2. Afrique : La Via Campesina dit que la solution à la « crise alimentaire » est la souveraineté alimentaire (Agro Radio Hebdo)

| octobre 27, 2008

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Alfonsine Mguba est cultivatrice dans l’ouest de la République Démocratique du Congo. Sur sa terre sablonneuse à Kinkole, elle a de la misère à cultiver ses arachides. Au moment de la récolte, elle n’obtient que de toutes petites graines. Heureusement, ce n’est pas la seule culture qu’Alfonsine fait pousser. Elle cultive aussi le gombo, l’aubergine et la tomate.

Mme Mguba est membre de la Confédération Paysanne du Congo, aussi connu comme étant la Copaco. Selon Mme Mguba, les agricultrices et agriculteurs congolais ne sont pas affectés par la soit-disant « crise alimentaire » car ils produisent suffisamment de nourriture. Elle était l’une des quelques 600 personnes issues d’organisations paysannes et d’autres organismes réunis la semaine dernière au Mozambique pour la conférence internationale de La Via Campesina.

La Via Campesina est un mouvement international de paysan avec des membres dans 56 pays. La flambée des prix des denrées alimentaires communément connue comme étant « la crise alimentaire » était l’un des sujets de discussions lors de la conférence. Des représentants de La Via Campesina ainsi que des participants à la conférence ont discuté avec Agro Radio Hebdo. Ils ont tous mis l’emphase sur l’importance de la souveraineté alimentaire et la production agricole locale et durable.

Ibrahim Coulibaly est agriculteur et éleveur. Il est aussi un représentant de la Via Campesina au Mali. M. Coulibaly dit que dans le contexte de la flambée des prix des denrées alimentaires, la diversification des cultures est une stratégie essentielle pour les agriculteurs africains. Mais, il précise aussi que les gouvernements doivent faire leurs parts pour supporter l’agriculture locale.

Cosma Vufu est une des agricultrices qui a participé à cette conférence. Mme Vufu vit à Lindi, en Tanzanie. Sur ses cinq acres de terre, elle cultive principalement des noix d’acajou ainsi que des arachides et du maïs. Elle possède aussi des poules et deux vaches desquelles elle peut vendre les œufs et le lait, respectivement. Cosma est aussi membre du conseil d’administration de Mviwata, un réseau national d’organisations paysannes tanzaniennes. Mviwata œuvre à aider les agriculteurs à défendre leurs droits et à exiger que le gouvernement investisse plus d’argent dans l’agriculture.

Un meilleur investissement en agriculture est un combat qu’Ibrahim Coulibaly connaît très bien. Il dit que la lutte pour la souveraineté alimentaire est la vraie solution à la « supposée » crise alimentaire. Selon M. Coulibaly, la vraie crise est celle d’un système d’alimentation des villes qui dépend des marchés mondiaux et que cette vérité-là, aucun gouvernement africain n’a eu le courage de la dire. Il dit que les gouvernements ont préféré subventionner les importations alimentaires, pensant que cela allait éviter les émeutes. M. Coulibaly précise que les états qui veulent avoir une stabilité politique ont intérêt à mettre en place une politique agricole qui permette à la production locale de se développer.

Mme Mguba, quant à elle, parle de l’importance des coopératives d’agriculteurs. Elle précise qu’en République Démocratique du Congo, ce qui fait défaut aux agriculteurs, c’est le manque de routes praticables et de moyens de transport abordables pour acheminer leurs produits des régions rurales vers la ville.

Pour aider les agriculteurs, la Copaco a décidé d’organiser les paysans en coopérative afin qu’ils puissent déléguer un ou deux membres qui se déplaceraient vers Kinshasa avec les produits à vendre au lieu que chaque agriculteur se déplace individuellement. Elle dit que ce sont des initiatives concrètes comme celle-ci qui font gagner temps et argent aux membres de la Copaco.
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