2. Ouganda : Le Mulago Positive Women’s Network découvre le potentiel de la culture des champignons (écrit par Joshua Kyalimpa, pour Agro Radio Hebdo, à Kampala, en Ouganda)

| mars 2, 2009

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Dans sa maison située sur la route Gayaza, à environ dix kilomètres de Kampala, le Mulago Positive Women’s Network est un rassemblement de femmes séropositives. Affiliées à l’Organisation pour la lutte contre le SIDA, un groupe qui soutient les femmes atteintes de cette maladie, ces femmes tentent d’éradiquer la pauvreté.

Les 70 femmes du Mulago Positive Women’s Network ont eu l’idée de cultiver des champignons afin de générer des revenus, lors d’une réunion à Mulago. Agnès Nyamayalwo, la présidente du réseau, était malade mais avait besoin d’argent pour assurer la survie de sa famille.

Une des membres du réseau, qui avait participé à un atelier sur la culture des champignons organisé par la Uganda Mushroom Growers Association, a expliqué aux autres femmes les avantages de la production de champignons comparativement aux autres cultures.

Un des avantages qu’elle a cités est que la culture des champignons nécessite peu d’espace. Un autre en est que la culture des champignons ne nécessite pas beaucoup de travail manuel, ce qui est important pour les femmes séropositives, qui, en raison de leur maladie, manquent souvent de force.

Le seul vrai investissement est le temps. Les ressources nécessaires pour obtenir des matières organiques comme la sciure et des cosses de café ont été fournies gratuitement par des ateliers de menuiserie et des industries de presse à café.

Ces matériaux sont trempés dans de l’eau bouillante et emballés dans des sacs de polyéthylène qui sont percés de trous, pour libérer l’humidité. Les graines de champignons sont ensuite plantées dans les sacs.

Agnès Nyamayalwo dit que l’ambition de son groupe est de remplir le marché de champignons. En effet, la demande est forte pour les champignons car il y a très peu de producteurs.

Un kilo de pleurottes, le type de champignon cultivé par le Mulago Positive Women’s Network, coûte environ 6500 shillings ougandais (environ 3 dollars américans ou 2,6 euros) sur les marchés locaux.

«Notre production est encore limitée mais notre objectif est d’au moins doubler l’offre, si nous parvenons à obtenir un soutien suffisant pour mettre en place plus de champignonnières», dit Mme Nyamayalwo.

Leurs champignonnières faites de boue et d’acacia permettront peut être au groupe de cibler le marché international. En effet, bien que la demande en champignons ougandais soit forte sur le marché international, l’offre est encore faible.

Selon les statistiques du Uganda Export Promotion Board, la demande mondiale en champignons frais ou réfrigérés était évaluée à 1,1 milliard de dollars américains en 2006, et a connu une croissance en valeur de 9% par an depuis 2002.

Les champignons de l’Ouganda sont classés 83e au niveau mondial. En 2006, les exportations étaient évaluées à 1800000 shillings ougandais ( soit l’équivalent de 900 dollars américains ou 725 euros).

Diana Mukarugire, la vice-présidente du réseau, a expliqué à Agro Radio Hebdo que les femmes ont décidé de se lancer dans la production de champignons après avoir fait le constat qu’elles ne disposaient pas de suffisamment de terres pour se lancer dans d’autres activités agricoles.

Pour leur dernière récolte de pleurottes (1538 kilogrammes), les femmes ont gagné 10 millions de shillings ougandais (environ 5100 dollars américains ou 4000 euros).

Les membres ont cotisé pour acheter des semences, des sacs de polyéthylène et des matériaux pour la construction des champignonnières. Au prix actuel de 6500 shillings ougandais par kilogramme de pleurottes, les femmes espèrent faire des gains d’au moins un million de shillings ougandais par mois (environ 500 dollars américains ou 400 euros).

Les champignonnières ont été érigées sur un terrain fourni par l’une des membres, dont le mari est décédé du sida. Sa maison est aussi utilisée comme centre de formation pour d’autres femmes séropositives qui viennent de se lancer dans la culture de champignons.

Le marché des champignons est en grande partie dominé par des gens qui aiment manger des produits « santé » et qui exigent des produits biologiques. Le Mulago Positive Women’s Network tente également d’encourager ses membres à consommer des fruits et des légumes afin de fournir une alimentation équilibrée à leurs familles.
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