2. Afrique australe: Les femmes noires se lancent dans l’agriculture commerciale (par Frauke Röschlau, pour Agro Radio Hebdo, à Windhoek, en Namibie)

| mars 3, 2008

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Beaucoup de gens dans la communauté agricole de Nina, dans l’est de la Namibie, furent choqués lorsque Clara Bohitile a acheté quelques terrains inutilisés pour faire de l’agriculture. Plusieurs personnes sceptiques pensaient qu’une femme ne pouvait que rendre les champs encore pire qu’ils ne l’étaient. Mais, Mme Bohitile était prête à relever le défi.

Élevée dans une famille d’éleveurs des bovins et des caprins, Mme Bohitile a suivi des cours offerts par un syndicat agricole local. Avec cette formation, et le soutien expert de ses voisins, elle a maintenant une exploitation de bétails de cinq mille hectares. En 2006, son succès a été reconnu quand elle a reçu le prix de l’agricultrice émergente de l’année ou « Emerging Farmer of the Year » en anglais.

Grâce au processus de réforme agraire et une nouvelle législation pour promouvoir l’égalité entre les sexes dans de nombreuses régions d’Afrique australe, de plus en plus de femmes comme Mme Bohitile sont en mesure de s’approprier des terres et de commencer avec succès leur propre ferme. Un exemple de ses réformes est une nouvelle loi en Namibie qui accorde aux femmes mariées le droit à la propriété sans le consentement et la signature de leur mari.

Plusieurs agriculteurs noirs, tant des hommes que des femmes, ont également profité de la réforme agraire de l’après-apartheid en vue de ramener la répartition plus équitable des terres. Mme Bohitile a acheté ses terres grâce à un prêt préférentiel pour les groupes défavorisés. Mais, Mme Bohitile se compte chanceuse du succès qu’elle a amassé avec le peu de soutien qu’elle a reçu de la part du gouvernement.

Olga Nghatsane, la gagnante du prix de l’agricultrice de l’année en Afrique du Sud ou « South Africa’s Female Farmer of the Year award » en anglais, est d’accord. Elle dit qu’elle n’a pas ressenti de discrimination en tant que femme noire lorsqu’elle s’est aventurée dans l’agriculture commerciale, mais elle a l’impression que le gouvernement ne fait pas assez pour soutenir les entrepreneuses comme elle.

Mme Nghatsane n’a reçu aucun appui du gouvernement ni de formation lorsqu’elle a investi, il y a maintenant 5 ans, dans l’aviculture, et la culture de champignons et de fraises. Elle s’est jointe à une association agricole locale, mais personne dans sa région ne faisait d’élevage commercial de poules. Finalement, elle s’est informée auprès des agents de vulgarisation qui l’on mise en contact avec des agriculteurs expérimentés.

Maintenant que son rêve agricole est devenu un succès tangible, Mme Nghatsane a reçu de nombreuses subventions. Elle espère agrandir ses opérations dans le but d’approvisionner les magasins à grandes surfaces.

Même si ni Mme Bohitile ni Mme Nghatsane croient que leur gouvernement fait assez d’effort pour soutenir les agricultrices noires, elles ont réinvesti dans les communautés agricoles qui les appuient. Mme Nghatsane partage ses expériences avec d’autres agriculteurs au sein de son association. Et, pour sa part, Mme Bohitile est heureuse de voir que trois autres femmes ont relevé le défi de l’achat de terres dans sa région.