3. Afrique – la redécouverte des cultures traditionnelles aide les agriculteurs à faire face aux changements climatiques (Agro Radio Hebdo)

| novembre 9, 2009

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Les cultures traditionnelles comme le mil, le niébé et le sorgho peuvent aider les agriculteurs à maintenir leur sécurité alimentaire dans le contexte des changements climatiques, ont confié des experts à Agro Radio Hebdo.

Joshua Mukusya est un agriculteur du district de Machakos, au Kenya. Mamby Fofana est un agent de la gestion des ressources naturelles à Bamako, au Mali. Le Dr. Rachel Bezner Kerr est une chercheuse canadienne qui a passé 10 ans à travailler avec les agriculteurs dans le district de Mzimba, au Malawi. Tous trois se trouvaient à Ottawa, au Canada pour discuter de la manière dont les agriculteurs africains font face aux changements climatiques.

Ils ont décrit comment les agriculteurs dans leurs régions respectives se tournent vers les cultures traditionnelles, vu que les saisons de pluies deviennent de plus en plus imprévisibles.

Les cultures comme celles du maïs ont été promues depuis l’époque coloniale, mais elles nécessitent des précipitations régulières. Les cultures traditionnelles sont généralement plus résistantes et prennent moins de temps à se développer, ce qui fait d’elles une source plus fiable de nourriture et de revenus.
Joshua Mukusya dit que le mil engendre des récoltes plus sures. Auparavant, il faisait la culture du maïs sur la majeure partie de ses sept hectares de champs. Maintenant, il cultive une variété de denrées, notamment le mil, le manioc et des légumes comme les tomates, les carottes et le chou.

M. Mukusya dit que le mil est plus rentable que le maïs, car il est résistant à la sécheresse et n’attire pas les charançons – un parasite du maïs. Il a également donné l’exemple du niébé, un type de haricot issu de la culture traditionnelle et susceptible d’assurer une certaine sécurité alimentaire car il pousse très rapidement. Après seulement deux semaines de pluie, on peut manger les feuilles du niébé et après un mois, les pois eux-mêmes peuvent être récoltés. En revanche, le maïs peut prendre plus de huit semaines pour pousser.

Des milliers d’agriculteurs dans trois districts du Kenya feront désormais partie d’un mouvement que M. Mukusya a lancé pour le partage des semences ainsi que des connaissances sur les cultures traditionnelles. Il dit qu’il se sent plus en sécurité maintenant qu’il sait que sa famille aura toujours assez de nourriture.

Mamby Fofana vient d’une région du Sahel où les agriculteurs doivent depuis longtemps faire face à un climat difficile, sujet à la sécheresse. Il affirme que les cultures traditionnelles résistantes sont de plus en plus importantes maintenant que la saison des pluies est de plus en plus difficile à prévoir.

Les semences traditionnelles sont devenues résistantes à la sécheresse car elles se sont adaptées aux sols régionaux et aux conditions climatiques locales, explique M. Fofana. Il travaille avec une ONG qui encourage les agriculteurs à mettre de l’avant leurs meilleures variétés de semences traditionnelles afin de les multiplier et de les distribuer par l’intermédiaire des banques de semences que la communauté possède et exploite.

Le Dr Rachel Bezner Kerr dit qu’un intérêt dans la redécouverte et le partage des semences traditionnelles s’est également manifesté dans le nord du Malawi. Elle a travaillé dans le district de Mzimba, avec des agriculteurs qui font pousser du maïs sur leurs petits lopins de terre.

Des milliers d’agriculteurs de ce district ont commencé à faire pousser des légumineuses comme les pois cajan et l’arachide parmi leur cultures de maïs. Il existe également un mouvement au sein des communautés d’agriculteurs pour retourner à d’autres cultures traditionnelles telles le mil et le sorgho. Le Dr Bezner Kerr dit que les agriculteurs veulent redécouvrir les cultures de l’époque de leurs grands-mères.

Beaucoup de cultures traditionnelles dont parlent ces experts apportent d’autres avantages: elles peuvent renforcer et fertiliser les sols, fournir une couverture aux autres cultures.