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2. Madagascar: Les greniers communautaires garantissent la sécurité alimentaire

Rasoazanamialy, une paysanne de Kankoala, accompagnée de son mari, se prépare à emmener 400 kg de manioc et 10 tonnes de paddy dans le grenier communautaire le plus proche. Toute contente, elle ne peut pas s’empêcher de manifester sa joie: « Depuis qu’il y a des greniers communautaires, on ne craint plus les périodes de soudures. Au contraire, c’est dans ces périodes-là qu’on gagne le plus en revendant les récoltes ».

Effectivement, au commencement de la période rizicole, le riz se fait rare et les acheteurs sont prêts à payer plus aux producteurs. Une aubaine pour ces derniers qui, jadis, se faisaient arnaquer par les acheteurs. La joie est partagée par les paysans migrants venus s’installer à Ankazobe et à Kankoala.

C’est le cas de Ndriana, un riziculteur d’Antsirabe, qui est venu s’installer avec toute sa famille à Ankazobe. Ce dernier a aussi choisi de stocker des produits agricoles dans un grenier communautaire. Un geste qu’il est loin de regretter: « En stockant ce que j’ai produit dans un grenier communautaire, je suis plus sûr de pouvoir continuer à nourrir ma famille même lorsque le riz se fera rare sur le marché. »

Les greniers communautaires s’avèrent ainsi très importants pour les paysans d’Ankazobe et de Kankoala, deux régions situées à l’ouest d’Antananarivo, la capitale malgache. En effet, les deux régions mentionnées plus haut, bien que très productives, ont toujours connu des périodes de pénurie de riz. L’idée est alors venue aux paysans de construire des greniers pour stocker les produits agricoles et mieux anticiper la soudure. « En anticipation de la période de soudure, les greniers communautaires permettent à la population de gérer leurs produits agricoles » confirme Christian Rabemaniony, gérant d’un grenier communautaire à Kankoala.

Autrefois, les régions de Kankoala et d’Ankazobe souffraient continuellement d’une mauvaise gestion de la production rizicole, au point qu’ils devaient en acheter dans les régions avoisinantes. Aujourd’hui, les paysans sont sortis tirés d’affaire, grâce aux greniers communautaires.

Au départ, le gouvernement, en collaboration avec le centre Caritas Madagascar, a installé un grenier communautaire dans chacune des deux régions. Cette initiative a été prise lors des séances de formations que ces derniers ont dispensées aux agriculteurs migrants pour faciliter leur intégration dans leurs régions d’accueil. Plus tard, les agriculteurs migrants, de concert avec les locaux, ont décidé de mettre en place d’autres greniers. « En nous alliant les uns aux autres, nous avons pu construire 15 greniers communautaires avec des murs en bois massif et des dallages en pierre surmontés de planches », avoue Florent Raolomandimby, chef de quartier à Ankazobe.

Actuellement, onze associations de protection et d’entretien de ces infrastructures sont présentes à Ankazobe, pour la pérennisation. « La construction de ces greniers communautaires a été très difficile et on ne tolère aucun laisser-aller dans leur protection », souligne Ivon, Président de l’association « Joro ».

Tous ceux qui déposent leur récolte dans les greniers contribuent également aux frais d’entretien, à raison de 1000 Ariary (Ar) par mois (0.3 euro), pendant la durée du stockage. C’est une condition que les paysans trouvent plus que raisonnable, au point que certains paient plus.

C’est le cas d’ Honoré Rasolomanana, un paysan de Kankoala: « Quand je produis beaucoup dans l’année, je paie 2000 Ar (0.6 euro) au lieu de 1000 Ar car j’ai vraiment besoin de ces greniers communautaires ». Cela fait maintenant quatre ans que les paysans de Kankoala et d’Ankazobe ne connaissent plus de grosses pénuries de riz.