2. Afrique: Les femmes se battent pour l’égalité en matière de droits fonciers (Inter Press Service, International Herald Tribune, Afrique Renouveau)

| janvier 5, 2009

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Jacinta Wanjiku Kamau est mère de huit enfants. Un jour, son mari a décidé de vendre le terrain familial sans le consentement de sa parenté. La loi ne l’obligeait pas de consulter sa femme avant la vente. Les membres de la famille vivaient uniquement de cette terre sur laquelle ils demeuraient et produisaient leur nourriture, mais ils furent forcer de la quitter. Au Kenya, la pression s’accentue pour inclure dans la nouvelle constitution une politique agraire nationale qui garantisse un accès équitable de l’homme et de la femme à la terre.
Actuellement, cet avant-projet de loi n’attend que l’approbation du gouvernement.

Evelyn Opondo fait partie de la Fédération des femmes juristes – Section du Kenya (FIDA-Kenya). Elle dit que la politique agraire nationale doit être incorporée dans la nouvelle constitution car sous l’ancienne constitution, les droits agraires et immobiliers des femmes étaient souvent violés, notamment suite à un divorce ou une séparation.

Mais il ne s’agit pas seulement d’avoir une politique agraire en place. Il faut aussi éduquer les femmes. Marcela Villarreal est directrice de la division Genre, équité et emploi en milieu rural de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Elle dit, par exemple, qu’au Malawi, la FAO travaille avec des législateurs et des chefs de village pour éduquer les femmes quant à leur droit de posséder des terres. Pour les aider à faire cela, la FAO a donné des radios à plusieurs femmes pour qu’elles puissent écouter des émissions de radios rurales dans leurs langues locales.

La FAO a aussi appris aux femmes à écrire des testaments car souvent, si leur mari meurt, elles n’ont pour option que de se remarier avec l’un des hommes de leur belle-famille afin de pouvoir continuer à cultiver leur terre et nourrir leurs enfants. De plus, si une femme est séropositive, elle peut carrément être chassée de sa terre. C’est ce qui est arrivé à Lucia Namuganga, en Ouganda.

Il y a de cela quelques années, le mari de Lucia Namuganga est mort des suites d’une infection au VIH. Environ un mois avant sa mort, la belle-famille de Mme Namuganga a expulsé cette dernière de sa terre, l’accusant d’avoir infecté leur fils avec le virus. Confuse et frustrée, elle a décidé de retourner sur la terre de ses parents avec ses cinq enfants, pensant qu’elle pourrait cultiver une partie de leur terre. Mais cela n’a pas été le cas.

Le propre grand frère de Mme Namuganga, qui avait hérité la terre de leurs parents, a refusé de la laisser cultiver une partie de la terre. Il lui a carrément dit de retourner chez sa belle-famille. Lorsque Mme Namuganga a insisté, disant qu’elle avait le droit d’utiliser la terre de son père, son frère aurait tenté de la poignarder. Suite à cela, un groupe de femmes de la région de Kalanga, en Ouganda, lui a conseillé d’amener son frère en cour pour défendre son droit à la terre.
Au Kenya, des organisations communautaires et d’autres groupes qui fournissent des soins à domicile aux personnes vivant avec le VIH/sida peuvent intervenir. Lorsque des terres sont saisies, ils négocient, le plus souvent avec les hommes de la famille, pour que les femmes et les filles puissent continuer d’avoir accès aux terres et à d’autres biens.
Au Rwanda, le gouvernement a adopté, en 1999, une loi qui donne aux femmes les mêmes droits d’héritage qu’aux hommes, contrairement à la tradition rwandaise selon laquelle seuls les enfants de sexe masculin pouvaient hériter de biens. À cause de cette loi, les veuves et orphelines du génocide de 1994 ont ainsi pu obtenir des terres.

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