2. Mali: un groupe d’agricultrices aide à briser des barrières sociales (LEISA – Low External Input and Sustainable Agriculture)

| novembre 10, 2008

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Jadis, il était rare d’entendre une femme parler au cours d’une réunion dans le village de Zamblara, dans le sud-ouest du Mali. Dans cette partie du Mali, les femmes étaient rarement considérées comme égales aux hommes. Les femmes ne participaient pas non plus à de nombreuses activités du village. Mais, grâce à l’expérience qu’elles ont acquise lors d’une formation donnée par un groupe d’agriculteurs, les femmes sont maintenant respectées et elles jouent un rôle plus important au sein du village.

Le cheminement de ces femmes a commencé il y a plus de 15 ans. Au cours de la saison des pluies de 1991, comme chaque année, les hommes du village avaient la responsabilité de cultiver le maïs, le sorgho et l’arachide sur les hauts terrains, comme le veut la tradition. Les femmes avaient le rôle coutumier de cultiver le riz sur les terres basses. Mais cette année là, 27 femmes ont eu le courage de former un groupe d’agricultrices dans le but d’accroître leurs rendements et leurs revenus. Elles ont nommé leur groupe « Kotognogontala », ce qui signifie « le respect mutuel. »

Au fil des années, elles ont échangé leurs connaissances sur les bonnes pratiques agricoles. En 2002, le groupe a décidé de prendre contact avec l’ADRAO (le Centre du Riz pour l’Afrique) et de s’informer sur leurs activités de formation. Grâce à l’ADRAO, le groupe se réunit une fois par semaine, du moment où les femmes préparent le terrain pour la culture jusqu’à la fin de la saison de la récolte. Elles essayent diverses approches en matière de fertilisation des sols et de lutte contre les ravageurs. Par la suite, elles déterminent quelles sont les meilleures approches pour cultiver leurs terres. Par exemple, les femmes ont trouvé qu’un mélange de compost, de petites quantités d’urée et de phosphate naturel est un fertilisant plus efficace que les engrais chimiques ou le compost seul. Elles ont aussi fait des essais dans le cadre de la lutte contre les ravageurs, et en ont conclu que la poudre de neem et un mélange de détergent à lessive et de kérosène sont efficaces pour lutter contre les insectes foreurs des tiges du maïs.

Kotognogontala a maintenant plus de 100 membres. Le groupe a atteint son objectif d’accroître la production de riz. En fait, un bon nombre de leurs voisins se sont intéressés à leurs techniques agricoles. Les femmes ont adapté les informations sous forme de chansons et de poèmes qu’elles interprètent dans le village.

Le succès du groupe lui a valu le respect dans le village. En fait, le chef du village est maintenant le président d’honneur de Kotognogontala. Les femmes ont également le sentiment que le groupe a contribué à améliorer les relations entre les hommes et les femmes.

Le groupe offre aussi aux femmes un endroit pour parler de leurs problèmes avec les hommes et pour se donner mutuellement des conseils. Le groupe a également contribué à éliminer le système traditionnel de castes, selon lequel certaines familles sont classées comme « nobles » et d’autres comme « descendant des esclaves. » Une des membres du groupe a fait remarquer que les femmes de toutes les castes sont égales dans le groupe.

Au fil du temps, le groupe a su tailler une nouvelle place pour les femmes dans le village. Les femmes participent maintenant aux activités du village telles que le développement d’infrastructures et la création d’un moulin. Lorsque vient le temps de prendre une décision dans le village, la voix des femmes est maintenant écoutée.
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