affaire.